Un article de Pierre-Julien Guay repris de Vitrine Technologie Education, un site sous licence CC by sa nc
La valeur et le minage du bitcoin font régulièrement les manchettes. L’utilisation de chaînes de blocs (blockchain) permet en effet de réaliser des inscriptions de transaction pratiquement inaltérables. La création d’une chaîne repose sur des calculs complexes répartis sur plusieurs machines. Chaque bloc comprend un tampon horaire et l’information nécessaire pour le lier au bloc précédent.
Une transaction se compose de trois éléments :
– l’identification de l’émetteur de la transaction ;
– le récipiendaire de la transaction ;
– l’énoncé de la transaction.
L’utilisation de chaînes de blocs dans le domaine de l’éducation est intéressante, car elle balaie toute possibilité de fraude ou de création de faux diplômes ou de fausse attestations. Cela s’applique aussi bien aux sanctions officielles d’étude (diplôme d’études collégiales, baccalauréat, maîtrise, doctorat, par exemple), aux badges numériques, aux certificats de compétence-compagnon ou à l’atteinte de compétences spécifiques d’un programme d’étude.
Chaîne de blocs
Les cadres juridiques sur la protection de la vie privée posent toutefois certaines difficultés. Puisque l’inscription de la transaction est inaltérable, on ne peut appliquer le droit à l’oubli. Lorsque les compétences nécessitent un réexamen périodique, il faut s’assurer d’inscrire une date de validité de la déclaration. Enfin, il faudrait prévoir un mécanisme d’annotation en cas d’erreur ou de fausse information dans une déclaration.
Jusqu’à présent, les acteurs en éducation restent peu informés du potentiel de l’utilisation des chaînes de blocs et c’est peut-être bien ainsi, car leur mise en place comporte de sérieuses limitations :
– la complexité des calculs à réaliser et la synchronisation des informations sur un nouveau bloc entraînent un délai minimal d’une dizaine de minutes ;
– la création d’un nouveau bloc requiert environ 100 kilowatts à un coût unitaire de 7¢, soit environ 7$ par transaction.
Ces limitations restreignent donc le nombre de transactions qui pourraient être nécessaires dans un portfolio de compétences et favorisent surtout l’émission de diplômes. C’est précisément ce que l’Institut d’Économie et de Management de Nantes (IAE) en France vient de faire en certifiant les diplômes de plus de 1000 étudiants au moyen de chaînes de blocs. Les diplômés de 2018 bénéficient d’un accès gratuit à ce service. Ils peuvent ainsi partager leur clé de certification sur leur compte LinkedIn ou dans leur CV. Cependant, le diplôme réel reste nécessaire dans les démarches administratives. Au Québec, la TELUQ s’est intéressée au déploiement de cette technologie lors de la visite de BCDiploma, qui a travaillé avec l’IAE, lors de leur venue au Québec pour une présentation dans le cadre du colloque CIRTA2018.
Tout type de certificat électronique exige l’identification précise du récipiendaire, chaque individu devant posséder un identifiant unique et permanent, même au-delà de son existence. Dès le moment où cet identifiant est partagé entre plusieurs services, il est possible de faire des recoupements d’information et d’atteindre à la vie privée. Il nous semble primordial de s’assurer auparavant de mécanismes sécuritaire d’identification. Les travaux récents du W3C sur l’ identification robuste et l’identité nous semblent plus prometteurs à cet égard.
Références
– Guay, Pierre-Julien, Canadian NB’s presentation on Blockchain applications in ITLET, JTC1/SC 36 Opening Plenary in Prague SC36N3313
– W3C Workshop on Strong Authentication & Identity, consulté le 24 avril 2019
- Québec Science, Le bitcoin, ce gouffre énergétique, 29-03-2018
– Huffpost, Le bitcoin, ce goinfre de la consommation énergétique, 19/12/2017
Vos commentaires
# Le 3 mai 2019 à 15:51, par Denys Lamontagne En réponse à : Le mirage des chaînes de blocs en éducation
J’aurais besoin de clarification
Un bloc est-il créé pour chaque transaction ou pour chaque diplôme ?
100 KW est une mesure de puissance et non de quantité. 100 kw/heure serait une quantité. Si ça prend 10 minutes, ce ne serait donc pas 7 $ mais 1/6 . En fait, combien d’énergie ça prend demeure une question encore débattue. Chaque transaction de bitcoin coûte t’elle 7 $ ? Ça réserverait son usage pour des transactions importantes uniquement...
Je ne suis pas sur de bien comprendre en quoi l’identifiant, associé à un nom, permet de faire plus de recoupements que le nom lui-même. Si on présente son diplôme, on sera reconnu et c’est le but non ?
Merci de vos eclaircissements.
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