Un article repris de la discussion ouverte animée par Laurent Marseault et Gatien Bataille en utilisant une retranscription de l’enregistrement réalisée en utilisant l’outil Scribe, logiciel libre diffusé par les CEMEA et enrichi de la prise de notes collaborative (pad) et du chat de la visio.
– lire l’article complet sur le wiki
– et pour celles et ceux que le sujet intéresse la proposition d’un cercle apprenant "Robustesse et enseignement"
Laurent : Assez souvent, tu dis voilà, on a un enseignement qui, pour l’instant, est plutôt basé sur la performance la mise en compétition, etc. Tu l’as un peu, écrit mais j’aimerais t’entendre, autour de cela : quels seraient les ingrédients pour que l’on ait un enseignement qui éduque un peu plus à la robustesse ?
Olivier Hamant : La première chose, c’est qu’il faut que le cadre scolaire soit fluctuant par définition. Des élèves, si on les met sur une chaise à la même place, à la même distance les uns des autres dans un cadre hyper normé il ne faut pas réver, s’ils vivent dans un monde de l’hyper contrôle, ils vont être des addicts du contrôle, ou ils vont être en réaction, mais du coup, ils vont être orthogonaux, ils ne vont pas être valorisés dans leur orthogonalité au contrôle.
Un monde fluctuant, typiquement, c’est l’école du dehors. Allez faire une classe dehors, là, forcément, il y aura des fluctuations, puisqu’il y aura du vent, il y aura de la pluie,des branches qui vont tomber, des abeilles qui vont passer par-là, etc. Cela va ajouter du jeu dans les rouages et quand il se passe cela dans une salle de classe, on est sécurisé parce qu’on est dans un groupe où ce qui fait la sécurité, c’est le lien aux autres. Et en plus, quand arrivent des fluctuations, on fait attention aux autres, on s’occupe de ce qui se passe. Quand il ya une branche à transporter, on va se mettre à plusieurs pour la transporter, s’il y a quelque chose qui tombe, s’il y a de la pluie, s’il y a un manteau à donner.. etc, on va être un peu plus attentif aux autres. C’est une école de la coopération par le lien aux non humains. C’est quand même pas mal ! Donc, ce serait un moyen de casser cette école de la compétition.
Laurent : un cadre fluctuant et là, tu as commencé à rajouter un ingrédient supplémentaire, c’est peut-être d’éduquer à la coopération, cela se traduirait comment ?
Olivier Hamant : Pédagogiquement, c’est plutôt des profs qui posent des questions que des profs qui apportent des réponses. Ça veut dire pour un prof, dans une école de la coopération, (il ne fait pas que ça, il y a toute une toute une variété) un des outils, c’est : un prof pose une question sans apporter la réponse, ce sont les élèves qui, collectivement, doivent trouver des réponses à cette question. Et du coup, c’est très intéressant parce que non seulement ils ont accès à plein de données, plein d’informations qu’ils vont aller chercher. Donc, ils vont apprendre à chercher de l’information, ils vont trouver les sources, ils vont se refiler des tuyaux les uns les autres mais aussi ils vont trouver des informations contradictoires. Ils vont devoir défendre les informations qu’ils ont trouvées et voir les contradictions résoudre des conflits, voir si ce sont différentes cultures, différentes traditions, qui font qu’il y a un peu trop de biais sur une information plutôt que sur une autre. Tout ça, c’est de la coopération finalement, et il y a un moment, où il va falloir se mettre en retrait et se dire, en fait oui, je suis d’accord pour dire que moi, ce que j’ai trouvé là, c’était peut-être plutôt un point mineur, et je suis d’accord avec toi, ça, c’est une information qu’on peut mettre en avant. Il y a des choix à faire, et c’est ça, la coopération finalement ; ça veut dire parfois ne pas se mettre en avant au profit de la connaissance globale. Collectivement, c’est un travail d’équipe qui remonte, pas vraiment pour le professeur mais pour le reste des élèves. La reconnaissance des élèves n’est pas une note qu’ils obtiennent du professeur, c’est quant les élèves, l’équipe d’élèves partagent leurs découvertes avec les autres. Ça, la reconnaissance au sens presque physiologique du terme, il y a beaucoup de reconnaissance quand on explique quelque chose qu’on a appris.
Laurent Est-ce que ça voudrait dire aussi, une école qui plus ouverte sur les questions posées, les réponses trouvées, au niveau de la société. J’étais, il n’y a pas longtemps dans une université qui est en train de se rénover du côté de Marseille, avec maintenant de jolis portiques, avec des vigiles à l’entrée. Ce qu’on voit, c’est que, du coup, l’enseignement commence à être de plus en plus enkysté. Il y a peut-être aussi cette notion de porosité avec la le territoire ? Qu’en penses tu ?
Olivier Hamant :C’est une porosité qui n’est quand même pas totalement libre. L’école est quand même un peu un sanctuaire, dans le sens où on prend du temps, on s’arrête pour apprendre et donc ce serait plutôt une membrane. En effet, c’est une porosité des ses membranes où le territoire, la limite du territoire école est bien déterminée. Quand on est à l’école, on est à l’école, pas à la boulangerie, on est ailleurs à un moment d’apprentissage, mais par contre on peut aller dehors et ceux de dehors peuvent rentrer dedans aussi. Il y a une forme de porosité mais cela ne s’ouvre pas complètement, en tous les cas, il y a une définition du territoire.
Laurent pour un tour des remarques : Il y a des commentaires dans la discussion sur Jacques Rancière et le maître ignorant. Et une autre en réponse à la difficulté de mettre cela en place dans l’éducation nationale qui rappelle que l’enseignant est libre de sa pédagogie et donc, du coup, c’est plus une question de posture des enseignants qu’une question complètement de hiérarchie.
En liens dans les échanges :la maturité coopérative de Patrick Beauvillard, le modèle d’école ouverte où les enfants bougent ; expérience en éducation nature environnementdepuis plus de 30 ans ; la classe dehors ; vidéo : Éduquer et enseigner dehors ; Commun d’Accompagnement des Transitions : entre les plis ; apprendre à prendre des décisions robustes en incertitude (travaux de Thomas Houy).
Dans quelle mesure le milieu académique pourrait devenir exemplaire en la matière ? est-ce que c’est l’école qui doit changer dans ses marges, ou est-ce qu’il faut attendre que ça bouge dans sa centralité, sachant que quelqu’un a dit au tout début : faire bouger le mammouth. bon courage ! Par où on commence ? comme on en avait discuté lors du du premier café robuste.
Olivier Hamant : Pour moi, il faut commencer de tous les côtés. On peut partir de la base, des écoles de village où il y a plusieurs classes en même temps, là, on est obligé de faire des porosités entre les âges. Cela peut être aussi très vertueux de faire de la coopération inter classe. Je suis aussi d’accord sur l’importance de l’académie qui peut être un grand catalyseur, lorsque l’institution embrasse cette nouvelle thématique. Par exemple, dans l’académie lorsqu’une place plus forte est donnée à la recherche participative et aux sciences citoyennes. Cela veut dire des recherches qui sont moins valorisées pour sa carrière à publier. Ce sont des recherches beaucoup plus situées, ce sont des chercheurs qui vont avec des citoyens du coin pour poser une question ensemble.
Ce ne sont pas des citoyens qui répondent à une question ; les chercheurs et les citoyens, ensemble, identifient une question sur laquelle travailler dans un territoire donné. C’est très mal valorisé en termes de facteur d’impact, parce que c’est très situé et cela répond à des problématiques très locales. Donc, on va pas publier dans Nature & science quand on fait ce genre de travaux. Donc, en terme de carrière, actuellement avec les critères de performance, ce n’est pas valorisé ou très peu valorisé. Par contre, c’est comme ça qu’on refait du lien en société et cela peut être valorisé d’une autre façon pour remettre les universités au coeur du village, de la ville.
Les sciences citoyennes sont un très bon moyen pour non seulement, redonner du sens à ce que qu’est la recherche, pourquoi en fait la recherche ; en fait, quand on est chercheur, c’est qu’on veut transformer le monde, aller quelque part ; ce n’est pas seulement de la connaissance pure et dure ; il y a aussi un effet catalyseur du changement. Si les écoles et les universités commencent à se sortir du tout performant, alors là, oui, en effet, dans les écoles primaires, etc. après cela fera sens, on sera aligné sur cette idée-là.
Laurent une personne demande où est-ce que ça existe ? As-u des exemples de sciences citoyennes pour illustrer tes propos ?
Olivier Hamant : En France, il y a tout un réseau de sciences citoyennes, avec une association qui s’appelle sciences citoyennes, il y a les ateliers d’écologie politique à Toulouse. Ce sont des chercheurs « défroqués »j’ai envie de dire, qui cherche à répondre à la question socio-écologique avec des citoyens dans leurs territoires. Des ateliers d’écologie politique maintenant, il y en a partout sur le territoire, à Lyon, cela s’appelle la fabrique des questions simples. J’étais à Rennes la semaine dernière, il y en a aussi ; ça commence à essaimer dans le territoire ; c’est souvent des chercheurs qui, un peu comme Aurélien Barrau, commencent à se demander mais à quoi sert la recherche ? faut-il arrêter la recherche ? En fait, c’est une réponse au débat : il y a toujours besoin de recherche, mais il y a un meilleur équilibrage à trouver entre une recherche qui est un peu pure, au sens de la science pour la science et une recherche avec les citoyens, pour le territoire et, en fait, les deux se parlent beaucoup, notamment pour la recherche appliquée, où il y a des choses à faire ; passer de la recherche appliquée à de la recherche impliquée où c’est avec les citoyens que l’on va trouver les questions et des réponses.
Laurent : Quand je t’ai posé la question qu’est qu’est-ce qu’il faudrait faire et est-ce qu’il y a des exemples ? il y a une tripotée, d’exemples qui sont arrivés dans la discussion, Donc, là, il y a plein de ressources et n’hésitez pas à les mettre sur le site, la robustesse.org, pour qu’on puisse cristalliser la connaissance quelque part. Deuxième chose qu’on voit, c’est que des gens qui expérimentent une il faut en mettre dans tous les sens et je paraphrase un certain michel b, qui est plutôt du côté de la bretagne, qui dit « c’est bien de d’expérimenter, mais il faut documenter, il faut partager sincèrement’ pour que, du coup, ce qui est expérimenté quelque part, être une réussite ou un échec, puisse servir à d’autres. Et trop souvent, il y a plein de choses qui se passent, mais ne sont pas documentées et, surtout, ne sont pas rendues visibles, dans le sens où on ne fait pas assez de partage sincère vis-à-vis de l’extérieur. Qu’en penses tu ?
Olivier Hamant
:Tout à fait d’accord. C’est typiquement dans la coopération ouverte les exemples qu’on partage ; en effet, il faut les documenter, il faut les partager. Mais tu le dis très bien, je ne veux pas le re-dire non plus, je suis tout à fait d’accord ; et c’est un des aspects du site larobustesse.org justement de partager, d’être une plateforme de partage.
Laurent : dans les échanges : l’enseignement peine à recruter. ; le ministère de l’éducation nationale cherche à homogénéiser les cours pour pouvoir recruter des niveaux licence et que chacun ait les mêmes cours. Cette perte de richesse et de diversité est un danger pour la société. Que faire face à cette dégradation ?
Olivier Hamant : Oui, c’est une dégradation, on tend vers l’optimisation, c’est de la simplification par optimisation, donc performante. Ce qui est intéressant, c’est que ça ne va pas marcher, quand on recrute des gens, ils von. gagner leur liberté, ils vont explorer, expérimenter. Je serai assez confiant dans la nature humaine quand même, pour ne pas en rester à un soldat. Dans un cadre performant, à mesure que ça va fluctuer, de plus en plus il n’aura pas le choix, il va falloir expérimenter, explorer. Si on fait une année de classe et que ça ne marche pas, la deuxième année, on essaye de faire autre chose ; on va explorer quoi qu’il arrive. Si on arrive à avoir du personnel, qu’on sécurise la présence des enseignants dans les écoles. à mon avis, on expérimentera, on explorera, on diversifira.
Laurent : toujours autour de l’enseignement, est-ce que, la piste, c’est plutôt d’instiller des conditions de robustesse dans l’enseignement ou est-ce que ça vaudrait le coup ? de faire. un bac + 3, un master de Robustesse ? est-ce que ça aurait du sens ?
Olivier Hamant : La robustesse, c’est plutôt une valeur transversale, qu’on soit en architecture, en géographie, en anthropologie, la robustesse, elle peut être un peu partout, elle est partout quelque part. Ce qui pourrait être intéressant, c’est d’avoir, d’imaginer une sorte de garde-fou de la robustesse, des vigies de la robustesse : est ce qu’on n’est pas en train de basculer dans de l’hyper optimisation, ça se traite mais c’est plutôt pour Sciences Po. C’est peut-être là qu’il y aurait le plus de travail à faire. Je ne suis pas sûr qu’il y ait besoin d’un mastère robustesse.
Laurent dans les échanges : ce serait plutôt un état d’esprit, et donc une valeur éducative. Et quand tu dis qu’il faut aider des gens pour qu’ils soient vigilants, est que tu commences à voir une sorte de « robustesse- washing » ?
Olivier Hamant
: En fait on peut utiliser ce mot rapidement si on n’a pas trop creusé le sujet : par exemple la robustesse c’est solide, je suis une entreprise solide et donc robuste ? si on ne s’est pas trop posé de questions ; on commence à voir des expressions comme la robustesse au service de la performance, avec des contradictions dans le texte.
Une autre chose, c’est que la robustesse est forcément multi échelle, ce qui veut dire que on peut pas être robuste à un endroit sans être robuste à une autre échelle. C’est l’exemple que je prenais juste avant : si une entreprise est très robuste mais qu’elles est au service du fast-food de la fast-fashion, cela va toujours être toxique. Et inversement une association qui serait au service de la réussite du territoire, mais qui serait dans le pouvoir, dans la performance en interne, cela ne marche pas non plus.
https://www.innovation-pedagogique.fr/ecrire/?exec=article_edit&new=oui#
Donc y a à la fois du robustesse washing quand on n’a pas vraiment creusé la notion et que l’on surfe juste sur la vague et il y a aussi, même si on a creusé la notion, ne pas forcément se rendre compte que la robustesse, est forcément dans la santé commune ; ce qui veut dire santé humaine, santé sociale, santé des milieux naturels, et il faut bien indiquer la robustesse dans les trois santés, sinon on rate le coche.
Laurent : Tout à l’heure, tu parlais de, je pense à d’autres personnes partagent la notion de de grammaire et de vocabulaire.
Olivier Hamant : La robustesse c’est du vocabulaire : des mots avec une définition un peu lâche, d’ailleurs, qui peut comme ça, embarquer plein de choses, c’est du vocabulaire. La santé commune, c’est la grammaire, cela permet de décliner la robustesse dans les territoires et donc d’être sûr qu’en fait la robustesse transversale va de l’humain jusqu’au territoire et du territoire jusqu’à l’humain. On habite le territoire, mais le territoire nous habite. La robustesse est transversale et la santé commune, c’est une façon de décliner le territoire, la robustesse dans son territoire.
Laurent : Il y avait une question : comment rendre un collectif citoyen, donc un collectif à priori territorialisé, robuste ? comment on enseigne ? En se plaçant plutôt dans l’enseignement tout au long de la vie ? as-tu des témoignages, des astuces autour de ce sujet ou, en tout cas, qu’est-ce que cela t’évoques ?
Olivier Hamant : L’enseignement tout au long de la vie, c’est l’exemple typique où on s’autorise à avoir des fluctuations ; on génère soi-même des fluctuations, parce qu’on va apprendre de nouvelles choses si on décide de reprendre des études, cela veut dire qu’on va casser son rythme de vie ou en tout les cas changer son mode de vie et cela se prépare, ce sont aussi les séjours sabbatiques, par exemple. qui sont une fluctuation dans une carrière.
Tout ça construit la robustesse, puisqu’on ne se canalise plus, on ne reste plus dans un domaine d’expertise très confortable et puis, le jour où le monde change, on est désemparé parce qu’on en a trop mis de billes dans cette voie-là. Donc la formation continue, la formation tout au long de la vie, des allers-retours entre l’université et le milieu du terrain permettent une robustesse, et c’est très sécurisant parce qu’on ajoute des cordes à son arc et on se rend compte qu’on est toujours créatif qu’on est toujours capable de changer de voie. C’est très rassurant aussi et c’est plus riche aussi ; on ouvre plusieurs chemins dans sa vie.
Laurent : un petit témoignage mentionné : j’ai vu des conférences qui se rattachaient à vos travaux, mais qui confondait robustesse et performance en entreprise, et une quetions : cherche-t-on un idéal de la robustesse ou pouvons-nous commencer à tester des choses pour s’approprier progressivement la robustess et apprendre ce qu’elle quitte à ne pas être parfait au début ?
Olivier Hamant : La robustesse, on ne l’atteind jamais, il faut être clair, on est tous à visée robuste quand on est sur le chemin de la robustesse on est à visée robuste, mais on n’est pas robuste. Et je vais forcer le trait, même si on arrivait à cent pour cent de robustesse, ce serait fragile, parce que dans le monde robuste, il faut de la performance, il en faut un peu, c’est le moment de la fièvre pour nous ! on augmente la température pour augmenter la performance, c’est le système immunitaire, c’est le pompier qui va au feu, qui fait de la performance de façon transitoire. Donc, dans le monde de la robustesse, de toute façon, il y a une part de performance. C’est ce qui est délicat, ce n’est pas radical, un idéal de robustesse cela me fairait peur c’est que si c’est un idéal radical, ça devient fragile et ça redevient performant puisqu’on exclue complètement la performance. La robustesse inclut une part de performance mais transitoire : on sait que c’est un moment de moments de violence, un coup de bourre, mais qui est transitoire. qui permet de passer des fluctuations transitoires.
Laurent, question inversée : est ce que tu aurais une question à nous poser, un truc sur lequel on pourrait t’aider ?
Olivier Hamant : Sur l’enseignement, l’éducation et robustesse, je vous ai donné l’exemple des profs qui posent des questions, de l’école du dehors, la question que j’aimerais vous poser, c’est : dans vos formations parce qu’on fait tous des formations à un moment ou un autre, quelles ont été les conditions qui ont permis aux savoirs de rester dans la durée ?
des contributions des participant.e.s
Un exemple que les étudiants soient autorisés à prendre des notes collectives et transmises à la promotion suivante. Un exemple où, effectivement, il y avait un espace de thésaurus avec tout un tas de communs au niveau de la formation et un moment qui était un peu mis en scène, ou la génération précédente transmettait les contenus à la génération suivante. Voilà, bon, on a fait ça, et ça, on est vraiment content ; ça, par contre, on n’est pas forcément content. Et on se débrouille pour que ces contenus soient ouverts, pour que ces contenus ne soient surtout pas sur les espaces numériques de travail de l’université fermés pour lesquels dès que les étudiants ne sont plus étudiants, ils n’ont plus accès à la connaissance. Donc, là, il y a une technostructure qui a été mise en place qui continue à être accessible, tout au long de la vie
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Un autre exemple : je pensais à un vécu à partir de l’école maternelle dans une école où on fait une mixité au niveau des âges et, tout naturellement, spontanément, les plus âgés transmettent la connaissance aux plus jeunes.
J’ai travaillé dix ans dans la formation continue universitaire et le fait de pouvoir choisir ce qu’on étudie, l’approfondir, le mettre en pratique, l’adapter avoir des évaluations qui sont orientées sur l’activité, c’est donner un sens immédiat cela soutient énormément l’ancrage des apprentissages, à mon sens.
Pour répondre à la question d’Olivier, je retiens bien, quand je suis touchée. Je pense pas mal de personnes fonctionnent sur ce côté qui n’est pas très rationnel et se dire que quand on est touché ce c’est là que tout se joue en fait. Donc comment est-ce qu’on peut augmenter le spectre pour toucher les gens dans ce qui est important pour eux, au travers de la robustesse. C’est pour moi l’enjeu.
Laurent : J’ai noté, dans les gens qui réagissent : apprendre en faisant, l’expérimentation qui permet un resenti physique, le jeu comme vecteur de proprioception, des exemples concrets, le co-apprentissage, avec comme exemple cité les jardiniers du nous, on travaille en ligne avec un outil propriétaire, je laisse le contenu ouvert à vie pour que les personnes accèdent au contenu qu’elles ont créé, enseigner en mode coopératif.
Olivier Hamant : Je suis assez d’accord créer des moments d’arrêt. Le temps s’arrête et du coup, on interagit plus, on apprend mieux, plus longtemps.
Gatien : Dans les formations, quelles ont été les conditions pour que les savoirs restent dans la durée ? Cela a déjà été évoqué : le fait de les déposer sur une plateforme ; mais j’ai envie de rajouter sous un format juridique qui permet la réappropriation. Donc peut-être pas le droit d’auteur classique, mais avec des licences qui protègent le commun comme quelque chose qui peut se diffuser plus largement et plus facilement, et peut-être d’expliciter clairement, les statuts des productions et comme par exemple, dans un projet qu’on a mené, on a clairement dit : ben voilà, on dépose nos contenus de formations au 31 décembre 2023 ; ils sont sous cette forme-là, vous pouvez tout récupérer, la licence le permet et, par ailleurs, voici les pistes que nous on avait envisagé pour pour la suite ; si certains ont envie de continuer, vous allez pouvoir les développer, allez-y ! Si vous pensez que les pistes qu’on avait évoqué ne sont pas les bonnes, mais allez-y aussi, du moment que vous respectez la licence et que ça continue à faire du bien commun qui se partage. Voilà, je mets le lien qui explique cela.
Laurent : Est-ce que, du coup, il y a une notion de de stigmergie, de laisser des traces ? on laisse des traces pour que d’atres puissent s’en ressaisir ?
Gatien : Oui c’est complètement ça, et c’est complètement relativement expliqué dans ce lien. C’est vraiment ça se débrouiller pour que le projet. fonctionne en mode stigmergique et que les traces laissées puissent permettre à d’autres, dont on ne connaît pas ni le contexte ni la temporalité puissent s’en ressaisir après.
ndr c’est aussi l’esprit de la mise en ligne des échanges des café robustesse
Olivier Hamant : On peut aussi avoir un savoir plus ancré, dans une démarche personnelle. Aujourd’hui, n’importe quel étudiant peut faire un très bon rapport de mémoire de master avec les IA génératives donc quelque part on pourrait être amené à évaluer autre chose : faire en sorte que les savoirs soient plus robustes et pas simplement des savoirs circonstanciés par rapport à un cours donné ou un exercice donné.
Participante : Je me permets d’intervenir en résonance avec ce que vient d’être dit. Je pense qu’un élément essentiel, et pas qu’à l’école, c’est de développer l’esprit critique. parce que, effectivement, dans l’apprentissage, ce qui est important, je pense aussi, c’est qu’ils rendent pragmatiques les apprentissages et qu’ils en fassent vraiment quelque chose. Et parfois, il y a des choses qui restent à un niveau élevé. Est-ce que les enfants, les adolescents, les troisièmes cycles, y accèdent ? pas réellement. Et donc, je proposerai de susciter cet esprit critique et de eux-mêmes, questionner un peu plus loin les choses. Parce que, pour parler de l’IA, ce qui est important et intéressant, c’est de l’utiliser en ayant réfléchi avant et je pense qu’il faut l’apprendre aux enfants.
Laurent : ou de ne pas l’utiliser ?
Olivier Hamant : Je ne suis pas sur qu’il ne faut pas l’utiliser, cela fait partie aujourd’hui de l’évolution et je pense qu’il est indispensable de savoir l’utiliser de « bien » l’utiliser, mais on ne peut pas passer à côté et je pense que tout le monde devrait être formé, même les gens qui ne sont pas à l’école ou qui sont en entreprise, mais ça, c’est mon point de vue.
Laurent : monsieur Hamant est ce que vous avez une réaction ?
Olivier Hamant : Il y a des choses qui commencent à arriver dans les examens, notamment. Depuis deux ans, on a vu que les étudiants utiliser l’IA pour répondre dans plusieurs écoles, et du coup cela fait des textes assez médiocres, dans la moyenne. Cela commence à se voir et donc maintenant, il y a deux stratégies dans les mains. Poser à la première question voilà ce qu’une IA a généré ; qu’est-ce que vous en pensez ? Et du coup générer un esprit critique. Et ce qui est intéressant, c’est que dans les questions suivantes, on se rend compte que les étudiants répondent en utilisant beaucoup moins de liens. Parce que la première question, suscitait l’esprit critique sur l’ia. Donc, après finalement, il y a un peu une résistance pour ne pas dire on va l’utiliser, mais on la met dans un second ordre et on va d’abord essayer de réfléchir.
Le côté intéressant de l’IA c’est la sérendipité d’être exposé à des choses qu’on n’a pas attendues et cela peut être positif. Tout le reste, c’est quand même très compliqué de tirer quelque chose de positif de l’IA. Pour moi, il y a deux difficultés :
La consanguinité, donc le fait que les IA produisent beaucoup de contenus et que l’IA se nourrit du contenu produit par de l’IA ; c’est le syndrome du photocopieur : à force de photocopier, la photocopie perd en substance. En biologie, c’est ce qu’on appelle la consanguinité, quand on n’arrête pas de se recopier les uns les autres et en fait on perd en caractères, on perd en robustesse, on devient très homogène et ça devient très fragile.
Et l’autre chose qu’est l’effet s’endormir au volant : si une ia est très performante, on va vérifier la première fois, mais au bout, de cent fois on ne va plus vérifier. Mais vu que cette IA est en train de se dégrader, on ne va pas se rendre compte qu’on a une IA et de moins en moins fiable, jusqu’à l’accident fatal qui va nous surprendre tous parce qu’on ne sait plus très bien où est-ce qu’on n’a plus été vigilant.
Aujourd’hui, on est un peu comme des enfants face à un alien qui arrive, et en effet, il faut avoir un esprit critique. Mais j’ai quand même une question sur la trajectoire de l’IA, pour l’instant, telle qu’elle est conçue l’IA ne peut pas nous offrir un avenir robuste, je n’y crois pas. Peut-être que ça va évoluer, mais pour l’instant c’est trop stérile.
Laurent Il y a une proposition de Michel de créer un cercle apprenant sur robustesse et enseignement. On va mettre cette proposition, sur le site robustesse et voir si des personnes s’inscrivent avec si les préoccupations sont différentes, en primaire, dans le supérieur, une possibilité d’un ou plusieurs groupes.
Gatien : on peut mettre en place une petite liste de discussion ou un truc comme ça, Sur un autre volet : comment démocratiser les communs, Je pense par exemple à la plateforme, sator, coment, effectivement on pourrait mettre des plateformes comme ça, au service des communs Et puis, pour rester dans les médias, il y a aujourd’hui une coopérative s’appelle la coop des médias, il y a aussi peut-être, des choses à imaginer avec d’autres acteurs dans un mode transverse pour voir comment on peut faire évoluer aussi les communs et l’ouvrir au plus grnd nombre ?
Laurent cite la remarque : La formation continue est essentielle. On ne peut pas tout mettre sur le dos des jeunes générations Elle revient sur l’idée de former tout au long de la vie. et effectivement on ne peut pas dire : nous on a fait, on a fait des choses qui ne sont pas pas forcément glop et comment se débrouiller pour que la dette soit assumée par les générations futures ?
Olivier Hamant :Je suis d’accord, assez souvent, c’est une sorte d’échappatoire les nouvelles générations ont tout compris, elles vont tout résoudre. Oui et non. Mais surtout, il faut que les générations actuelles accompagnent, s’engagent et il n’y’a même pas d’excuse à ne pas le faire, justement parce que on est dans une position où on est plus agé et quand on est plus âgé, on a plus de pouvoir, normalement on est un peu plus inséré dans la société. Aussi, souvent, on va pas se délocaliser nos responsabilités aux jeunes qui sont pas encore dans des positions de pouvoir. Donc donc, c’est à nous de faire le boulot d’abord.
Autres remarques dans le chat : La robustesse est donc fractale ? En parallèle de la vigilance, peut on aussi mettre en route une dynamique de démultiplication des propositions en s’appuyant sur la trilogie ; Si une formation spécifique n’est pas adapté, est ce que de la formation continue peut être adaptée ? Inscrire la robustesse dans l’université populaire ? Si la robustesse ne peut pas être au service de la performance, l’inverse est-il possible ? Je précise : si on est performant sur des tâches "bêtes et cons" et de manière construite et réfléchie, peut-on utiliser cette performance pour se libérer du temps et créer de la robustesse au sein du groupe, de l’espace pour se passer à terme de ce moyen de performance ? est ce que l’expérimentation permet un ressenti phsyique ? Est ce que la transparence (dans un collectif) n’est pas un facteur de de performance ? Apprendre en faisant ; une pluralité de méthodes, Enseigner en mode collaboratifinterview de Bénédicte Gastineau, enseignante en Master 2 « Mathématiques appliquées aux sciences sociales » ; remettre la focale sur nos propres ressentis au dépend de la conformation aux injonctions ; L’Ecole Moderne de Ferrer n’est-elle pas une piste robuste d’enseignement ; IA : une antidote avec les biais cognitifs de Daniel Kahneman ? Les généraux des pays ayant la bombe atomique se réunissent pour que les individus gardent la main dessus, pour ne pas laisser les algorithmes gérés les bombinettes car ils voient bien comment un battement d’ailes de papillon…. Et aussi apprendre à désapprendre ; s’acculturer à la coopération, un pré-requis nécessaire pour aborder la question de la robustesse ? et sur le pad : Un très bon livre d’Eric SADIN : La vie spectrale
Gatien : Il y a peut-être une dernière question qu’on peut prendre : la notion même de méthode pédagogique est-elle compatible avec la robustesse ?
Olivier Hamant : Si c’est la méthode pédagogique, c’est sûr que non ; alors peut-être les méthodes pédagogiques. Déjà, si c’est pluriel, ça sera certainement plus robuste. Et puis méthode, en effet, s’il y a un programme, par exemple, c’est incompatible avec la robustesse. La robustesse pédgogique c’est accepter qu’il y ait des trous dans la raquette ; on aura plutôt formé des coopérateurs qui sont capables d’apprendre. Donc, la pédagogie, c’est plutôt apprendre à apprendre, ce n’est pas l’apprentissage, c’est plutôt apprendre une méthode, « Je t’apprends une méthode ».
Gatien : Je lance une lourde invitation à tous ceux qui, toutes celles qui veulent de d’aider à faire cette documentation sur larobustesse.org, ça nous aide de tous, ça nous enrichit tous.
La procédure, c’est soit vous avez une question précise qui a été soumise aujourd’hui, vous la déposez. Il y a un petit bouton qui permet de déposer la question et vous pouvez tout de suite y ajouter la réponse. Si maintenant, la question existait déjà dans la dans la FAQ qu’elle et qu’elle a été répondue, vous pouvez rajouter la réponse à une question déjà existante.
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