Basée à Sablé-sur-Sarthe, l’Unité Dinde du groupe LDC est spécialisée dans l’abattage et la découpe de dindes. Dans le cadre d’un projet d’innovation France 2030* porté par le Cnam des Pays de la Loire, l’unité Dinde a souhaité mettre en place des formations présentielles intégrant de la réalité virtuelle. L’objectif est de monter en compétence les opérateurs de production sur l’affilage des couteaux et les gestes de découpe, dans un environnement sécure.
Pourquoi utiliser la réalité virtuelle en formation ? Quelle est sa plus-value dans l’apprentissage par rapport à d’autres modalité de formation auxquelles l’entreprise a habituellement recours, et notamment des ateliers pratiques en situation réelle ? Pour répondre à ses questions, nous avons posé des hypothèses qu’il conviendra de vérifier à l’occasion d’expérimentations successives. Explorons ces hypothèses qui permettront d’observer les effets de l’utilisation de la réalité virtuelle en formation.
Hypothèse : la réalité virtuelle favorise la concentration et l’engagement
La réalité virtuelle propose-t-elle une expérience mobilisant davantage l’attention des apprenants par rapport à un atelier classique ? On peut en effet imaginer qu’emmener un apprenant dans un monde virtuel va créer un sentiment d’immersion intense et va donc favoriser l’engagement. Là où dans une formation classique, l’apprenant peut être distrait par son environnement (le bruit, les autres apprenants, les soucis du quotidien qui surgissent…), la réalité virtuelle demande une plus grande concentration. Mais cela aboutit-il à une plus grande efficacité d’apprentissage ?
Hypothèse : la réalité virtuelle permet de mieux apprendre par sa dimension ludique
La représentation des usages des casques de réalité virtuelle est fréquemment associée à une activité de divertissement et notamment aux jeux vidéo. Sa dimension ludique et immersif est sans doute un facteur de motivation… mais peut aussi détourner l’apprenant du sujet même de la formation ! Va-t-on observer par le biais de cette expérimentation que l’apprenant aura tendance à s’amuser plutôt qu’à apprendre ou à se focaliser sur les contenus ? A l’inverse, si certains peuvent y voir un jeu, d’autres y verront peut-être… un stress. En effet, pour un apprenant ayant peu d’usage des outils numériques, la réalité virtuelle pourra sans doute paraître angoissante, voire inatteignable. Nous irons donc regarder de plus près les réactions des apprenants en lien avec leurs usages habituels des technologies.
Par ailleurs, les formations en réalité virtuelle s’adresseront à un large public, du novice à l’expert métier. Pour autant, tous ont à apprendre. Comment une personne expérimentée va-t-elle appréhender un geste professionnel à réaliser dans un monde virtuel, alors même qu’elle est dotée d’une certaine expérience ? La dimension ludique va-t-elle être attractive pour apprendre ? Va-t-elle vivre l’expérience comme une perte de temps ?
Hypothèse : La perception du regard des autres quand on est sous un casque de réalité virtuelle a un effet sur l’expérience d’apprentissage
L’apprenant sera à la fois en collectif dans une salle de formation mais aussi isolé sous un casque. Va-t-il appréhender le regard des autres lorsqu’il a peu d’appétence avec le digital et peut-être même en perdre ses moyens ? Ou l’effet du collectif va-t-il au contraire générer entraide et bienveillance ? Il sera de même intéressant de questionner l’effet habituellement bénéfique du groupe en formation par rapport à une situation d’apprentissage où l’apprenant est seul dans un monde virtuel. En lien avec ces questions, nous irons observer le rôle et la posture du formateur, qui devra accompagner de manière individuelle chaque apprenant, tout en gérant le collectif de sa salle de formation.
Hypothèse : Le passage dans l’expérience virtuelle favorise le transfert du geste dans le réel
Dernier point d’observation, et non des moindres, nous irons observer le passage de la formation intégrant la réalité virtuelle à la mise en pratique sur le terrain. On peut en effet imaginer que plus le monde virtuel ressemble au monde réel, plus on gagnera du temps lors du transfert en situation de travail. Mais peut-être que la différence entre l’ergonomie des matériels de réalité virtuelle et les outils réels faussera cette hypothèse ? Ou que la réalité virtuelle déstabilisera l’apprenant qui se trouvera alors moins compétent dans le virtuel que dans le réel ?
C’est au travers de toutes ces hypothèses que nous allons porter un regard attentif à l’utilisation de la réalité virtuelle en formation présentielle. L’expérimentation d’un tel dispositif nous amènera certainement des réponses… et d’autres questions !
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