Depuis 2010, l’École Doctorale de l’Université d’éducation de Hong Kong (classée seconde dans son domaine en Asie) organise une Université d’été. Cette année, quatre chercheurs de l’Université de Lorraine ont été invités à participer à cet événement au rayonnement international.
L’histoire commence par la rencontre entre Dominique Macaire et Lisa Jeanson, Jérémy Filet et Laura Déléant dans le cadre de l’organisation de la Journée Internationale des Jeunes Chercheurs 2017. La professeure, à l’origine des échanges entre ces deux universités, propose alors aux jeunes chercheurs de co-construire un atelier destiné aux étudiants de master et aux doctorants.
Première étape : l’accueil de la délégation hongkongaise à l’Université de Lorraine
Pendant deux jours, l’équipe entraîne douze doctorants de l’EduHK à l’exercice de « Ma thèse en 180 secondes » : un choc culturel. Concision, simplicité et engagement : un mode de communication bien loin des conventions de présentation au Pays du soleil levant. Pourtant, la délégation est conquise et adopte l’équipe et ses pratiques à l’unanimité.
Deuxième étape : exportation du « Made in France »
Quelques mois plus tard, l’équipe des quatre chercheurs lorrains traverse les continents et passe à la vitesse supérieure. Le pari : intégrer l’atelier à la française à l’_International Postgraduate Roundtable and Research Forum cum Summer School 2017 _ dont le thème est « Whole person development, student as academic leader ».
La formule comprend deux volets. Pour commencer, Dominique Macaire, professeure en didactique des langues, introduit les principes généraux de la présentation orale lors d’un cours magistral en comparant les cultures universitaires dans le monde.
Ensuite, les doctorants de tous horizons disciplinaires et culturels participent à l’atelier proposé par Jérémy Filet, doctorant en Civilisation britannique du XVIIIe siècle, Lisa Jeanson et Laura Déléant, toutes deux doctorantes en Ergonomie cognitive.
Présenter ses recherches à un niveau international
Aborder la présentation orale de ses recherches ne relève pas d’une simple organisation du propos scientifique, ce que souvent du reste l’auditoire ne saisit pas. Il faut aussi créer sa marque de fabrique, son brand pour être convaincant. Et savoir qu’à l’international, les codes sont différents.
Premièrement, il faut apprendre à soigner sa présentation orale. Voix, gestes, posture : une communication ne se résume pas qu’au contenu. Deuxièmement, créer un bon support. Design, informations et ergonomie : un visuel efficace ne distrait pas l’auditoire, mais soutient l’orateur. Et ce n’est pas tout, voilà l’originalité de l’atelier : le public a la possibilité d’appliquer ces conseils en direct.
« Ma thèse en 180 secondes » est proposée comme exercice pour améliorer sa prestation. Les participants sont ainsi invités à présenter leurs travaux face au public. Jiyun Bae (Japon) et Michael Dannhauer (Allemagne) se prêtent au jeu et exposent leur sujet de recherche en trois minutes. La session se poursuit par un brainstorming ouvrant les échanges.
Chacun reçoit un retour et des recommandations personnalisées, pouvant aussi servir aux autres doctorants présents. Rien n’est figé, les interactions nourrissent également l’atelier. En effet, les formateurs prennent en compte les nombreux feedbacks reçus afin d’améliorer sans cesse leur méthode. La proposition de la délégation française s’intègre parfaitement dans le thème de la summer school de l’EduHK.
La Summer School de l’EduHK : un événement international par et pour les doctorants
Du 3 au 7 juillet 2017, cet évènement a accueilli 1 200 participants dont 300 chercheurs et 600 communicants de 14 pays et régions différentes (Asie du Sud-Est, Europe de l’Est, Amérique du Nord). Six conférenciers invités, d’horizons disciplinaires et culturels variés, y ont abordé la question du leadership, du développement personnel et des compétences de recherche des doctorants.
Les 600 présentations orales de 10 minutes ont été réparties dans 5 sessions parallèles. Ces panels ont été modérés par le comité d’organisation, exclusivement composé de doctorants venus d’universités du monde entier.
La summer school comptait aussi une table ronde sur le thème « Whole person development, bulding students as academic leaders » avec deux membres de chaque délégation des universités présentes. À la fin de celle-ci, Professeur LO, directeur de l’école doctorale de l’EduHk a proposé de créer un groupe international de jeunes chercheurs de toutes disciplines. Tous ces évènements s’inscrivent dans le système de la recherche, devenu complexe.
L’intégration des doctorants dans un système complexe
Le monde scientifique ne s’inscrit plus dans une logique binaire, locale ou globale. Le doctorant ne peut plus rester dans son bureau dans le simple but de rédiger sa thèse, il doit développer des compétences et construire son temps de doctorat.
La valorisation de la recherche, quant à elle, va au-delà d’une simple présentation orale ou écrite. La participation à de tels événements permet de nourrir à la fois le doctorant d’un point de vue individuel, mais aussi les différentes communautés scientifiques.
De plus, les chercheurs se doivent d’apprendre à travailler au sein d’équipes interdisciplinaires et interculturelles. Ces manifestations aident les jeunes chercheurs à étendre leur réseau universitaire et à poser les bases de futures coopérations. C’est grâce à la transmission et au partage que les doctorants peuvent s’adapter à ce système complexe.
En plaçant les doctorants au centre d’évènements internationaux, les écoles doctorales leur donnent l’occasion d’acquérir des compétences d’organisation, d’assumer de nouvelles responsabilités afin d’asseoir leur statut de jeunes chercheurs, leur évitant ainsi de rester sur le carreau.
Délestés de leurs frontières, ces nouveaux systèmes complexes collaboratifs sont alors une aubaine pour les plus téméraires prêts à aller voir ailleurs…
Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.
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