Une formation ne se limite pas à la transmission de connaissances, elle suppose aussi un partage d’expériences entre les participants, un retour de chacun sur son parcours pour mieux formaliser les acquis de terrain. Mais comment réaliser cet accompagnement quand un cursus se déroule à distance ?
La formation à distance devient-elle la nouvelle norme dans le monde de la formation des adultes ? En 2024, 60 % des entreprises auraient proposé une offre de formation majoritairement à distance (FAD) ou en hybride. Même si ce pourcentage montre une tendance à la digitalisation des formations, il faut noter qu’il est en baisse par rapport à l’année passée (64 % en 2023).
La présence d’un tuteur est en première position des facteurs de motivation pour terminer une formation à distance. Ainsi, la priorité pour les formateurs, au-delà de la création des contenus digitaux asynchrones (48 %), est l’enrichissement de l’accompagnement des apprenants (24 %).
D’ailleurs, selon le spécialiste de l’e-formation Jacques Rodet, on peut observer une constante depuis les premiers cours par correspondance en 1728 jusqu’aujourd’hui avec les MOOC (massive online open courses) : dans la plupart des formations ne comprenant pas de dispositif d’accompagnement à distance, les taux d’abandon peuvent dépasser les 90 %.
Or, depuis 2019, à la suite de l’article D6313-3-1, l’existence d’un accompagnateur humain n’est plus obligatoire pour mettre en œuvre une formation. Le chemin s’ouvre ainsi à l’automatisation de l’accompagnement à distance.
L’un des plus grands défis de la formation à distance est donc de maintenir le lien avec les apprenants et leur engagement malgré tout.
Un soutien aux apprentissages et au projet professionnel
Apprendre en ligne ne se limite pas à suivre quelques heures de cours ; il s’agit d’un processus plus complexe qui requiert un accompagnement adapté. Bien que le soutien aux apprentissages ait été la démarche d’accompagnement la plus développée, celle-ci est loin d’être la seule, ni même la principale. En effet, les démarches d’accompagnement au projet professionnel et personnel pour donner du sens aux études – afin que les expériences vécues, dans et en dehors de la formation, deviennent réellement formatrices – sont au cœur de la problématique d’accompagnement à distance. Il s’agit aussi d’encourager l’autonomie de l’apprenant pour éviter le décrochage.
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Mais comment les formateurs peuvent-ils soutenir efficacement des étudiants qu’ils ne rencontrent jamais en personne ? Une étude publiée en 2024 confirme les principes de base d’un accompagnement à distance : disponibilité des accompagnateurs, établissement d’une relation de confiance à distance, adéquation de l’accompagnement aux besoins des apprenants, facilitation des interactions permises par le numérique avec des plates-formes faciles à prendre en main avec une assistance technique proposée, échanges avec les pairs autour du vécu de la FAD pour lutter contre le sentiment de l’isolement.
Quatre démarches clés pour un accompagnement à distance efficace
Un autre travail complète les éléments cités plus haut en proposant quatre démarches, autour d’un principe clé : mettre l’apprenant et ses expériences au centre du dispositif.
L’accompagnement didactique
Le dispositif de formation à distance, contrairement à un dispositif en présentiel, est composé de multiples espace-temps, d’environnements numériques et de scénarios pédagogiques enrichis. De ce fait, sa structure complexifie davantage sa prise en main par l’apprenant. L’accompagnement didactique vise alors la compréhension des éléments prescrits par le dispositif de formation, comme les éléments théoriques à retenir, les usages numériques à adopter et les rythmes de formation imposés.
Intégrer les expériences personnelles
Le processus d’apprentissage en formation d’adultes ne s’appuie pas seulement sur une transmission des savoirs, mais plutôt sur une démarche de conscientisation du savoir qui est latent dans l’agir. Les apprenants apportent avec eux des expériences personnelles et professionnelles qui enrichissent leur apprentissage. L’accompagnement, dit expérientiel, vise la problématisation des expériences des apprenants en les intégrant dans les discussions et les activités pédagogiques. Permettre aux apprenants de relier les nouvelles informations à leur vécu, c’est mettre leur projet au premier plan. L’accompagnateur doit ainsi se mettre aux côtés de l’apprenant pour laisser-faire.
Adapter les rythmes d’apprentissage
Une étude, publiée en 2023, montre que la première motivation qui amène les apprenants à s’engager dans une FAD est la possibilité d’étudier à leur rythme. En effet, chaque apprenant a son propre rythme d’apprentissage, et il est crucial que la formation à distance respecte cette diversité. Cela signifie offrir une flexibilité dans les délais, permettre un accès différé aux matériaux de cours, et ajuster le soutien en fonction des besoins individuels.
Une approche personnalisée permet aux apprenants de progresser à leur propre rythme tout en respectant les objectifs de la formation. De plus, l’accompagnement vise la conscientisation par l’apprenant de sa façon d’apprendre à distance. Quand est-ce que j’apprends le mieux ? Comment la formation est-elle structurée entre temps à distance, synchrone, asynchrones, en présentiel ? Comment puis-je articuler mes propres rythmes de travail et de vie avec les contraintes temporelles de la formation ?
Maîtriser les outils numériques
Les outils numériques sont au cœur de la formation à distance. Au-delà des simples explications sur l’utilisation des outils proposés dans le cadre de la formation à distance (accompagnement didactique), l’enjeu ici est de rendre la plate-forme à distance la plus flexible possible et ouverte aux apprenants. Ils pourront ainsi manipuler les outils qu’ils auront choisis, voire en créer d’autres.
La plate-forme devient ainsi un espace dynamique et ouvert, autant aux formateurs qu’aux apprenants, afin de répondre aux besoins de tous. Cet accompagnement aux outils numériques vise également la compréhension par l’apprenant de ses besoins et de ses habitudes d’action en termes d’outils, afin qu’il prenne en main sa formation médiatisée.
Des stratégies pour les acteurs de la formation
La réussite d’une formation à distance repose sur le bon équilibre entre le temps d’apport de connaissances, le temps de production et le temps d’accompagnement. Réduire le temps de l’enseignement des contenus pour laisser plus de place aux autres activités, dans lesquelles l’accompagnement a une place centrale, permettra de positionner l’apprenant au centre de sa formation et garantir sa réussite.
Produire des scénarios d’accompagnement et pas seulement pédagogiques afin de prévoir des interventions tutorales structurelles, penser l’ingénierie d’accompagnement à distance au même titre que l’ingénierie de formation et enfin impliquer les apprenants à la co-construction des cours à distance et à l’accompagnement par les pairs sont quelques stratégies à suivre pour les acteurs de formation.
Melpomeni Papadopoulou ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.
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