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La bimodalité, bonne ou mauvaise idée ?

6 février 2021 par Jean-Michel Le Baut Coopérer 1078 visites 0 commentaire

Un article repris de https://www.bretagne-educative.net/...

En ce moment, je vois fleurir un peu partout sur les réseaux sociaux professionnels des annonces concernant le fait que certains établissements scolaires, universitaires ou de formation s’équipent en matériel pour faire de la bimodalité.

Par bimodalité, j’entends : on équipe un enseignant ou un formateur d’un micro, la salle d’une ou plusieurs caméras afin qu’il puisse dispenser son enseignement à la fois aux personnes présentes en salle, et à d’autres personnes éloignées physiquement, à distance donc, de la manière la plus immersive possible.

Je comprends bien la problématique derrière cet engouement et les contraintes qui provoquent l’intérêt pour le développement de cette pratique, notamment dans le cas de très grosses promotions d’apprenants, mais j’avoue que dans pas mal de cas, je suis assez perplexe…

Notamment concernant l’entrée « outils » … En tant qu’ingénieur pédagogique, j’ai un gros doute sur le fait que se contenter d’équiper matériellement les équipes puisse présenter un réel intérêt. Surtout si cet équipement ne vise qu’une simple retransmission d’un cours « en live », et surtout s’il est de type plutôt transmissif. Or, pour le moment, les retours d’expérience que j’ai pu recueillir à ce sujet sont plutôt de cet ordre.

Honnêtement, je pense qu’une bonne vidéo, tournée spécifiquement pour les distants, dans de bonnes conditions de captation (et de toutes façons meilleures que ce qu’on pourra faire en direct) fait aussi bien l’affaire… et donnera au moins l’avantage à l’apprenant de choisir le moment auquel il visionnera le cours.

Je veux bien accepter qu’en début d’une séance, on puisse s’appuyer sur ce genre de dispositif pour tenter de préserver le lien social et quelques interactions au sein du groupe entier, distants comme présents.

En fait, ce qui me gêne c’est que cette entrée « outils » occulte de la réflexion quant à la pertinence de ce choix et surtout à la scénarisation pédagogique pour animer ce cours de manière pertinente et efficace. Quand j’interroge les personnes sur ce thème, pour le moment, je n’ai pas eu d’autres témoignages que : « Aucune autre scénarisation pédagogique du cours n’a été proposée, ou extrêmement à la marge. On fait ce qu’on avait prévu de faire, comme si le cours se passait en présentiel pour tout le monde ».

Ainsi, équiper matériellement permet de se dispenser de réinterroger les pratiques professionnelles ou la posture de l’enseignant ou du formateur et évite qu’on se pose la question de la manière de former ces derniers à la conception pédagogique hybride. Le matériel, c’est bien, et c’est nécessaire. Est-ce suffisant, à mon sens : non, et je trouverai dommage qu’on s’arrête là.

En effet, pour avoir testé quelques fois la bimodalité, ce n’est pas tant la question des outils que je me suis posée mais : comment scénariser mon intervention pour que les distants puissent être aussi acteurs que les présents, pas simples spectateurs et qu’il puisse y avoir de l’interaction entre les distants et les présents ?

Ces expériences n’ont d’ailleurs pas été si faciles que cela à mettre en place, alors que je maîtrise correctement les outils et les problématiques de scénarisation. L’animation de ces séances, son articulation avec la technique, la nécessaire sur-explicitation des attendus, de ce qui se passe en salle la rend assez fatigante. La scénarisation pédagogique et les préparatifs anticipés doivent permettre de la rendre la plus légère possible. Selon moi, ce type de conception et d’animation bimodale est d’autant plus facilité que l’on maîtrise la scénarisation et l’animation de dispositifs hybrides en amont.

Cela a consisté par exemple à prévoir des temps spécifiques durant lesquels je me suis rendue disponible uniquement pour les distants, les présents, étant alors occupés à une tâche autonome, à prévoir une activité collaborative (et son support) entre les distants ou entre les présents et les distants.

En termes de matériel, ce n’est pas de matériel de « retransmission » dont j’ai vraiment eu besoin, mais plutôt d’un bon réseau wifi, de terminaux mobiles pour les apprenants présents (tablettes ou ordinateurs portables) pour qu’ils puissent communiquer avec les distants, d’outils collaboratifs en ligne…

Bref, je suis à la recherche de témoignages d’expériences bimodales réussies ou ratées, de personnes qui accepteraient d’échanger avec moi sur ce thème, d’exemples d’activités intéressantes à mettre en place pour générer de l’interaction inter ou intra-groupe… Je ne veux pas me contenter de ces premiers retours ni de ce que je peux voir depuis « mon petit trou de lorgnette » 😊 Merci à vous !

Mélanie VEYRET
Enseignante de SVT
Référente aux Ressources et Usages Pédagogiques du Numérique (RRUPN)
Animatrice RésENTICE BEF Finistère Nord - Coopérative Pédagogique Numérique 29
Ingénieure Pédagogique (Spécialité ingénierie de formation hybride ou à distance)

Melanie.Veyret@ac-rennes.fr

Licence : CC by-sa

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