La jeunesse est une période durant laquelle priment l’envie de liberté et les prises de risques. La santé n’est a priori pas une priorité pour les jeunes Français, si l’on en croit les résultats des sondages. Cependant, les sévères perturbations engendrées par la crise du Covid-19 dans leurs études, leurs choix d’orientation et leur travail ont abouti à une dégradation de leur bien-être mental.
Le niveau de stress psychologique est ressenti plus fortement chez les jeunes adultes, âgés de 18 à 25 ans. Une étude Ipsos révèle que trois quarts d’entre eux ont ressenti de la tristesse ou de l’anxiété et la moitié un sentiment d’isolement dans le contexte de la pandémie.
À lire aussi :
Comment la pandémie aggrave le mal-être des étudiants
Le genre joue un rôle important dans la manifestation des troubles psychologiques des jeunes adultes, puisque les femmes souffrent davantage que les hommes de l’isolement social, à l’origine d’une baisse de leurs résultats scolaires.
Nouvelles pratiques
Avec la crise sanitaire du Covid-19, les jeunes ont été confrontés à un virus qui, au départ, ne semblait pas les atteindre, mais qui, aujourd’hui, les touche directement, à travers les désorganisations sociales et économiques causées par les mesures sanitaires. Désormais, pour 92 % des jeunes, il est important de parler de santé mentale et 80 % d’entre eux déclarent que ce sera même l’élément le plus décisif en 2030.
La question qui se pose aujourd’hui, et qui constitue l’enjeu de la recherche de demain, est de savoir comment faire face aux troubles psychologiques générés par la crise sanitaire, et leur impact sur le long terme. Qu’en est-il alors de la méditation, outil de développement personnel et de gestion de l’anxiété aujourd’hui très médiatisé à travers des applications en ligne ?
Les jeunes qui, dans le passé, étaient gênés de révéler qu’ils méditaient le déclarent aujourd’hui sans crainte. 47 % des 18-34 ans auraient déjà pratiqué la méditation pour s’échapper du climat anxiogène engendré par la crise sanitaire, contre 32 % des plus de 55 ans.
Une recherche initiée en 2020 avec Carole Daniel, professeur à Skema Business School, sur un échantillon de jeunes professionnels (moyenne d’âge 35 ans), révèle les bienfaits de la pratique de la méditation pleine conscience, plus particulièrement du programme crée par John Zabat Zinn « Réduction du Stress par la Pleine Conscience » ou MBSR.
Ce programme comprend 8 séances hebdomadaires de deux heures trente, auxquelles s’ajoute une journée en silence. En complément, les participants sont invités à pratiquer quotidiennement chez eux (6 jours sur 7, entre 20 et 45 minutes, avec l’aide de fichiers audio).
À lire aussi :
La preuve par trois : la méditation va vous faire du bien
L’étude en cours révèle des différences intéressantes selon les deux groupes de pratiquants (306 personnes ayant suivi un programme MBSR) et celui des non pratiquants (196 personnes n’ayant pas suivi le programme MBSR).
Les résultats montrent l’intérêt de suivre un programme MBSR pour lutter contre les addictions, puisque les jeunes pratiquants obtiennent des scores d’addiction inférieurs à ceux des non pratiquants (score moyen de 2,51 sur 5 pour les pratiquants contre 3,50 sur 5 pour les non pratiquants concernant l’échelle d’addiction au smartphone ; et score moyen de 2,68 sur 5 contre 3,12 sur 5 concernant l’échelle d’addiction au travail).
Outils numériques
Le temps où il fallait chercher un centre de méditation pour suivre un programme de méditation sur une longue période est révolu. Méditer via son smartphone s’est intégré dans les pratiques de la nouvelle génération, signe d’un besoin de se recentrer sans pour autant se déconnecter.
À lire aussi :
La pleine conscience, victime de son succès
Le nombre de nouveaux inscrits aux séances quotidiennes suivies sur l’application star de méditation, Petit Bambou, a triplé, passant de 5000 à 15 000 nouveaux utilisateurs par jour. D’autres pratiques de méditation, intégrées à l’application Headspace Mini, espace sécurisé de Snapchat, ont été conçues pour soutenir la santé mentale et le bien-être des jeunes Snapchatters.
Par exemple, « Choose Kindness » est une mini-méditation axée sur la pratique de la bonté qui peut changer la façon dont nous nous montrons dans le monde et dont nous traitons les autres. Ou encore, « Take on the School Year » est une mini-méditation axée sur les sentiments d’inquiétude, d’anxieté, d’isolement qu’ont pu éprouver les jeunes à l’école. À noter qu’au cours du premier mois de fonctionnement, plus de 5 millions de participants à Snapchat ont utilisé Headspace Mini, ce qui indique que les outils et les ressources en matière de santé mentale sont bien accueillis par ce jeune public.
En quête de sens, dans leur vie quotidienne comme dans leur façon de travailler, les jeunes privilégient la construction personnelle et la recherche d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Leur intérêt pour la méditation montre qu’il ne s’agit pas d’un épiphénomène en réponse à la crise sanitaire, mais avant tout une manière de vivre au quotidien et l’art de cultiver l’unité corps-esprit.
La méditation marque une tendance de fond qui est en train de porter une révolution à l’intérieur même de la société. Ce recentrement sur soi est un effet de la sécularisation qui correspond à un nouvel âge et à une vision ésotérique du monde, comme l’a précisé le professeur en histoire de la philosophie Wouter Hanegraaf.
Elodie Gentina ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.
Répondre à cet article
Suivre les commentaires : |