Un articlerepris du site de Marius Bourgeoys
À REMETTRE / À PUBLIER
Je vous donne 2 choix : 1. Vous devez remettre un travail à votre enseignant pour être évalué ou 2. Vous le publiez dans le format de votre choix dans le but de contribuer au monde qui vous entoure. Lequel suscite le plus votre engagement ? Lequel vous autonomise le plus ? Il y a certainement de la place pour les deux en éducation. Mais je crois que la majorité des travaux d’élèves sont remis pour fins d’évaluation. Il n’y a rien de mal avec le fait de remettre un travail à son enseignant. Mais le monde d’aujourd’hui nous invite à être des producteurs de contenu pour contribuer au monde. Ça s’insère où dans notre planification annuelle ça ? Imaginez ce qui se produirait si tous les élèves étaient accompagnés dans une démarche qui les amène à publier. Des histoires, leurs rêves, des témoignages, de l’art, des tutoriels, des tranches de vie, leurs créations, leur vision du monde, leur blogue, leur chaîne YouTube, leur portfolio, leur voix, leur site Web, leurs médias sociaux. Les années Passe-Partout sont derrière nous les amis.
Nos élèves existent dans la vraie vie en premier, pas dans notre cours. @bourmu
LE CONTENU / LES PERSONNES
Si nous croyons vraiment qu’il est important de développer des humains en perpétuel devenir (des apprenants à vie), alors qui nous sommes est donc plus important que ce que nous savons. Nous enseignons qui nous sommes et notre programme n’est qu’un prétexte pour le faire. Pensez-y. Les Mathématiques, ça existe dans la vraie vie en premier, pas dans un programme. Nos élèves existent dans la vraie vie en premier, pas dans notre cours. Nos élèves sont plus importants que notre contenu. Et si nous arrivions à leur faire une place ? De temps à autre, partir d’eux plutôt que du programme. Plutôt que se demander à quelle page on est rendus, se demander ce que deviennent nos élèves. On peut croire qu’il y a une ligne d’arrivée parce que notre cours dure 110 heures, mais un humain n’a jamais fini de devenir.
On n’allume pas un feu avec un thermomètre. On n’allume pas la flamme de l’apprentissage avec une série d’évaluations sommatives. @bourmu
LA PERFORMANCE ACTUELLE / LE PROGRÈS ET LE POTENTIEL
Dans le modèle actuel, les échéances systémiques nous invitent à porter un jugement sur la performance actuelle des élèves. On documente donc des notes. Rien de mal avec ça. Mais il n’y a pas que ça. Qu’en est-il des progrès et du potentiel des élèves ? Quand on parle de mentalité de croissance et de « Pas encore ou Not yet », est-ce prévu dans notre démarche pédagogique ? En autres mots, est-ce que les élèves ont le temps de ne pas apprendre à temps dans la démarche pédagogique conçue pour eux ? Les élèves ont-ils le temps de progresser avant que ça compte ? À quoi pourrait ressembler une démarche pédagogique qui permet ça ? Ici, on documente des preuves d’apprentissage et de progrès. On n’allume pas un feu avec un thermomètre. On n’allume pas la flamme de l’apprentissage avec une série d’évaluations sommatives. Processus.
Je crois qu’il faut tomber en amour avec notre pourquoi (intention pédagogique), pas notre comment (itinéraire ou façon d’y arriver). @bourmu
LE CONTRÔLE / LA TOLÉRANCE À L’AMBIGUÏTÉ
La pédagogie d’aujourd’hui nous invite à un certain lâcher-prise. On ne peut pas s’attendre à placer les élèves au coeur de leur apprentissage et être en contrôle du rythme d’apprentissage de tous en même temps. On peut s’assurer de la qualité de l’effort et des travaux. On peut contrôler le processus, pas les personnes. Pas si on veut vraiment développer des apprenants à vie. Ça a l’air de quoi un élève qui apprend à choisir ce qui est vrai ou faux en ligne ? Quand les élèves sont au coeur de leur apprentissage, ils posent des questions qui sortent du cadre du module 1 et de la matière de notre cours. C’est normal. C’est authentique et en contexte. Et en contexte, les élèves ne réfléchissent pas en programmes et en modules. Il réfléchissent avec leurs connaissances actuelles, leurs expériences personnelles, leurs émotions du moment et beaucoup en fonction des interactions sociales du moment. Ça demande de la tolérance à l’ambiguïté. Je crois qu’il faut tomber en amour avec notre pourquoi (intention pédagogique), pas notre comment (itinéraire ou façon d’y arriver).
Un élève ne peut pas s’autoréguler si tout ce qu’on lui demande, c’est de suivre des directives et d’obéir. @bourmu
DONNER DES DIRECTIVES / APPRENDRE À RÉFLÉCHIR ET AUTONOMISER
Pour développer des humains en perpétuel devenir, il faut leur enseigner à se fixer des objectifs personnels, à passer à l’action et à déterminer eux-mêmes leurs prochaines étapes en fonction de leurs progrès. Le processus. Devenir. On ne devient pas compétent le 22 novembre. Le 22 novembre, on constate à quel point on est compétent. C’est tout. Et on continue le 23 novembre, et le 24… Un élève ne peut pas s’autoréguler si tout ce qu’on lui demande, c’est de suivre des directives et d’obéir. Pour apprendre en profondeur et devenir l’entrepreneur de sa vie, l’élève doit apprendre à réfléchir et être conscient de son pouvoir d’action dans sa propre vie. Ça, ça se vit au quotidien. Ce n’est pas quelque chose qu’on prend en note du tableau.
ÊTRE ATTENTIF ET ÉCOUTER / AVOIR UNE VOIX, AGENTIVITÉ
Être attentif et écouter des directives, ça a sa place en éducation. Bien sûr. Mais ce n’est pas la finalité. Ça s’insère dans un processus qui amène l’élève à trouver sa voix et à l’exprimer positivement pour contribuer au monde autour de lui. Pour que l’élève soit actif dans sa communauté, il doit pouvoir être actif et influencer ce qui se vit dans son école. On remarque un intérêt marqué pour l’entrepreneuriat dans les écoles, et pour cause. Les élèves sont les leaders d’aujourd’hui. Ils SE dirigent.
ÊTRE LIMITÉ PAR LES CONTRAINTES / ÊTRE INSPIRÉ PAR LES POSSIBILITÉS
Dans une de mes lectures, l’auteur dont j’oublie le nom mentionnait que la majorité des possibilités dans nos vies sont entourées de contraintes ou de défis à surmonter. Selon lui, relever un défi ou contourner une contrainte est le prix à payer pour avoir accès à chacune des possibilités qui s’offrent à nous. Les défis et les contraintes sont nombreux en éducation. Certains se disent incapables de faire autrement alors que d’autres innovent, inspirés par les possibilités que nous offre l’ère du numérique. J’aime bien cette citation de Seth Godin : « Les leaders transformationnels n’ignorent pas le monde dans lequel ils vivent. Ils décrivent plutôt l’avenir qu’ils tentent de créer. » On ne peut pas ignorer les contraintes et les défis en éducation. Ils sont réels. Les possibilités aussi. Tout dépend de notre focus.
LE MONDE AUTOUR DE NOUS / LE MONDE QUE NOUS PORTONS EN NOUS
La majorité de nos programmes nous invitent à comprendre le monde autour de nous. Rien de mal avec ça. Le monde autour de nous, il était là avant notre naissance et il sera encore là après notre décès. Mais il y a un autre monde, le monde qui existe seulement parce que nous sommes là. Il importe de prendre le temps d’apprendre à connaître le monde que nous portons en nous. Ce n’est pas mon domaine d’expertise mais je me dis qu’il y a sûrement un lien entre bien se connaître, le bien-être et le sentiment de bonheur. La connaissance de soi, c’est au coeur de l’apprentissage en profondeur, des êtres en perpétuel devenir, à mon avis. Et si nous explorions ce monde-là avec les élèves ?
LE MODÈLE PRESCRIT / LA CRÉATIVITÉ ET L’INTUITION
Nous avons donc le choix de suivre le programme, de suivre le manuel et de continuer à bien faire les choses à l’intérieur de la boîte. Rien de mal avec ça. Mais ce n’est pas là que la magie s’opère. Nous avons aussi le choix d’essayer d’être créatifs et de faire confiance à notre intuition, cette petite voix qui voudrait parfois nous voir emprunter une piste innovante. Innover, c’est aussi simple que d’arrêter de faire quelque chose qui n’a plus sa place, si on part de l’intention pédagogique et de la finalité. C’est un peu ça, le changement de paradigme. On commence par arrêter à faire des choses qui n’ont plus leur place, qui ne sont plus cohérentes avec nos finalités. Et ça fait de la place pour de nouvelles pratiques et de l’enthousiasme pédagogique.
L’ISOLEMENT / LE RÉSEAU
L’enseignement est une profession exigeante. Et c’est peu dire. Qui gagne à travailler seul ? Je vous invite cordialement à vous joindre à la grande communauté de passionnés sur Twitter. On a besoin de vous, de vos questions, de vos idées. Visitez le #leadped. Juste du bon monde 🙂 En 2019, l’isolement est un choix qu’on fait.
Et vous ? Quels changements de focus ajouteriez-vous à cette liste ?
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