Concevoir le storytelling d’une formation avec l’IA

Concevoir une formation avec l’IA
Aline Bossard et Aurore Merlet, formatrices et juristes à l’Institut de la construction et de l’immobiliser (ICH Ouest), se sont aidé de l’IA pour concevoir une formation innovante à destination de géomètres. Leur pari ? Explorer le droit de l’immobilier, du patrimoine et de la famille à travers un voyage original retraçant toutes les étapes de la vie, de la naissance au décès. « Nous voulions rendre accessible des questions complexes, comme la protection des mineurs, l’administration des biens, ou encore les successions, et le faire de manière dynamique et engageante », confie Aurore. Leur astuce ? Un personnage fil rouge imaginé avec l’IA, pour incarner ces problématiques de manière concrète et vivante. Une conception à quatre mains donc, quatre mains augmentées par l’IA !

Prises au jeu, les formatrices se sont-elles mêmes glissées dans la peau d’avatars…

La création d’un fil rouge narratif
Pour donner vie à cette formation, Aline et Aurore ont eu l’idée d’imaginer un personnage fictif dont l’histoire sert de fil conducteur. L’IA a été mise à contribution dès le début : ChatGPT a généré les étapes de la vie du personnage, et même son prénom, Lisette, tandis que Leonardo a créé ses représentations visuelles. « On a même demandé à l’IA de faire son faire-part de naissance », s’amuse Aline.

Lisette est décrite comme une jeune femme rousse aux yeux verts, un choix délibéré pour assurer la cohérence visuelle de son évolution. « C’était important de maintenir des caractéristiques physiques fixes, la couleur de ses cheveux et de ses yeux, pour que l’IA ne modifie pas trop son apparence lorsque nous la faisions grandir ou vieillir », précise Aline.

Une histoire au service des contenus juridiques
Le scénario suit Lisette à travers des événements marquants de sa vie : son enfance, le décès de ses parents, son émancipation, son mariage, son divorce, ses enfants, et finalement sa succession ! « On a conçu son histoire de vie en fonction des besoins que nous avions en termes d’apports juridiques », précise Aurore.

Chaque étape permet d’introduire des notions juridiques clés, comme :

• La perte d’un parent pendant l’enfance pour expliquer la protection des mineurs et le rôle du juge des tutelles par exemple,
• L’émancipation de Lisette pour aborder la gestion des biens des mineurs,
• Le divorce et le remariage pour explorer les conséquences patrimoniales,
• La succession pour détailler les donations, l’usufruit et la vente en viager…

Les formatrices ont hésité entre une histoire réaliste ou absurde : « Nous avons réalisé qu’il y avait beaucoup de morts dans notre histoire ! Et cela aurait pu renvoyer à des histoires personnelles douloureuses ! Alors nous avons demandé à l’IA de nous inventer des motifs de décès délirants ou absurdes pour que les apprenants ne se projettent pas. Par exemple le père de Lisette est mort à la suite de la chute d’un cactus sur sa tête, Lisette mourra elle-même lors d’un saut en parachute !  », explique Aurore.

Intérêts et limites du storytelling avec l’IA
Le recours à l’IA a donc permis de créer rapidement un scénario riche et adapté aux besoins pédagogiques. La dimension visuelle apportée par l’IA a renforcé l’immersion des apprenants. Tout au long de la formation, les apprenants suivent l’évolution de Lisette à travers des quizz, des cas pratiques et des supports visuels créés avec l’IA. Ce format immersif a suscité beaucoup d’engouement. « Les stagiaires étaient tellement pris par l’histoire qu’ils voulaient toujours connaître la suite. Cela a permis de donner du rythme et de maintenir leur attention sur deux jours de formation », se réjouit Aline.

Point de vigilance, l’enthousiasme généré par l’histoire a parfois nécessité une certaine régulation : « Ils s’amusaient tellement qu’ils pouvaient devenir dissipés, il y avait peut-être davantage de brouhaha que d’habitude, mais ça a créé une ambiance très positive », s’exclame Aurore.

Pour finir, l’expérience est jugée très positive. « On s’est beaucoup amusé à construire cette formation, et les apprenants ont adoré. Ça montre que même des sujets sérieux peuvent être abordés de manière ludique et créative », conclut Aline. Dans toutes les situations, l’histoire doit être au service du contenu : « à la fin du cours, Lisette va perdre la tête… Mais c’est uniquement pour pouvoir expliquer les principes de tutelle et de curatelle…  » !

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