voir aussi la vidéo de présentation publier sur la caîne Youtube de l’IMT.
Bonjour Nathalie et Aurélien, est-ce vous pouvez vous présenter ?
Nathalie Caradec : Je suis enseignante en Expression-communication et Français Langue Etrangère.
Aurélien Moreau : Je suis enseignant-ingénieur en informatique et chargé de mission à la direction des études. J’enseigne le génie logiciel et la conception de service.
Est-ce que vous pouvez présenter comment la question des transitions est prise en compte dans les enseignements à l’ENSSAT ?
C’est un sujet sur lequel on a travaillé pour aller au-delà de la sensibilisation et qui a été intégré sur l’ensemble des maquettes de formation, de tous les diplômes d’ingénieur et pour toutes les années de formation.
La première année, on travaille sur un socle commun à l’ensemble des spécialités, sur un premier volet de sensibilisation au développement durable. Cela dépasse le cadre de la seule transition écologique, pour prendre en compte également la dimension sociétale, un cadre bien plus large dans lequel toutes nos actions peuvent s’insérer.
En deuxième année, on traite de sujets plus poussés vers l’éco conception et la prise en compte des spécificités de chacune des spécialités : informatique, photonique, et systèmes numériques. Nous décrivons les enjeux de l’éco-conception, du numérique responsable, de la soutenabilité et les enjeux écologiques en lien avec les spécialités propres à chaque diplôme, afin de pouvoir préparer nos élèves ingénieurs aux problématiques auxquelles ils seront confrontés dans leur future vie professionnelle.
En troisième année, les étudiants ont la possibilité d’aller plus loin, notamment en travaillant sur des enjeux plutôt orientés entrepreneuriaux, dans la création d’entreprise ou la création de nouveaux produits, afin de pouvoir tester leurs propres idées, leurs propres innovations pour les confronter à la réalité du terrain via des projets transverses.
De votre côté, Nathalie, Aurélien, comment avez-vous transformé vos enseignements pour prendre en compte ces questions ?
Nathalie : Le point de départ est venu, chronologiquement, dans mon enseignement de communication à l’ENSSAT où, quelques vacataires et moi, avons tous les étudiants de première année, par petits groupes. Comme je retrouve les étudiants en deuxième puis troisième année, j’ai une vision globale des besoins et j’ai ainsi établi une progression sur les trois années. Avec les étudiants de première année, je travaille sur l’animation de réunion, en partant de mises en situation à partir desquelles je reviens sur la méthodologie, afin qu’ils apprennent à mener une réunion. Ce travail est prolongé par une mise en pratique autour du travail collaboratif, pendant deux demi-journées, à l’occasion de notre dispositif « Eco Engagement ENSSAT ».
J’ai eu envie de faire travailler les étudiants tous ensemble, quelle que soit leur spécialité et j’ai cherché un thème qui pouvait les fédérer. Très vite, la transition écologique m’est apparue comme un bon thème, ouvert, cohérent et en phase avec notre cursus ingénieur.
En 2020, avec Aurélien nous avons suivi une formation autour des soft-skills, et dans son prolongement, nous avons eu envie de monter un projet pédagogique de plus grande envergure, ensemble.
Venant pour ma part des sciences humaines et Aurélien de l’informatique, c’est une façon de montrer à nos étudiants que le travail en équipe et la transversalité, permettent des projets pédagogiques innovants.
On faisait déjà partie, l’un et l’autre, d’un groupe de réflexion autour de ces questions, au sein de l’ENSSAT, ce qui en faisait un point de convergence et nous a motivé à travailler ensemble autour des ODD et de la transition écologique.
Et comment cet enseignement est perçu par les étudiants ?
Nathalie : Ces enseignements sont développés dans un format inhabituel puisqu’on fait travailler ensemble tous les étudiants d’une promotion. Par exemple, l’année dernière, nos 125 étudiants (sous statut étudiant et sous statut apprenti) ont été amenés à travailler par petites équipes pendant deux matinées, donc deux fois 4 h pour aller jusqu’à la présentation d’un projet ou d’un début de projet.
Ils aiment bien ces modalités de travail, apprécient de découvrir des outils d’idéation et d’expérimenter la cohésion d’équipe. On décline plusieurs objectifs intermédiaires qui facilitent l’appropriation des outils et des méthodes.
Il y a aussi un aspect motivationnel lorsqu’on les amène à devoir imaginer quelque chose qui pourrait leur servir, à eux aussi, dans le cadre du module. C’est-à-dire que la conception de projets a vocation à être mise en œuvre à leur échelle, à leur niveau individuel. C’est un sujet qui nous tient à cœur et sur lequel nous souhaitons être moteurs. De leur côté aussi, ils se rendent compte que le résultat de cette démarche peut impacter directement la société et qu’ils peuvent être acteurs de solutions plus justes. Dans cette mise en situation nous les poussons à rechercher des solutions, allant ainsi au-delà du constat de la fatalité des crises. C’est motivant pour eux et c’est tout le challenge.
Et tout à l’heure, Aurélien, tu nous parlais de l’évolution de la prise en compte de la transition dans la formation. Est-ce que tu vois aussi une évolution dans les attentes des étudiants sur ces sujets ?
Aurélien : En trois ans on n’a pas encore beaucoup de recul. Dans les projets de deuxième année, les outils découverts en animation de réunions, travail collaboratif, processus d’idéation, ou les méthodologies, sont réutilisés dans leurs réunions, dans ce qu’ils font aux niveaux associatif, événementiel ou technologique.
Ils ont intégré un certain nombre de données concernant la transition écologique avec des points qui leur apparaissent maintenant comme incontournables et à intégrer. Ce point a beaucoup évolué en dix ou quinze ans. C’est aussi un discours porté par un environnement social, sociétal et des intervenants extérieurs qui contribuent à les sensibiliser encore plus. Mais il n’y a pas de baguette magique non plus, et le volume d’heures qui est consacré, 8 h, n’est pas énorme en première année.
Comment est perçue par les autres enseignants cette prise en compte de la transition ?
Aurélien : Un collègue répertorie les actions sur la transition écologique et sociétale au sein des différents syllabus, pour avoir un chiffrage global sur l’intégration de ces enseignements dans l’école. C’est encore un travail un petit peu manuel sur les 250 modules de cours de l’école actuellement et on n’a pas trouvé un moyen d’automatiser cette recherche et cette compilation des données.
Des présentations pour partager les différentes initiatives pédagogiques en lien avec la transition sont régulièrement réalisées. Ainsi, Nathalie et moi, par exemple, avons fait une présentation de notre dispositif E3 à nos collègues. Ces retours et partages au sein de la communauté enseignante offrent l’opportunité à des enseignants de s’impliquer.
Nathalie : Globalement, il y a beaucoup de collègues qui, lorsqu’ils revoient leurs programmes ou leurs objectifs, intègrent des éléments de la transition écologique, en tout cas en sciences humaines, c’est le cas. Je pense que chacun apporte sa pierre à l’édifice.
Aurélien : Parfois, c’est même de façon inconsciente, dans le sens où la société a évolué. Dans le monde de l’informatique, la consommation énergétique est devenue un enjeu important. Ce n’est pas mon sujet majeur d’enseignement, mais c’est quelque chose que je suis obligé de prendre en compte. Et ce n’est pas juste parce que j’ai un attachement à la transition écologique, c’est parce que c’est devenu intuitif. C’est quelque chose qui est tout naturellement intégré, tout comme la question des ressources qui ne sont pas infinies.
Description du dispositif (repris de l’interview sur le site de l’ENSSAT)
à suivre
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