Dans une université au nord-est des États-Unis, une étudiante de première année déclare que passer par le bureau du conseiller d’études, et pouvoir y câliner un chien, un Leonberger nommé Stella, est l’un des moments forts de sa journée.
Dans une grande université publique du Midwest, un diplômé m’a dit combien un chien l’a aidé à garder le moral : « C’était vraiment un réconfort de pouvoir caresser cet animal, surtout quand ma famille et mon propre chien ont commencé à me manquer », m’a raconté ce jeune qui participe aux recherches que je mène sur ces nouveaux types de soutien aux étudiants.
Chaque semaine, lui-même et trois camarades passaient 35 minutes avec ce que l’on désigne désormais comme un « chien de thérapie » sur les campus américains, passant du temps à le caresser et lui donner des friandises.
Une autre étudiante du même programme m’a dit que ces moments avaient été précieux pour se préparer à des examens exigeants : « J’avais l’impression que cela me permettait de me détendre avant des échéances stressantes. »
De telles scènes sont de plus en plus fréquentes sur les campus des universités américaines. Face à des problèmes de santé mentale qui n’ont cessé de progresser ces dernières années, les universités ont notamment eu recours à des animaux de thérapie, que les étudiants n’hésitent pas à venir voir quand les défis de la vie étudiante, notamment la charge de travail personnel, leur pèsent.
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En tant que spécialiste de ces programmes – plus connus sous le nom d’interventions assistées par des chiens – j’ai étudié comment ce contact avec un animal domestique pouvait améliorer le bien-être des jeunes. Il en ressort que cela les aide à renforcer leur sentiment d’appartenance, à mieux gérer le mal du pays et la solitude, tout en réduisant l’anxiété et le stress.
Certains de ces résultats s’expliquent par la façon dont le corps humain réagit aux interactions avec les animaux de thérapie. Une enquête réalisée en 2019 a révélé que les étudiants qui passaient ne serait-ce que dix minutes à caresser un chat ou un chien voyaient leur taux de cortisol diminuer de manière significative.
Des visites régulières
D’après une étude datant de 2017 auprès de 150 établissements, 62 % d’entre eux disposaient d’un programme d’intervention assistée par les animaux.
Ces programmes ne s’organisent pas tout à fait de la même façon d’un endroit à l’autre. Dans certains, un maître et son animal viennent à plusieurs reprises au cours du semestre dans la bibliothèque du campus. Alors, les étudiants rencontrent le chien un par un ou par petits groupes, et passent entre quelques minutes et trois quarts d’heure avec lui.
Dans d’autres cas, les choses sont plus structurées : un certain nombre d’élèves sont parrainés par un chien de thérapie et son maître, et il y a des horaires pour les rencontrer.
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Les animaux qui participent sont d’un bon tempérament et bien dressés. Le coût de leur inscription comme chien de thérapie est peu élevé pour les propriétaires. Avec l’association Pet Partners, l’une des plus étendues par exemple, cela revient à 15 dollars à 30 dollars pour passer l’évaluation, 95 dollars pour s’enregistrer parmi les équipes de thérapie et 70 dollars pour renouveler son inscription.
Les programmes sont coordonnés par des enseignants ou par les personnels de différents départements comme les psychologues ou les coordinateurs de services aux étudiants.
Des témoignages positifs
Comme je l’expliquais plus haut, dans ma thèse, j’ai posé une série de questions ouvertes à de jeunes diplômés pour évaluer ces interventions. Plusieurs personnes interviewées m’ont dit combien elles appréciaient de pouvoir faire ce genre de pause dans leur programme de révisions. « L’expérience m’a obligé à mieux m’organiser pour pouvoir prendre ce temps de loisir », constatait l’un d’entre eux.
« Le chien de thérapie est si calme, confiait un autre. Ce mélange d’énergie et de sérénité m’aidait à faire retomber les tensions à chaque séance. »
Cette joie est partagée car les chiens apprécieraient tout autant de venir passer du temps avec les étudiants. De nombreux maîtres m’ont dit que leurs compagnons étaient excités quand revenait la date de la visite à l’université, et encore plus heureux en arrivant à proximité du campus.
Christine Kivlen ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.
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