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Interactions dans un groupe d’apprenants

14 mars 2016 par jackdub Veille 3889 visites 0 commentaire

Un article repris de https://prodageo.wordpress.com/2016...

Plusieurs stratégies peuvent animer un groupe d’apprenants et caractériser les interactions qui se vivent entre les différents participants. 4 organisations différentes sont présentées et caractérisées ici : collaboration, confrontation, compagnonnage et compétition. Après avoir étudié l’intérêt de chacune, on verra la pertinence de les associer.

1 – La collaboration

La collaboration est pertinente dans le cadre d’une pédagogie par projets ou par problème, à condition que la tâche ne soit pas réalisable seul. Dans ce contexte, il ne suffit pas de dire aux apprenants « vous allez collaborer, débrouillez-vous ! », il faut les accompagner dans l’organisation du travail : l’alternance de temps seuls et en groupe, l’organisation et l’animation de réunion de travail, le repérage d’étapes ou de tâches pour définir un calendrier et répartir les responsabilités, … Une collaboration effective où l’on ne peut plus discerner le travail des différents participants permet aussi de faire prendre conscience de l’aspect collectif de la paternité de la production finale.

De telles situations d’apprentissage permettent de travailler spécifiquement des compétences directement utilisables en contexte professionnel (communication, collaboration, écoute, …).

L’outil du web qui correspond le mieux à cette organisation est historiquement le wiki, mais des outils plus récents de collaborations comme ceux proposés par framasoft (framapad, framindmap, etc…)

2 – la confrontation

J’entends par confrontation, les phases d’échanges, de lecture croisée, qui peuvent traiter aussi bien du contenu ‘métier’ que des compétences sociales ou des méthodes de travail mises en œuvre au cours d’une activité antérieure. Typiquement, ces confrontations sont utilisées dans les activités de correction par les pairs, largement répandues par les MOOC. Elles nécessitent d’être préparées en amont par une analyse réflexive individuelle et accompagnées par des grilles de lectures partagées voire négociées avant l’activité afin de préciser le plus explicitement possible les objectifs et les attentes. Cette confrontation n’est efficace que si chacun est prêt à entendre le retour ‘miroir’ et s’approprier les remarques émises.

Un outil pertinent pour cette organisation est le blog avec ses commentaires qui permettent aux pairs d’apporter leur éclairage sur chaque billet.

3 – Le compagnonnage

Le compagnonnage est une organisation pertinente pour développer des compétences métiers. C’est un mode d’organisation où chacun avançant dans son travail s’appuie sur ses pairs pour découvrir, développer, comprendre des nouveaux savoirs ou savoir-faire. On est dans un modèle de ‘triche organisée’ où les pairs sont des ressources, au même titre que l’enseignant ou un livre. On apprend en questionnant et en regardant faire. Ce modèle est courant en entreprise où l’on cherche l’efficacité mais souvent interdit dans un contexte scolaire où l’on évalue majoritairement la production personnelle. Un exemple intéressant de cette pratique se retrouve dans le pair programming où l’on organise des binômes de développeurs informatiques et l’on intervertit la personne qui est face au clavier toutes les heures. Cette stratégie permet d’avoir en permanence une personne qui relit, vérifie, prend du recul par rapport au développement en cours, observe la personne qui code et apporte ses conseils. Il paraît que cela assure un code de meilleure qualité et permet à chacun des membres du binôme de monter rapidement en compétences.

Le forum est l’outil emblématique du compagnonnage, mais on ne peut pas ignorer youtube avec ses collections de tutoriels vidéo.

4 – la compétition

La compétition n’a que peu de plus-value pédagogique intrinsèque mais est un fort ressort de motivation, tant qu’elle ne génère pas une pression trop forte sur les apprenants (certains concours peuvent s’avérer destructeurs, mais l’objectif est alors bien plus la sélection des meilleurs que la motivation des apprenants.)

5 – Synthèse

intéractions dans un groupe d'apprenants : collaboration, confrontation, compagnonnage, compétition

Le schéma ci-dessus permet de faire une synthèse graphique de ces différents modes d’organisation qui ne sont pas incompatibles, bien au contraire ! On peut en effet envisager de mêler collaboration et compétition en organisant un concours par équipe. C’est, semble-t-il, une organisation pédagogique des plus stimulantes pour les élèves/étudiants (cf. interivew de F.Taddei).

De même, on peut tout à fait envisager des temps d’analyse réflexive et de confrontation tout au long d’une activité collaborative pour faire le point sur l’organisation au sein de l’équipe, les compétences développées par les uns et les autres, les choix stratégiques réalisés mais aussi les connaissances acquises sur le domaine étudié. Enfin, il serait dommage de ne pas s’appuyer sur les compétences des différents participants et de faciliter leur partage et diffusion.

Il me paraît essentiel de prendre conscience que si dans un contexte professionnel, l’objectif principal est la production et l’apprentissage n’est qu’un bienfait collatéral, dans un contexte de formation, l’objectif principal est l’apprentissage de chacun et la production est un moteur de motivation et de sens. Pour aller plus loin encore, on peut rappeler ce que disait P. Meirieu dans outils pour apprendre en groupe : « Quand un groupe scolaire est tendu vers l’extérieur par la priorité accordée au projet, il se fige sur lui-même, alors que, au contraire, quand il se tourne sur lui-même et se considère sous l’angle des progrès qu’il peut faire accomplir aux personnes qui le composent, il a un fonctionnement réellement projectif. »

Bonne année à chacun(e) !


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