En 1997, le champion du monde d’échecs, Garry Kasparov, est battu par l’ordinateur Deep Blue d’IBM. Le lendemain, des journaux titraient : « Si votre métier ressemble aux échecs, préparez-vous à en changer. » Pourtant, vingt ans après, notre système éducatif est toujours basé sur la mémorisation et le calcul alors que n’importe quelle machine effectue ces tâches de manière plus performante que l’homme. Nous sommes en train de vivre une transition majeure dans l’histoire de notre évolution : le développement des intelligences artificielles et les découvertes en génétique posent deux défis inégalés à l’espèce humaine.
Comment expliquer, dans ce monde en pleine mutation, que l’éducation, la recherche, notre conception de l’apprentissage n’est pas bouleversée ? Quelle est la place de l’humain dans un monde de machine ? Comment s’appuyer sur la technologie pour développer notre intelligence collective ?
Dans son dernier ouvrage, François Taddei plaide pour une approche révolutionnaire du savoir. Il nous propose d’« apprendre à désapprendre » en nous entraînant dans les méandres du cerveau, meilleur ami et pire ennemi des apprentissages. Il se penche également sur comment apprendre avec les autres, en coopération, à l’image de ce que font tous les organismes vivants depuis le début de l’univers, et explore les meilleures manières de commencer à se poser, si ce n’est les bonnes questions, du moins de bonnes questions.
Extrait de son livre.
Pour un « service public de l’apprendre »
La société apprenante n’est pas un rêve. Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie, pense qu’elle est essentielle au développement économique et démocratique de nos sociétés. Si l’imprimerie a permis l’émergence de premières formes de société apprenante, où les savoirs circulaient via les livres, une nouvelle étape est là, à portée de main. Comment l’organiser ? En créant un grand « service public de l’apprendre ».
Les XIXe et XXe siècles nous ont légué un service public de l’Éducation nationale et de l’enseignement supérieur. Alors même que Condorcet l’avait pensée dès 1792, la formation tout au long de la vie, elle, n’a jamais bénéficié d’un tel engagement de l’État. Et, nous venons de le voir, la petite enfance et les troisième et quatrième âges non plus – la responsabilité est éclatée entre collectivités locales, associations et acteurs privés. Quant au développement personnel, il ne fait l’objet d’aucune espèce d’attention de la part des acteurs publics, alors qu’on pourrait proposer des lieux comme les écoles et des outils pour faciliter le « connais-toi toi-même » et aider chacun, par exemple, à réfléchir à son ikigai ou à ce qui fait du sens pour nous et pour les autres à différents moments de notre vie.
Le premier pilier du « service public de l’apprendre » consisterait à nous garantir l’accès à toutes les données qui nous concernent. Aujourd’hui, les entreprises regroupées sous l’acronyme GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) en Occident et BATX en Chine (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi) savent des choses sur nous que nous ignorons nous-mêmes. Idem de toutes les applications que nous chargeons sur nos smartphones en acceptant des conditions d’utilisation que nous refuserions plus souvent de valider si nous prenions seulement la peine de les lire.
Il est essentiel, dans un monde où les algorithmes vont prendre un nombre croissant de décisions dans nos vies, d’instaurer une régulation compréhensible, transparente et démocratiquement validée sur la propriété et l’usage de nos données personnelles. Nous devons pouvoir piloter nous-mêmes nos recherches de corrélations entre notre sommeil, notre alimentation, notre éducation, notre santé, nos déplacements, et mille autres choses encore.
Le deuxième pilier devrait être de développer des outils d’analyse d’intérêt public pour nous y aider. Prenons notre consommation culturelle. Aujourd’hui, Amazon nous suggère des idées de lectures souvent pertinentes, qui reposent à la fois sur notre comportement en ligne et celui d’internautes « qui nous ressemblent ». Mais le but ultime reste commercial : l’objet social d’Amazon n’est pas de nous aider à nous cultiver mais de vendre (entre autres) des livres. De même que l’objet social de Facebook n’est pas de nous aider à nous épanouir en densifiant nos relations sociales mais de collecter un maximum de données afin de les revendre à des annonceurs.
Ces plates-formes ne se réguleront pas seules, comme le pense, avec bien d’autres, Sandy Parakilas. Une compagnie comme Facebook accède chaque jour à une masse de données personnelles hallucinante mais n’est en rien incitée à protéger ses usagers et à prévenir les abus, explique-t-elle en substance dans une tribune publiée en novembre 2017 dans le New York Times. Sa conclusion :
« Facebook doit être régulé plus fermement ou démantelé afin qu’aucune entité unique puisse contrôler autant de données. La compagnie ne nous protégera pas elle-même, et c’est rien moins que notre démocratie qui est en jeu. »
J’oubliais : Sandy Parakilas n’est pas une activiste antinumérique. Et elle sait sans doute mieux que d’autres de quoi elle parle : elle a travaillé chez Facebook de 2011 à 2012.
On sait en outre que, non contentes de gagner des dizaines de milliards de dollars, ce qui est après tout l’objet d’une société privée, les GAFAM s’emploient également à payer le moins d’impôts possible grâce à de savants dispositifs d’optimisation fiscale. S’il fallait une preuve de leur dédain de l’intérêt public, cet argument suffirait.
La société apprenante doit inventer des dispositifs qui prennent en compte les besoins des individus, qui respectent leur vie privée, qui ne cherchent pas à commercialiser leurs données, et qui visent essentiellement à accroître leur capacité d’apprendre des choses sur eux-mêmes, ou sur leur environnement, ou sur des sujets qui peuvent avoir un intérêt personnel, professionnel ou associatif.
Imaginez un réseau routier où les seules indications seraient délivrées par des intérêts privés. On vous indiquerait plus sûrement un centre commercial qu’un petit prieuré du XVIIe siècle. C’est à cela que ressemblent aujourd’hui les routes de l’information en ligne. Dans le monde des connaissances sur le Web, vous revenez toujours chez Google, dépendez du bon vouloir de Google, des algorithmes de Google, et in fine de la manière dont Google a décidé de gagner sa vie à ce moment-là. Et si vous y trouvez un lien vers ce petit prieuré du XVIIe siècle, c’est soit que vous en connaissiez préalablement l’existence, soit qu’une entité à visée commerciale a intérêt à vous délivrer cette information, par exemple parce qu’il est voisin d’un lieu de consommation. Les panneaux indicateurs des autoroutes de l’information sont placés soit par les propriétaires des pages que vous consultez, soit par des vendeurs. Cela peut rencontrer l’intérêt général, mais ce dernier n’est pas au cœur du système.
Placer l’intérêt général au cœur du système n’implique pas pour autant de tout confier à l’État. L’école et l’enseignement supérieur tels qu’ils se sont structurés aux XIXe et XXe siècles sont majoritairement publics, mais l’État a su laisser se développer un secteur privé qui contribue à la réalisation de ses objectifs, grâce à différents systèmes de contrôle et de régulation. Il est possiblement trop tard pour bâtir des services aussi puissants que Google pour la recherche d’informations ou que Facebook dans le domaine des réseaux sociaux. Il n’est pas trop tard pour poser la question de la souveraineté nationale ou européenne sur nos données – nos e-mails, nos vies privées, nos historiques de navigation, etc. Ni pour bâtir des systèmes ouverts de partage de connaissance et d’expérience, ces « maïeu-techs » ou « socratechs » que j’évoquais plus haut. Si la société civile et le politique ne s’emparent pas de ces questions, elles continueront d’être débattues et tranchées par les grandes entreprises de la Silicon Valley. Est-ce réellement ce que nous souhaitons ?
Ma conviction est que nous devons et pouvons créer, sous couvert du service public, des alternatives aux services commerciaux, centrés sur les individus et sur leur capacité à apprendre. Qui sait, nous pourrons peut-être même nous retrouver en position de négocier avec les GAFAM !
Prenons par exemple le sujet de la pertinence de l’information que nous trouvons sur Internet. À l’heure des fake news qui prolifèrent sur le Web, comment savoir quel crédit donner à une information, a fortiori si on est jeune ou novice sur le sujet concerné ? Traditionnellement, nous nous contentons de nous en remettre à notre esprit critique. Or, les scientifiques et les journalistes ont raffiné, au fil des décennies, ces processus en mettant en place des dispositifs de vérification des sources, de la qualité des témoignages, des protocoles expérimentaux et des relectures par les pairs experts du domaine. Ces processus de confrontation à la réalité ont contribué à l’avènement des Lumières et de la démocratie.
Mais, sur le Web, seule une petite fraction des Internautes prend le temps de vérifier la véracité des informations avant de les transmettre d’un clic à travers les réseaux sociaux, ce qui peut induire des épi-démies de fake news, surtout si celles-ci ont su manipuler nos émotions et jouer avec nos biais cognitifs. Il est clair, aujourd’hui, que des manipulateurs néo-obscurantistes savent parfaitement en jouer, et qu’ils attaquent à la fois la démocratie, les médias et les institutions scientifiques en s’appuyant sur la crédulité de certains et en utilisant les biais des algorithmes des réseaux sociaux.
Comment créer un système immunitaire qui ne soit pas un nouveau bureau de la censure pour lutter contre ces phénomènes ? Permettez-moi de revenir à nos cousines éloignées les bactéries : elles luttent contre virus et parasites depuis des milliards d’années et ont su faire évoluer une stratégie qui pourrait nous inspirer. Quand elles sont attaquées par des virus, certaines bactéries peuvent leur échapper par chance et intégrer un fragment de l’information de leur attaquant qui les aidera à identifier une nouvelle attaque, à la détruire et à transmettre cette capacité à leur descendance. Le plus intéressant ici pour nous est que la minorité ayant su résister transmet l’information qui permet à d’autres de résister à leur tour.
Si l’on transpose cette stratégie à Internet, voici ce que nous pourrions essayer de faire collectivement. Imaginez que vous ayez un navigateur (ou une extension de navigateur – plug-in pour Firefox ou autre) qui vous permette, si vous reconnaissez une information comme plus que douteuse sur le Web, de la marquer (de la tagger) et que cette information soit ajoutée à cette page Web et visible par tous ceux qui utilisent le même navigateur. Nous pourrions alors collectivement identifier, parmi les informations qui circulent le plus, celles qui sont les moins fiables, ralentir ainsi les épidé-mies et même prévenir les personnes qui les propagent pour les aider à être moins crédules à l’avenir.
Évidemment, un tel système est lui-même perfectible. Si vous avez un peu d’intuition ou si vous avez l’habitude des courses aux armements entre hôtes et parasites, glaives et boucliers, ou attaques et défenses, vous aurez sans doute compris que des petits malins pourront utiliser de tels systèmes pour dénigrer des informations de qualité et mettre à mal ce type de stratégies.
De fait, il n’existe aucun système qui sache résister à toutes les attaques. Mais on peut ajouter un niveau à ce dispositif pour en améliorer la qualité en demandant à celui qui annote les informations de s’identifier en indiquant son nom, sa profession, ses diplômes voire son CV et de préciser les arguments qui le portent à contester une information. Par exemple : j’étais un témoin direct et je peux le prouver ; ou encore : j’ai trouvé une faille dans le raisonnement logique ou des preuves qui infirment tel argument. On peut ainsi espérer avoir des débats plus constructifs sur certains sujets.
De façon complémentaire, si le but n’est pas de dénoncer une information de qualité douteuse mais de recommander une information pertinente, par exemple en médecine, on peut imaginer une variante de ce que je viens d’exposer, qui est actuellement en discussion avec la faculté de médecine de Paris-Descartes et celle de Lyon. À partir de la deuxième année, sur les quelque 500 étudiants inscrits, rarement plus de 20 viennent dans l’amphi assister aux cours. Et pourtant, la plupart obtiennent généralement leur examen de fin d’année. Le doyen Friedlander envisage donc assez naturellement de fermer ses amphis pour faire gagner du temps à ses étudiants comme à ses enseignants.
Les questions qu’il se pose sont de savoir ce qu’on peut faire du temps libéré (plus de mentorat serait sans doute utile), mais aussi comment savoir où les étudiants apprennent et comment s’assurer au-delà de leurs notes de la qualité de ce qu’ils apprennent (visiblement en dehors de l’amphi pour la plupart). Des étudiants en médecine d’aujourd’hui utilisent peut-être comme ceux qui les ont précédés les polycopiés mais aussi des sources numériques.
Cartographier ce que les futurs médecins apprennent sur le Web, de leurs pairs, lors de leurs stages à l’hôpital, auprès des patients ou avec des médecins et des infirmières expérimentées peut aider à repenser leur formation.
Grâce au navigateur augmenté que j’évoquais, un étudiant peut signaler à tous quand il trouve une ressource lui paraissant pertinente pour ses études. D’autres peuvent confirmer ou pas leur intérêt pour un contenu, des enseignants-chercheurs ont la possibilité à leur tour de la valider, tout comme des praticiens en exercice. Si la majorité des acteurs de ces différentes catégories donnent leur aval, par exemple sous la forme d’un A, on va avoir des ressources triple A qui seront sans doute plus fiables que celles reconnues seulement par certains patients influençables, par exemple. L’idéal étant que parmi les multiples ressources que des patients vont partager entre eux, médecins et chercheurs puissent les aider à savoir lesquelles sont les plus fiables afin d’éviter les risques de charlatanisme.
Pour donner un dernier exemple de l’intérêt d’utiliser une annotation distribuée et qualifiée du Web, prenez le cas des ressources éducatives qui parlent du climat. Si une même page Web est plébiscitée par les enfants pour son côté ludique, par les enseignants pour ses vertus pédagogiques et par les chercheurs pour sa véracité scientifique, c’est évidemment une autre forme de triple A qui mérite d’être recommandé.
On voit bien la différence avec les « like » d’un Facebook. Sur les réseaux sociaux, dans leurs fonctionnements actuels, tous les avis se valent. On peut penser que c’est mieux ainsi car c’est plus démocratique. Sauf qu’en matière de sciences, cela ne suffit pas, même si évidemment le débat doit demeurer possible. Car dans un contexte scientifique, tous les avis ne se valent pas, que ce soit pour savoir si la Terre a une histoire qui se compte en milliards ou en milliers d’années, pour savoir si une thérapie est efficace ou pas. Le dispositif, que je ne fais ici qu’ébaucher, mériterait d’être affiné et testé par un processus itératif et scientifique qui permettrait de prendre en compte les spécificités des avis de chacun sans les noyer dans des moyennes où tout se vaudrait et d’adapter les stratégies à celles que ne manquera pas d’inventer la pro-
chaîne génération de manipulateurs.
Mon autre conviction est que nous ne parviendrons pasàcréercenouveau« service public de l’apprendre » en décalquant un système inspiré de l’Éducation nationale, centralisé, jacobin, qui postule que les besoins sont bon an mal an les mêmes partout et en tout temps. Au passage, on peut même s’interroger sur la notion d’Éducation « nationale » (c’est d’ailleurs le dernier ministère à avoir gardé cet adjectif, la défense n’étant plus nationale…), alors que les savoirs se jouent des frontières et qu’aucun des enjeux globaux ne peut se traiter dans un seul pays, quel qu’il soit.
La meilleure comparaison qui me vient est celle de la régulation des transports, que l’État assume et dont il ne viendrait à personne l’idée de contester la nécessité. Cette régulation permet à chacun de se déplacer comme il l’entend, dès lors qu’il respecte le code de la route – ou les codes des espaces aérien et maritime. Des règles différentes peuvent s’appliquer selon les cas. Un train est autorisé à rouler à 300 km/h, pas une voiture. On est incité à traverser sur les passages prévus à cet effet, mais aucune loi ne sanctionne ceux qui ne le font pas (contrairement à d’autres pays). L’ensemble de ces règles s’articule par ailleurs avec des réglementations internationales, par exemple pour l’utilisation de l’espace aérien, qui incluent à la fois des notions de coordination et des conditions de sécurité matérielles. L’ensemble de ces règles est censé faciliter le « circuler ensemble », qui est une des modalités du « vivre ensemble ».
Elles n’imposent pas, en revanche, d’itinéraire obligatoire : vous pouvez relier Paris à Lyon en TGV, en avion, en voiture, et dans ce dernier cas par les nationales ou par l’autoroute (ou par tout autre itinéraire, en faisant des pauses et des détours pour profiter d’un paysage, d’une bonne table ou d’un monument)… La société de la connaissance devrait offrir une telle liberté, notamment dans l’enseignement supérieur et dans la formation tout au long de la vie, comme dans l’exemple cité plus haut des « diplômes blancs », qui permettent de sortir des itinéraires imposés par les diplômes formatés à l’avance. Aujourd’hui, elle impose à tous de prendre le même train en septembre pour arriver en juin.
Seule une telle approche donnerait à notre système d’éducation l’agilité nécessaire pour accompagner l’émergence de nouveaux champs du savoir, de nouveaux croisements entre disciplines, de nouveaux métiers. Or, aujourd’hui, l’égalité se confond avec l’uniformité. Cela permet-il seulement de réduire les inégalités ? Même pas. Ces dernières ont même tendance à s’accroître, en tout cas entre l’élite et les milieux défa-vorisés comme le montre, entre autres, la fameuse étude Pisa de l’OCDE qui évalue les compétences des élèves de dizaines de pays dans différents registres.
Prenons une comparaison. Nous sommes tous différents – inégaux – de par notre patrimoine génétique. Si bien que certains d’entre nous sont plus exposés que d’autres au risque de contracter certaines maladies. Pour tenter de résorber cette inégalité, nous ne pratiquons pas (ou pas encore et cela ne serait pas sans poser de vraies questions éthiques…) de manipulations génétiques. La médecine nous recommandera en revanche de changer notre environnement. Nous alimenter de manière spécifique. Prendre un médicament. Pratiquer un sport particulier. Certains gestes sont valables pour l’ensemble de la population, d’autres répondent à des cas particuliers.
La société de la connaissance permet aujourd’hui de décliner cette idée en matière d’éducation. Sur le papier, les professeurs peuvent déjà adapter leur enseignement, au nom de la « liberté pédagogique » qui leur est reconnue. Mais combien peuvent réellement s’en emparer quand l’essentiel de leurs gestes sont contraints par des horaires nationaux, une taille des classes prédéfinie, des programmes qui laissent peu de temps aux pas de côté ?
Savez-vous par exemple qu’il n’existe aucune loi scientifique qui prouverait qu’il est plus efficace d’apprendre entre quatre murs, en groupes de 25-35, avec un seul enseignant, à raison de 50 minutes par discipline ? Savez-vous que ce système, auquel l’école républicaine semble si farouchement attachée, a été inventé au XVIᵉ siècle par les jésuites, dont Dominique Salin, jésuite lui-même, rappelle qu’ils sont « à l’origine du modèle éducatif de l’enseignement secondaire, tel qu’il fonctionne aujourd’hui en Europe, et dans la plupart des pays du monde. Soit des élèves regroupés par niveaux de compétence, en “classe”, un temps scolaire fixe et rythmé par la succession des matières, l’alternance de cours magistraux et d’exercices, l’étalonnage de la réussite par un système de notes (emprunté toutefois aux Chinois) » ? Quelles que soient les vertus de ce système, croyez-vous réellement qu’une organisation vieille de cinq siècles est à ce point géniale et universelle qu’elle puisse répondre aux défis du IIIe millénaire ?
Commençons par donner réellement aux enseignants cette « liberté pédagogique » que leur reconnaissent les textes officiels. Mais documentons-la afin qu’elle ne se transforme pas, comme cela arrive trop souvent, en liberté de reproduire ad vitam æternam des dispositifs et approches pédagogiques d’un autre temps.
François Taddei ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son poste universitaire.
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