Innovation Pédagogique et transition
Institut Mines-Telecom

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Synthèse des échanges du cercle apprenant "Coopération enseignant conseiller pédagogique"

Dans le cadre du dispositif Riposte Créative Pédagogique, un webinaire interrogeant la collaboration et/ou la coopération entre enseignant et conseiller pédagogique a été organisé le 6 avril 2021. A l’issue des échanges certains sujets ont émergé. Le groupe a proposé de poursuivre les échanges sous la forme d’un cercle apprenant. Celui-ci s’est réuni 4 fois. La première réunion a eu lieu le 4 mai 2021. Elle a été l’occasion de s’organiser et de définir les sujets à traiter lors des 3 réunions suivantes. Voici une synthèse des échanges.

Rencontre du 27mai - L’accompagnement des équipes pédagogiques

 Participant.e.s (12)
Animatrice : Chrystel Jeandot, Université Paris Dauphine - PSL

Résumé  :

Se concentrer sur la thématique de l’accompagnement d’équipe a permis de mettre en avant plusieurs points :

  la notion "d’équipe" est peu discutée avec les acteurs/actrices or elle apparait parfois floue pour les accompagnateurs/accompagnatrices mais aussi pour les enseignant.e.s : un premier temps a donc été consacré à la clarification de ce que chacun.e entend par équipe et à permis de rappeler la nécessaire prise en compte de cette multiplicité dans les accompagnements.

  Dans la continuité de ces échanges, un deuxième temps a permis d’évoquer les pratiques de chacun.e et les points de vigilance concernant la notion d’équipe jusqu’à faire émerger un process :

  • Amont : au-delà du projet quels sont les acteurs et les actrices impliquées - qu’est-ce que cette pluralité va impliquer ?
  • Quels sont les rôles de chacun.e ? Les adaptations éventuellement nécessaires ? Qui décidera ? Qui prendra les décisions lorsqu’il faudra trancher ?
  • Une équipe existe autour de ce qui fait sens pour elle, autour d’un objectif : fédérer une équipe implique les bonnes conditions (affinités/objectifs communs/projets motivants/valeurs partagés) = lancer la dynamique de groupe
  • Une fois les acteurs et actrices identifiées connaître leur motivation/leurs positionnements/leurs points de vue + ce que chacun.e pense les uns des autres, cela permettra peut-être de mieux amorcer la discussion sur les communs. Mieux connaître les acteurs et actrices va permettre de mieux envisager la résistance aux changements de certain.e.s.

Enfin, un dernier temps a permis de faire émerger les questions autour desquelles les participant.e.s aimeraient avancer et, en particulier, de voter pour celle qui fera l’objet de la prochaine rencontre : "Y’a-t-il des prérequis à un accompagnement réussi ?"


RENCONTRE 1 JUIN : Quelle autonomie des acteurs et actrices par rapport à l’institution ?

 Participant.e.s (8)

Animatrice : Violaine Charil - La Rochelle Université

Résumé  :

La question de l’autonomie des acteurs et actrices de l’enseignement supérieur par rapport à leur Institution s’est posée lors de cercles apprenants précédents, notamment en lien direct avec la situation pandémique qui pour certains a "mis en exergue le besoin d’autonomie dans la vie" ou plus généralement dans le cadre "d’accompagnement imposé" que ce soit aux accompagnateurs ou aux équipes pédagogiques avec pour illustration l’approche par compétences [APC]. En soi, il s’est agi, par cette rencontre, d’utiliser un "espace d’autonomie" que peut être le cercle apprenant, pour mieux étudier cette question.

Commençons peut-être par ce qui pourrait être un paradoxe. L’émergence de cette question pourrait laisser penser qu’un certain nombre des acteurs et actrices de l’enseignement supérieur s’interrogent sur l’autonomie qu’ils et elles peuvent avoir dans leur Institution. Or, à la question, pouvez-vous qualifier votre autonomie dans votre établissement, les réponses sont unanimes : "assez grande dans l’ensemble", "assez importante...", "totale", "grande", "plutôt grande à ce jour... va durer ?" Cette dernière remarque, signifiant [cela va-t-il durer ?], nous permet d’inférer, que cette question de l’autonomie par rapport à l’Institution est davantage une anticipation ou une prévision de ce qui semble devoir advenir de l’enseignement supérieur à plus ou moins court terme, comme peut-être même un moyen de conjurer le sort. Cette interprétation serait à vérifier.

Cette situation étant posée, des questions connexes ont émergé : "L’autonomie de mon service est-elle la mienne ? (et vice-versa)" ; "Comment apprendre avec d’autres ?" ; "Qu’est-ce que l’autonomie ?" ; "Quel équilibre entre autonomie et projet d’établissement ?" ; "Comment formaliser le juste milieu entre autonomie et collaboratif ?" ; "Comment coordonner les envies/besoins des différents acteurs ?" Ces questions permettent de poser le cadre de l’Institution à la fois à l’échelle d’un service puis d’un établissement, ainsi que dans la relation à l’autre au sens où mon autonomie n’est pas forcément celle de mon collègue, recherchant à "coordonner", "équilibrer", "rechercher le juste milieu". Ainsi, l’autonomie de l’un pourrait "gêner" l’autonomie de l’autre, l’autonomie ne peut ainsi être totale, nécessite des consensus, le respect de l’autonomie de l’autre se rapprochant ainsi d’autres notions d’indépendance, de pouvoir, de liberté. Alors être autonome, est-ce être libre ?

Nos discussions nous ont ensuite menés à définir l’autonomie que nous pouvons répartir en 3 catégories :

 1. L’autonomie d’un acteur ou d’une actrice de l’ES par rapport à l’Institution ce serait pouvoir : "contribuer à la définition des axes stratégiques de l’établissement", "exercer sa liberté pédagogique". Mais ce serait aussi à l’Institution de donner les "moyens d’être autonome", de préciser "le cadre acceptable par l’Institution" qui permet d’être autonome car parfois, ce cadre, semble mal précisé et "on ne comprend pas pourquoi notre autonomie d’un coup, semble gêner". Dans une certaine continuité, le manque de cadre ou le cadre flou est exprimé à plusieurs reprises sous "des directives et injonctions contradictoires", "des présidences d’établissement qui n’ont pas les mêmes orientations".

 2. La question de l’autonomie dans la relation d’accompagnement "auto-émanciper les acteurs accompagnés au service d’un projet collectif" ; " collaborer c’est agir en autonomie", " le dialogue, être sur la même longueur d’onde", "dépend des besoins exprimés par l’enseignant·e accompagné·e". Comment faire alors quand la personne accompagnée "ne veut aller nulle part" ? Il est ainsi proposé qu’il faut "expliciter, pour préciser le cadre de la collaboration".

 3. Enfin, du point de vue du sujet lui-même pour qui être autonome dans son Institution c’est : "Être proactif et pouvoir définir des actions qui ne me sont pas imposées" ; "Mettre mes compétences au service d’un projet" ; "choisir, (s’)engager, discuter avec mes pairs et partenaires" ; "avoir le plaisir d’apprendre". Ainsi, l’autonomie ici s’approche de la liberté de penser, de choisir, d’agir.

Pour ne pas conclure cette discussion qui n’est que le point de lancement d’une réflexion plus vaste à mener, nous avons synthétisé notre pensée sous 2 axes :

1. Ce qui nous a surpris dans nos échanges

  • nous sommes en train de passer d’un cadre inexistant (autonomie totale) à un cadre très rigide (perte d’autonomie complète)
  • Au bout du compte, surpris d’avoir autant de liberté et si peu de cadre (au sens structurant et bienveillant de ce que peut être un cadre)
  • L’autonomie n’est-ce pas aussi parfois la solitude ?
  • La diversité des représentations sur l’autonomie et ses différentes réalités selon les statuts : pour l’enseignant, c’est la liberté pédagogique ; pour l’étudiant, nos pratiques font qu’ils devraient déjà l’avoir acquise en entrant dans l’enseignement supérieur alors que n’est-ce pas le travail de l’ES de les aider à la développer ? ; Pour le conseiller pédagogique, son autonomie dépend du pilote, du projet et est donc changeante.

2. Les points saillants de nos échanges :

  • La notion de cadre est nécessaire à l’autonomie des acteurs, à l’échelle macro, de l’Institution qui doit poser un cadre bienveillant, constructif et stable. A l’échelle des actions d’accompagnement, posant le cadre de la collaboration, de la relation entre les partenaires.
  • Le collectif peut permettre de faire émerger ce cadre. Ce cadre peut être co-construit pour une meilleure efficacité.
  • La question de l’autonomie doit pouvoir être observée au regard de celle de la liberté, de l’indépendance et du pouvoir, ces différentes interprétations pouvant biaiser les échanges.
  • L’autonomie dans notre contexte c’est aussi prendre conscience des champs des possibles en pédagogie et prendre en main sa philosophie d’enseignement (individuel) au service d’un projet collectif

A titre individuel, quelques exemples des apports de l’atelier de ce jour :

 Mes priorités dans les 3 mois : Distinguer/mettre en avant mes marges d’autonomie nécessaires (ou désirées sur mes sujets- Collecter les (bonnes) stratégies expérimentées par les autres universités (sur Moodle, APC, Transition... et comment faire passer aux enseignants)

 Mes priorités dans l’année : Définir l’autonomie des acteurs et actrices du service

- Ma prise de conscience  : Travailler la question de l’autonomie avec tous les acteurs (enseignants, ingénieurs pédagogiques, étudiants - L’autonomie n’empêche pas un cadre - Mettre en avant l’autonomie est un bon levier pour faire adhérer les enseignants - Peut-être que ma vision de l’autonomie n’avait pas été discutée jusqu’ici avec la hiérarchie

 Mes prochaines étapes : Chercher mon cadre avant de construire celui des enseignants - définir mon autonomie et la partager avec mes collègues
Ce qui va être le plus difficile : Convaincre les enseignants que nos propositions pédagogiques permettent l’évolution des pratiques pour s’adapter aux étudiants du XXI et du monde de demain. (Boite à outils avec une proposition de cadre). On ne leur demande, ni impose pas de tout changer.

 Ce qui fera la différence : Trouver les contre-arguments pour éviter de se cacher derrière ce terme - expliciter pour en faire un élément de mobilisation - le partage.

Si je n’avais aucune contrainte quel choix audacieux ferais-je immédiatement : Asserter la vision de l’autonomie co-construite par le service à nos dirigeants - Rassembler tous les enseignants pour échanger avec eux - j’ai besoin d’un cadre tout en gardant mon autonomie (comme les enseignants)

Qu’ai-je appris sur moi  : Il y a des questions sur lesquelles on ne prend pas assez le temps d’échanger (comme celle-ci)

De quelle aide ai-je besoin : prise de recul en comparant les situations - coaching individuel pour faire l’état des lieux de ce qui existe chez moi par rapport à ce qui fonctionne dans d’autre université

Un autre thème à aborder : Communiquer auprès des enseignants - Communiquer avec une VP qui a peu de connaissance en pédagogie


RENCONTRE 22 JUIN : "Quels prérequis pour un accompagnement "réussi" ?"

Participant.e.s (11)

Animatrice : Aude Pichon, Université de Nantes

Résumé :

Afin de déterminer les prérequis nécessaires à l’exercice des métiers oeuvrant au développement professionnel en pédagogie des enseignants universitaires ou secondaires, le collectif a partagé ses réflexions autour de questions clés. Ces questions clés sont parties d’un niveau de réflexion très large lié aux finalités et aux buts du collaborateur pédagogique à un niveau de réflexion plus rétréci lié aux objectifs puis aux prérequis nécessaires pour l’attainte de ces objectifs.

Lors de cette rencontre, le collectif était constitué de 11 personnes, conseiller pédagogique en enseignement supérieur et secondaire, ingénieur pédagogique, chargé d’ingénierie de parcours et de validation des acquis, enseignant avec tous une mission d’accompagnement au développement professionnel. Ces personnes sont appelées ici, collaborateurs pédagogiques. Dans ce récapitulatif, les termes employés pour désigner des personnes sont pris au sens générique ; ils ont à la fois valeur d’un féminin et d’un masculin.

Les finalités d’un accompagnement "réussi" faisant consensus au sein des participants sont :

  • développer l’autonomie et la responsabilité de tous les acteurs : enseignants, administratifs et étudiants,
  • développer l’apprentissage tout au long de la vie,
  • avoir des étudiants et personnels épanouis,
  • ces trois finalités se réalisant dans un esprit de partage.

Les buts d’un accompagnement "réussi" sont :

  • développer le bien-être en enseignement,
  • favoriser la réussite étudiante,
  • développer la confiance en soi des apprenants,
  • découvrir un champ des possibles en pédagogie en co-construisant des solutions.

Les objectifs d’un accompagnement "réussi" :

  • favoriser le développement professionnel en pédagogie,
  • développer la co-construction entre collaborateurs pédagogiques et enseignants,
  • rendre les enseignants acteurs de leur développement professionnel,
  • s’appuyer sur l’analyse de pratiques, des groupes d’échanges de pratiques.

Pour mener à bien ces finalités, buts et objectifs, le collectif estime qu’un un collaborateur pédagogique a besoin des prérequis suivants :

 Développer un contrat de collaboration et de confiance avec l’enseignant ou l’équipe pédagogique :

  • expliquer les apports du CP, les valeurs, expliquer le fonctionnement, les méthodes.

 Travailler en collaboration avec les apprenants :

  • Définir ensemble les objectifs de la formation (pour être à l’écoute des besoins)
  • Faire participer les apprenants à la construction des modules d’apprentissage

  être à l’écoute des demandes, des besoins des enseignants,

  développer sa posture d’adaptzbilité,

  développer l’empathie,

  identifier et valoriser les méthodes d’enseignement mises en oeuvre,

  connaître et utiliser les possibilités /méthodes de pédagogie,

  préparer un scénario pédagogique pour des cours en présentiel, hybrides ou à distance,

  créer des cours dynamiques et motivants pour les étudiants,

  Indiquer les facteurs de la motivation chez les étudiants sur lesquels l’enseignant peut agir,

  valoriser le travail déjà effectué,

 développer une posture centrée étudiant,

 Identifier les compétences et résultats d’apprentissage d’un cours

 Identifier les compétences d’une formation
Une perspective d’échange porterait sur les indicateurs d’un accompagnement dit "réussi".

Licence : CC by-sa

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