L’idée de compostage
Cette idée de compostage est développée dans un article de Romain Lalande et Laurent Marseault publié le 4 mars 2018 par Vecam.
Emballages, meubles, téléphones, ordinateurs, gadgets... chaque objet qui nous entoure est consommateur de ressources naturelles. Le temps où nos créations donnaient lieu à des déchets capables de se décomposer est maintenant loin derrière nous. Problème : lorsque l’on produit des objets trop complexes pour se recomposer d’eux-mêmes, nous accumulons une dette technique qu’il nous faudra un jour assumer.
Pour limiter l’impact et le nombre de ces déchets, de nombreuses solutions se développent et une multitude d’expérimentations sont en cours : mouvement zéro déchet, bacs à compost, repair cafés, ressourceries, etc.
Qu’en est-il lorsque l’on aborde une autre des productions humaines, omniprésente à l’ère du numérique : celle des connaissances ? La seconde vie des idées, de l’immatériel, de nos projets reste un impensé alors même qu’ils sont le fruit de notre énergie vitale, ressource irremplaçable s’il en est.
En s’inspirant de cette notion de ressourcerie des idées, Vecam a voulu "mener à bien le « compostage » de notre histoire, donner une seconde vie aux connaissances et initiatives portées par notre association."
Le compostage réalisé par Vecam :
Dans sa page de présentationVecam présente son intention
"Garder trace de toutes ces énergies, cette créativité, cet activisme, ces convictions, ces inspirations… ces amitiés aussi, car un des bonheurs de l’engagement, c’est qu’il accouche de belles rencontres. Une trace qui peut nourrir d’autres aventures militantes, qui peut aussi fournir un petit bout du puzzle de la courte histoire de nos sociétés technologisées que certaines chercheuses et chercheurs se sont attelés à écrire."
et ce qui a été réalisé
"Pour ce faire, nous avons confié à la sociologue Anne Bellon la tâche d’une enquête rétrospective de l’association.
Elle s’est plongées dans les archives papier et numériques, complétées d’une douzaine d’entretiens avec des personnes – adhérentes ou non – qui ont compté dans l’histoire de l’association.
Anne Bellon a réussi le tour de force de ramasser 25 ans d’activités foisonnantes dans un court rapport qui tire ce qu’ont été les lignes de force de l’association.
– lire en ligne
– télécharger en format pdf
– télécharger au format ePubAnne Bellon a également réalisé une frise temporelle, dans laquelle apparaissent quelques-unes des dates clés de la vie de Vecam, assorties d’extraits des entretiens qu’elle a réalisé. Nous espérons que vous y trouverez un peu de la chair de ce que furent nos engagements."
Cette démarche qui permet que la fin d’activité d’une association nous enrichisse, est un exemple qui peut inspirer d’autres collectifs.
L’idée de compostage question aussi nos pratiques d’enseignant ainsi que nos établissements.
et dans l’enseignement supérieur ?
Le compostage des écrits s’inscrit dans la vision d’un partage des connaissances rendu possible par les technologies du numérique. Le partage des contenus pédagogiques reste rare et le frein n’est pas technique car les universités savent mettre en avant les publications des laboratoires. Pourtant à ma connaissance aucune université en France [1] n’a de portail où sont volontairement mis en partage ouvert des contenus pédagogiques.
Parallèlement, les Ressources Educatives Libres sont de plus en plus nombreuses,. [2] publiées sur le compte personnel de l’enseignant ou sur des sites comme certaines plates forme appelées universités numériques thématiques ou de nombreux MOOC qui font d’une réutilisation possible. Une chaire Unesco "Ressource Educatives Libre et Intelligence Artificielle " a été ouverte à l’université de Nantes et des organisations comme Open education global en font la promotion.
Au Québec, l’an dernier, les universités de Sherbrooke, Montréal et Laval ont créé un portail initulé la fabrique REL(ressources éducatives libres), voir à ce sujet :
– le webinairede Riposte Créative Pédagogique La fabrique des Ressources Educatives Libres avec le portail québecois
– et le diaporama de Marianne Dubé et Marilou Bourque.
Mais nous sommes encore loin d’une politique d’établissement qui encourage et valorise la publication des contenus pédagogiques, hors de l’intranet, par les enseignants qui le souhaitent.
Et le compostage dans tout cela ?
Comme pour tout être vivant, la pratique d’un enseignant, naît, se développe puis meurt un jour. Au moment de la retraite certains se posent la question du devenir de leur cours.
Une question difficile dans la mesure où beaucoup d’enseignants n’ont pas vu l’intérêt d’un partage et de la coopération ouverte dans les activités pédagogiques apprises dans leur formation professionnelle ou pratiquées.
Dans certaines associations intervenant en formation cette question commence à être posée, notamment en réponse à l’urgence de la Transition écologique, voir à ce sujet : Des contenus ouverts à la coopération ouverte en formation, réponse aux urgences de la transition écologique.
Egalement, des outils collaboratifs évoluent justement pour faciliter cette coopération ouverte : le LMS de yeswiki en est exemple récent, voir à ce sujet : l’interview de Laurent Marseault.
Encore moins que le souci du partage, cette question du compostage des contenus pédagogiques d’un enseignant, n’a pas aujourd’hui de facilitation institutionnelle.
La question du compostage des cours commence à émerger comme par exemple lors de la dernière rencontre de prof@brest qui a initié l’espace collaboratif Bretagne Educative , mais elle reste à expérimenter et à concrétiser.
Alors si vous connaissez des initiatives qui relèvent du compostage de contenus de formation, merci de les signaler en retour.
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