Le 24 janvier dernier se tenait la journée internationale consacrée à l’Éducation, mais pour toute personne impliquée au quotidien dans ce noble exercice, l’éducation est célébrée et vécue tous les jours avec joie ou appréhension, mais toujours avec passion et une envie sincère d’accompagner et de transmettre. C’est à vrai dire une communauté éducative vaste et multiple qui a à cœur d’accompagner les jeunes générations dans les apprentissages, qui œuvre pour que chaque esprit jeune révèle son être sensible, en conscience de sa relation aux autres, de son impact, de son potentiel et de son rôle prépondérant dans la société et en tant que membre du vivant. Dans son aspect le plus noble, le métier d’éducateur.trice.s au sens large, à tous les niveaux et à tous les âges, de la petite enfance aux prémisses de l’âge adulte, vise à ouvrir les horizons et déverrouiller les limites et les obstacles qui peuvent entraver les possibilités d’un parcours qui qui conjugue l’épanouissement à la responsabilité.
Au sein de cette grande mission qu’est l’éducation, l’école est un membre d’une famille très large d’entités avec lesquelles elle entretient des liens assez forts. Cet article explore ces différentes formes d’interactions possibles par le prisme des partenariats dans une logique de pédagogie projet, les apports pédagogiques pour l’appropriation des enjeux de la transition écologique et solidaire, les impacts économiques et sociétaux, ainsi que le renforcement de l’action citoyenne et du lien avec son territoire. Ici nous envisageons ceci de manière collaborative, enrichie et ouverte sur le monde, une grande partie du monde se situant justement en dehors des murs de nos établissements.
De plus en plus d’enseignant.e.s comprennent l’intérêt de mettre en place des projets et des initiatives pédagogiques avec :
- une association (des actions de plantation d’arbres à titre d’exemple), une entreprise dont les activités sont engagées et éco responsables,
- un organisme publique (de recherche, d’intérêt général, institutionnel),
- les parents d’élèves ou un groupe citoyen (pour le ramassage de déchets, des ateliers de sensibilisation à l’environnement),
- un agriculteur ou un artisan, etc.
Si les démarches peuvent être ponctuelles ou plus engagées dans le temps, elles sont capables dans tous les cas de modifier complètement et positivement la façon d’aborder les enseignements et la vie en classe, ainsi que l’intérêt des élèves pour ces enseignements.
Les bénéfices attendus sont multiples, en premier lieu sur le travail collaboratif et multidisciplinaire que cette approche privilégie. Les démarches d’apprentissage multidisciplinaire suscitent plus naturellement l’adhésion lorsqu’elles découlent d’un thème durable, qui fait sens et/ou qui engage toutes les intelligences au-delà de celle uniquement exécutive et logico-mathématique :
- intelligence intrapersonnelle, par les souvenirs et les moments vécus et partagés au sein d’un groupe mixte (d’âges et d’horizons variés), en renforçant l’estime de soi, la meilleure connaissance de ses compétences et leur mise à contribution au sein du collectif ;
- intelligence interpersonnelle, par les outils de communication utilisés, le lien développé avec ses camarades et les adultes accompagnateurs, les choix faits en collectif et la résolution de problèmes de façon collaborative, privilégiant l’entraide plutôt que la compétition systématique ;
- intelligence corporelle-kinesthésique, si le projet nécessite une pratique physique régulière ou qu’il englobe un volet EPS ;
- intelligence spatiale par exemple par l’étude d’une aire géographique si le projet peut se pratiquer en milieu externe qu’il soit urbain ou rural/naturel ;
- intelligence existentielle, par le questionnement moral que peut induire le projet, etc.
Sur le volet disciplinaire, un projet de plantation d’arbres avec une association permettra par exemple :
- d’étudier l’arbre et la biodiversité en sciences naturelles, réfléchir avec le partenaire à l’organisation du terrain et établir le plan de plantation en mathématiques ;
- de mobiliser des connaissances en physiques par l’étude des propriétés des essences de bois (densité, conductivité thermique ou électrique, propriétés hygroscopique, etc.) ;
- d’étudier des textes et des poésies en français et en langues étrangères, notamment des textes en lien avec le patrimoine littéraire ou de tradition orale de la région ;
- en philosophie poser la question des droits de la nature, est-ce que celle-ci possède des émotions par exemple ?
- développer la culture de la sensibilité de l’élève en EMC en explorant les bienfaits de régulation des émotions que procure une promenade en forêt et le lien personnel que l’on peut développer avec “son” arbre,
- en histoire-géographie explorer les liens ancestraux établis entre les peuples et le milieu naturel occupé, les dates historiques et les transformations anthropogéniques opérées dans le temps en recueillant et étudiant des témoignages et des archives.
Des compétences transverses identiques peuvent être mobilisées dans beaucoup d’autres projets assez variés : végétalisation de cours d’école, création et gestion d’une aire terrestre/marine éducative, création et gestion d’une mare pédagogique, projets sur des espaces externes à l’établissement (jardins ouvriers par exemple).
D’autres bénéfices portent notamment sur une meilleure compréhension des phénomènes complexes ou à contrario peuvent développer une vision globale de sujets en apparence simple. Ceci sera particulièrement utile pour comprendre les enjeux écologiques, leurs implications, les causes racines et répercussions souvent imbriquées. De manière générale, les initiatives qui ouvrent l’école sur le monde encouragent la curiosité, l’esprit critique, la motivation et l’implication et renforce l’approche éducative proposée aux élèves. Faire intervenir un acteur impliqué concrètement et territorialement contribue à la richesse et l’efficacité de cette approche.
Un nouveau projet : comment, pourquoi, avec qui ?
Pour mettre en place un projet en partenariat, il est nécessaire de préparer quelques éléments en amont :
Premièrement, définir les objectifs pédagogiques et les moyens nécessaires au projet :
- Quelles compétences et autres apprentissages en classe seront concernés en lien avec le cadrage institutionnel et les objectifs officiels par cycle ?
- Qu’est-ce qu’une démarche de partenariat permet-elle d’apporter en sus ? Quel partage de rôles entre l’équipe pédagogique et le partenaire ? Commencer à ce stade l’ébauche des grandes séquences à présenter en classe en appui des différentes étapes du projet, les différentes notions à introduire, etc.
- Combien de temps consacrer au projet : pour sa préparation, ensuite pour sa mise en œuvre ? Le projet est-il complètement intégré aux apprentissages en classe ? Quelle logistique faut-il y allouer : moyens de mobilité vers le lieu du projet (c’est l’occasion de réfléchir aux moyens de mobilité douce), fréquence des sorties et contribution éventuelle des parents, manipulations et matériel éventuellement nécessaires, supports pédagogiques (seront-ils fournis par le partenaire ou sont-ils à construire en commun ? Etc).
- Le(les) enseignant.e(s) ou l’équipe pédagogique participant au projet doivent-ils être formé.e.s à certaines notions et quel temps y consacrer ? Peut-être sera-t-il nécessaire de faire le tour des MOOC, conférences, ouvrages littéraires ou scientifiques spécialisés pour identifier l’ensemble des références et ressources utiles. Il est peut-être aussi possible que le partenaire propose lui-même un parcours de quelques heures qui permettra de se familiariser et de monter en compétences sur certains concepts nouveaux.
- Le projet nécessitera-t-il un financement ? Quels en seraient les leviers : financement participatif (en France, il y a la Trousse à projet par exemple), ventes et kermesses, fonds d’aides spéciaux,… Le Ministère de l’éducation nationale en France peut financer pour une période annuelle et sur dépôt de dossier des associations considérées comme éligibles suivant des critères d’intérêt publique. Si le projet de partenariat concerne une association déjà choisie, celle-ci peut éventuellement y prétendre (voir la campagne 2021, attention les dépôts de dossier ont une échéance habituellement au 1er trimestre, cette année la campagne se termine le 31 janvier). En Suisse, la fondation Éducation21 mène plusieurs campagnes par an de financement des écoles pour des projets en lien avec l’éducation au développement durable, détails ici.
Deuxièmement, définir le périmètre du projet :
- Qui au sein de l’établissement participera au projet : quels enseignant.e.s parmi l’équipe pédagogique, les équipes d’animation sur le temps péri-scolaires souhaitent-elles s’impliquer, quelles classes et quels niveaux ? Le projet peut-il être mené en inter-établissements ? C’est le moment aussi d’impliquer fortement les éco-délégué.e.s ou d’anticiper les modalités permettant de les désigner.
- Dans quel périmètre géographique le projet va-t-il avoir lieu ? Le mieux étant de favoriser les acteurs locaux pour une meilleure implication au sein de son territoire.
Troisièmement, et pas des moindres, choisir les bons partenaires :
- En fonction des objectifs pédagogiques fixés précédemment, le choix portera sur un partenaire institutionnel ou plutôt issu de la société civile. Certains projets seront co-portés avec les familles ou les associations de représentant.e.s de parents d’élèves. Dans le cas d’une association, en France il est conseillé de vérifier que celle-ci possède bien les agréments lui permettant d’intervenir sur des projets au long terme auprès d’un public scolaire. Ces agréments ne sont pas nécessaires notamment pour les interventions ponctuelles (plus de détails ici). Dans le cas d’une entreprise, une vigilance particulière sera portée quant au principe de neutralité dans l’intervention. Un code de bonne conduite est édité au bulletin officiel du Ministère de l’Education Nationale en France. Pour aller plus loin, c’est toute la démarche éthique et l’engagement éco-responsable de l’entreprise qui doivent être questionnés : existe-t-il un département RSE au sein de l’entreprise (Responsabilité Sociétale de l’Entreprise) ? Quelles actions concrètes mène-t-il et quelle est la réputation/sincérité de ces actions ? De manière générale, quelle est la motivation réelle de l’entreprise et y a-t-il des dissonances possibles entre sa raison sociale et le projet que l’on souhaite mener ? Les acteur.trice.s locaux, artisans ainsi que les PME, bien connus et ancrés sur le territoire sont à privilégier.
Les sites gouvernementaux suivants présentent (cliquer sur les liens), respectivement en France, en Belgique et en Suisse les points clés pour mettre en place une démarche optimale de partenariat dans le cadre scolaire.
Tour de quelques initiatives
Dans le reste de l’article ci-dessous sont abordées différentes initiatives dans le monde de la francophonie abordant des enjeux et des thématiques variées.
Autour du cadre de vie au sein de son école
Pour les projets les plus “modestes”, l’équipe pédagogique peut mener des actions directement et en autonomie avec la ou les associations de parents d’élèves, d’autant plus lorsqu’une relation de confiance est déjà bien installée (ou a contrario, cela peut-être l’occasion de tisser de nouveaux liens autour d’un projet fédérateur). Les projets peuvent porter sur la gestion de la vie courante de l’établissement et l’amélioration des pratiques et du cadre de vie :
- Élaboration d’un catalogue de fournisseurs de matériel de bureau et de fournitures scolaires éco-responsables, en faisant appel à des compétences de gestion, comptabilité et achats ou connaissances de normes environnementales auprès des parents. Les collectivités locales peuvent également être sollicitées (voir notre initiative #cartable vert Cartable Vert – Profs en transition).
- Réflexions pour la mise en place d’un potager ou d’un compost, des parents l’ayant mis en place eux-mêmes au sein de leurs domiciles ou de leurs lieux de travail peuvent accompagner le projet faisant profiter de leur retour d’expérience.
- Des actions de sensibilisation concernant différentes thématiques : numérique responsable s’il y a des parents informaticiens ou “geeks” sensibles au sujet, voire une réflexion plus globale sur le “verdissement” du parc informatique de l’établissement et des choix de logiciels et autres outils numériques plus éthiques et éco-responsables (voir notre initiative #Bureauvert Bureau Vert – Profs en transition), des ateliers cuisine anti-gaspi, des ateliers de DIY/Récup comme des tawashis, trousses et autres outils pour équiper les élèves, etc.
- Quelques autres pistes et idées dans notre article École zéro déchet.
Les projets portant sur le cadre de vie peuvent être de plus grande ampleur et afficher beaucoup plus d’ambition en fonction de la maturité et du niveau de motivation. De la “simple” installation d’un potager ou composteur dans la cour jusqu’à la revue complète du bilan environnemental de celle-ci. Ce sont en général des projets qui mobilisent beaucoup d’acteurs : collectivités pour le conseil technique et/ou financement, des associations spécialisées dans les projets de végétalisation, les parents d’élèves en co-pilotage de projet avec l’équipe pédagogique et en appui logistique ou main d’œuvre si nécessaire. Dans le lien ci-après, des retours d’expériences intéressants sont rapportés concernant des projets de cours d’écoles résilientes dans les régions Normandie, Bretagne, Centre Val de Loire et Pays de Loire.
Pour aller plus loin sur les idées autour des cours de récréation, vous pouvez lire aussi notre article consacré aux cours de récréation en transition.
Pour la sensibilisation, sauvegarde et protection de la biodiversité sur son territoire
Plusieurs acteurs connus – et moins connus – du monde de l’éducation consacrent un effort considérable à la protection de la biodiversité et proposent des activités ciblées et parfois complètement centrées sur le public scolaire, convaincues de l’importance d’embarquer les plus jeunes.
Les arbres et les forêts
En France, l’association Des enfants et des arbres – que de plus en plus de membres de Profs en Transition commencent à connaître – part d’un constat sans appel : depuis 1950, 70% des haies de bocage en France – essentielles au maintien de la biodiversité – ont disparu, principalement en raison de l’activité agricole. L’association tente de (re)mettre au cœur de sa démarche le principe de cultiver les terres en agroforesterie avec l’ambition affichée pour l’année 2020/2021 de planter 20.000 arbres en invitant 100 classes – soit environ 3000 élèves – à prêter main forte à 100 agriculteurs. Protéger la biodiversité tout en resserrant les liens avec le monde de l’agriculture, voilà un bien noble objectif (d’autres thématiques similaires sont regroupées sous l’initiative #Arborecoel https://profsentransition.com/category/initiatives/arborecole/) !
En classe puis en forêt, l’association Kinomé en partenariat avec l’atelier Canopé propose dans le Sud Landes des programmes éducatifs permettant d’éveiller les jeunes élèves aux enjeux du changement climatique, en participant à la restauration d’une forêt proche de chez eux ou en solidarité internationale, en soutenant la plantation d’arbres dans des pays du Sud Forest&Life – Kinomé (kinome.fr).
Les oiseaux
Une autre association bien connue est la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) en France (elle possède des antennes dans d’autres pays d’Europe) qui œuvre au quotidien pour la protection des espèces d’oiseaux. Elle est affiliée à l’alliance mondiale Birds Life International qui possède aussi une antenne dans la plupart des pays du monde, la majorité proposant des activités avec le public scolaire, par exemple en francophonie : Association Les Amis des Oiseaux en Tunisie, Nature Canada et Oiseaux Canada au Québec, etc. (pour la liste complète des représentations dans chaque pays, voir ce lien).
Plusieurs actions en partenariat sont possibles. En France, on peut par exemple inscrire son école comme refuge LPO et bénéficier d’un accompagnement pour la mise en place du refuge, de conseils, de supports pédagogiques et d’interventions riches et variées des animateur.trice.s de la ligue. Dans ce collège de la Loire, une animatrice LPO et 2 enseignants ont mobilisé 150 élèves autour d’un projet filmé très tendrement dans ce court métrage. Des initiatives similaires sont possibles en Belgique via le Réseau Nature – Natagor, au Luxembourg avec le réseau Natur&ëmwelt, au Québec avec le programme intégré tout au long du parcours scolaire école ornithosensible via l’association Oiseaux Canada, etc.
Les forêts primaires et les systèmes endémiques
En Guadeloupe dans les Antilles françaises, l’association Bwalansan est le relais officiel du label Eco-école. Elle accompagne une vingtaine d’établissements à la mise en place d’actions aboutissant à la labellisation, elle intervient dans les écoles de la maternelle au collège notamment aussi pour la création de jardins créoles dans l’enceinte des établissements.
Un travail de sensibilisation et de protection parfois difficile
Dans certains pays, le travail de sensibilisation est encore plus précaire et des moins aisés lorsque le cadre législatif pour la protection de l’environnement est très insuffisant, dans un milieu déjà fortement contraint. C’est notamment le cas en Afrique subsaharienne où les enjeux sont vitaux : surpâturage, mauvaise pratique des feux de brousses, déforestation incontrôlée, pression accablante sur la faune locale, etc. le tout ajouté à la pression du réchauffement climatique. Les associations ont un rôle primordial dans ce cas dans l’accompagnement des écoles à l’éducation à l’environnement. A l’instar de l’association MECB qui œuvre par la création et l’animation au sein des écoles de clubs dédiés à l’environnement avec un objectif ambitieux au niveau national. Les activités proposées sont variées, elles vont de la sensibilisation ponctuelle au travail actif des élèves pour des actions de reforestation et d’assainissements de leur cadre de vie. Il serait intéressant d’ailleurs d’aborder en classe comment les écoles des différentes régions du monde s’organisent en fonction des contraintes et des enjeux endémiques puis s’engagent avec les acteurs locaux, meilleur gage pour impliquer les nouvelles générations et démontrer s’il le fallait qu’une mobilisation au plus près de chaque territoire est un enjeu crucial.
Pour comprendre les enjeux autour des grands écosystèmes
L’eau
En Guyane française, la SEPANGUY œuvre au travers du programme Solaliya à la [sic] “compréhension des enjeux … liés aux ressources en eau et milieux aquatiques et encourage la prise d’initiatives pour un changement de comportement”. Spectacles vivants, défis, expériences scientifiques sont autant de projets concrets menés tous les ans avec plusieurs établissements pour comprendre ce lien vital entre l’humain et l’ensemble du vivant à l’eau et la nécessité absolue de préserver cette ressource si précieuse.
En France métropolitaine également, le syndicat de l’Orge (rivière qui traverse le département de l’Essonne) propose des “classes” d’eau et des ateliers plus ponctuels très bien faits sur les enjeux de l’eau.
Le climat
L’exploration des grands espaces a toujours fait partie de l’ADN de l’être humain, et c’est paradoxalement dans les contrées les plus éloignées, inaccessibles et extrêmes que les grands bouleversements s’accélèrent et sont les plus facilement notables et observables. Les effets du réchauffement climatique n’échappent pas à cette règle. De plus en plus d’éco-aventuriers se rendent dans ces lieux sauvages et en ramènent des images grandioses en contraste avec les dangers qui menacent un équilibre malgré tout précaire pour les peuples qui y vivent, et pour l’ensemble de l’écosystème, avec l’idée de témoigner de ce qui se passe et de sensibiliser aux conséquences de nos activités anthropogéniques, notamment auprès du public le plus jeune. Un exemple qui nous tient particulièrement à cœur est l’expédition Unu Mondo très suivie par les membres de Profs en Transition. Vous trouverez sur leur site web beaucoup de ressources exploitables en classes et les skippers Sophie Simonin et Tobias Carter se déplacent dans les établissements qui le souhaitent pour parler de leur aventure et échanger avec les élèves. Certains établissements à l’image du collège Louis Armand dans les Vosges ont même choisi de bâtir l’ensemble de leur projet pédagogique d’éducation au développement durable autour de cette initiative.
Pour découvrir d’autres éco-aventuriers plébiscités par Profs en Transition, lien vers plusieurs articles ici.
Il est intéressant de noter que ces éco-aventures s’inscrivent le plus souvent dans une démarche scientifique, à laquelle les chercheurs (notamment des climatologues) sont très heureux de participer. C’est le cas de ce projet – né de la volonté d’un professeur passionné, véritable enquête scientifique de terrain sur les origines et conséquences du réchauffement climatique aboutissant à des propositions de solutions formulées par les élèves eux-mêmes : Projet | Demain c’est nous (demaincnous-fenelon-larochelle.fr)
Améliorer le bilan carbone collectif
Comprendre son empreinte carbone et sa composition est crucial pour prioriser son action. C’est ce que tente de faire les associations Educlimat et ABC (Association Bilan carbone) grâce à des kits pédagogiques, des projets (à l’instar du projet PEBC) et des méthodes pour comprendre le bilan carbone de son établissement et agir pour le réduire.
Initiatives en partenariat avec les institutions publiques
De par leur mission de service publique, les offices et organismes affiliés à l’Etat mènent le plus souvent des actions au plus près de nos territoires grâce à un maillage territorial local dense. Cette proximité est l’occasion idéale d’étudier l’opportunité de projets et d’actions communes, ou tout simplement de s’inscrire dans les programmes déjà proposés à destination des scolaires.
En France, il y a par exemple le Parlement des enfants qui permet aux élèves de comprendre le fonctionnement de nos institutions et les possibilités d’agir par le biais d’un dialogue et propositions directes auprès de celles-ci.
Toutes les sessions ne sont pas consacrées à des dispositions de lois en faveur de l’environnement, mais à titre d’exemple la Session de 2020-2021 était consacrée à la thématique de “L’alimentation durable et équilibrée. (à noter, la session 2021-2022 est suspendue en raison des élections législatives de juin 2022, la prochaine édition est prévue pour l’année 2022-2023).
Au-delà de l’intérêt pour l’exercice démocratique et la compréhension par les jeunes citoyen.ne.s du fonctionnement des institutions, certaines propositions sont devenues des lois de la République (même si toutes les initiatives n’aboutissent pas nécessairement). Parmi les propositions à l’initiative du parlement des enfants, il y a par exemple “Les dispositions de la proposition de loi de la 12e édition visant à lutter contre la pollution due aux sacs plastique en rendant obligatoire l’utilisation de sacs uniquement biodégradables” qui ont été reprises dans l’article 47 de la loi n° 2006-11 du 5 janvier 2006 d’orientation agricole.
Les programmes de sciences participatives sont également très intéressants, à l’instar de ce que propose le Musée national d’histoire naturelle en France, le programme vigienature, auquel 6000 scolaires ont déjà participé, avec des résultats concrets permettant de mettre en évidence des données scientifiques nécessaires aux prises de décisions.
Les programmes d’aires éducatives (marines et/ou terrestres) proposés cette fois-ci par l’Office français de la biodiversité permettent de mener des actions concrètes pour la protection d’espaces fragilisés, n’importe où sur le territoire. Ce concept est né en 2012, aux Marquises (Polynésie Française), par la volonté des enfants de l’école primaire de Vaitahu qui ont souhaité protéger la baie se situant devant leur école. Une aire éducative peut être marine ou terrestre : on parle d’une AME (aire marine éducative) ou d’une ATE (aire terrestre éducative).
Mieux connaître son territoire est le premier pas pour l’aimer, connaître ses menaces et avoir envie de le protéger. En France, on peut également se rapprocher des services de syndicats mixtes de PN ou PNR (parcs nationaux ou parcs naturels régionaux), qui proposent souvent des partenariats avec les œuvres scolaires pour conduire des projets éducatifs avec les écoles du territoire. Exemple d’initiative ici. Il existe aussi des mesures équivalentes en Suisse.
Initiatives pour investir la transition par le champs artistique, socio-culturel et solidaire
Porter une attention particulière à son environnement ne se limite pas seulement à l’intérêt pour le milieu physique naturel. Il s’agit d’un tout, dans ses dimensions sociale, artistique, culturelle, qui amènent une réflexion, un engagement et un épanouissement holistique par l’expression de l’ensemble du spectre des compétences comportementales, communicatives, sensibles et créatives. L’attention à l’autre, particulièrement à nos aîné.e.s par ex., amène un travail sur la mémoire des personnes et des lieux et contribue à l’envie de préserver aussi bien le lien que le lieu. L’expression du corps dans toutes ses sensibilités, que ce soit de manière physique ou artistique, contribue à la connaissance de soi et de sa façon de se relier mentalement, physiquement et sensiblement à son milieu. Ce sont autant de champs à investir et à proposer à ses élèves dans une démarche pédagogique globale.
Resserrer le lien intergénérationnel
L’association Manou partages propose un cadre pédagogique pour établir des échanges réguliers entre milieu scolaire et établissements d’accueil des personnes âgées. Les bénéfices sont multiples à la fois pour les seniors et pour le public jeune, l’axe écologique peut être mis au cœur de la démarche : modes de vie anciens, transformation du paysage urbain, progrès technologique avec ses apports mais aussi ses impacts, quels savoirs anciens peuvent être remis au goût du jour ? Les démarches low tech, zéro déchet, minimalistes etc. pourront être mises en perspective par rapport aux enjeux modernes comme autant de solutions vertueuses et non régressives comme habituellement présentées par ses détracteurs.
Comprendre l’écologie par l’art
Au Maroc, l’association Ifker allie théâtre et écologie en faisant participer les élèves à des projets artistiques pour faire passer des messages écologiques, avec à la clé [sic] “la construction d’une éco-citoyenneté active et positive”.
Comprendre l’écologie par l’appropriation et l’éducation aux médias
Initier le jeune public à la pratique journalistique lui permet de travailler sens critique, créativité et sens de la communication ; autant de compétences essentielles pour appréhender les enjeux de la transition. Inscrire ses élèves comme l‘a fait le collège La Lionchère à Tence à un concours dans le cadre du « Sixième festival du reportage court France Monde – France Océans » organisé par l’association « Sur les pas d’Albert Londres » est une façon d’initier les jeunes au monde des médias.
Les élèves ont ainsi pu dans ce cadre réaliser un reportage court intitulé « Préserver l’eau des rivières tençoises », et apprendre par la même occasion à faire connaître une cause et la défendre, et ainsi sensibiliser à leur tour.
L’association organise annuellement des prix et festivals pour promouvoir le journalisme auprès des jeunes, et se saisit régulièrement de thématiques écologiques comme l’eau, le gaspillage, le commerce équitable, etc. Un aperçu ici de quelques courts métrages lauréats du concours 2018.
Devenir des citoyens du monde écoresponsables
Le partenariat écoles-ONG permet aux élèves une ouverture à l’international pour une éducation à la citoyenneté mondiale et solidaire. En Belgique par exemple le programme Annoncer la couleur est le programme fédéral d’éducation à la citoyenneté mondiale (ECM) et aux objectifs de développement durable, l’organisme porteur propose formations, ressources et accompagnement riches à destination de la communauté enseignante.
Pratiquer le sport de manière utile et écoresponsable
Trail Runner Foundation (TRF) est une association d’intérêt général. Elle a pour objet de sensibiliser le plus grand nombre à la protection de la nature et d’agir concrètement par un comportement éco-responsable au quotidien, notamment dans la pratique du trail, de la course à pied, de la marche sportive ou de la randonnée en milieu naturel. Elle accompagne à l’organisation d’événements sportifs (en lien avec la course à pied) écoresponsables, à l’exemple du collège du Pays des Luys à Amou dans les Landes.
Initiatives pour découvrir l’engagement éco-responsable en entreprise
Offrir la possibilité à ses élèves de découvrir des entreprises écoresponsables c’est leur montrer que le choix d’un métier épanouissant et à impact positif est tout à fait possible. Le choix de l’entreprise partenaire, tel que précisé en début d’article doit obéir à des règles éthiques et de neutralité essentielles à un partenariat de confiance.
Des initiatives avec l’entreprise Citeo à Lyon sont possibles par exemple autour de la thématique des déchets et du recyclage, telle l’initiative TriOMix ayant réuni des étudiant.e.s de l’Ecole Centrale Lyon et sa chaire Recyclage et économie circulaire. TriOMix a plus largement pour objectif de favoriser l’émergence de pratiques innovantes autour de la gestion des espaces urbains en associant en sus collectivités, startups, citoyens, etc. (pour aller plus loin, voir notre article rencontres avec la présidente de la chaire de Centrale Lyon et d’autres actions dans le l’enseignement supérieur).
Au Canada, le programme Forestery in the classroom parrainé par l’organisation à but non lucratif Forests Ontario met en relation écoles, communautés locales et bénévoles pour faire connaître les métiers de la foresterie et les enjeux d’une gestion durable des ressources. Des professionnels participent ainsi à la diffusion des pratiques autochtones traditionnelles, éthiques et écologiques et préparent les futurs charpentiers, soudeurs de bois, élagueurs, etc. en contribuant à sauvegarder des connaissances ancestrales respectueuses de la nature, en les diffusant dans le cadre de projets concrets pour les élèves tels que l’aménagement boisé de leur cour d’école ou par des séjours en immersion.
Des partenariats ambitieux qui changent nos visions de l’idée même de l’école
Certains projets se fixent des ambitions qui vont au-delà d’un partenariat limité dans le temps. Il s’agit dans ce cas d’une vision de l’école qui dépasse les représentations actuelles pour aller vers une vision plus ambitieuse. C’est le cas par exemple de Marpa-école, située en Indre-et-Loire, qui accueille à la fois des écoliers ainsi que des personnes âgées, dans une cohabitation totale, fructueuse et harmonieuse. C’est une vision qui reste atypique, mais qui se posera nécessairement comme une alternative de plus en plus réaliste et crédible dans un monde qui cherche à se construire, autour de solutions locales et de réseaux de plus en plus autonomes et de proximité.
D’autres acteurs de la société civile apportent également leur brique éducative par le prisme de la démarche et méthodologies mêmes de l’apprentissage, en transformant les manières d’apprendre ensemble et en outillant les élèves pour analyser les problématiques de leur monde et construire eux-mêmes leurs solutions. C’est le cas d’Eutopiques, association atypique qu’aucun sujet ne rebute : inégalités de genre, climat, immigration ; rien ne leur semble impossible à investir comme sujet éducatif et de société. Formée au CRI, sa co-fondatrice a insufflé à l’association l’ADN du programme éducatif Savanturiers, qui promeut l’éducation par la recherche.
L’écrivain et philosophe Georges Santayana pensait ainsi [sic] “… La plus grande difficulté de l’éducation, c’est de transformer les idées en expérience”, et nous savons que la démarche expérimentale nécessite l’observation, l’interaction, l’investigation, l’attention, l’analyse et la critique, l’implication. Ce sont autant de compétences favorisées par la multiplication des champs à explorer que proposera l’enseignant.e ou plus généralement l’éducateur.trice. Pour s’approprier les enjeux de transition écologique et solidaire de demain, imaginer de nouveaux horizons et surtout les rendre possibles, il est nécessaire non seulement d’amener nos enfants dans le monde mais aussi d’amener le monde vers nos enfants. Que de belles pistes et d’exemples inspirants ci-dessus, à chacun.e de s’en emparer !
L’article Bâtissons nos apprentissages avec les partenaires extérieurs ! est apparu en premier sur Profs en transition.
Répondre à cet article
Suivre les commentaires : |