Un articlede Jacques Rodet repris du blog Tad, un site sous licence cc by sa nc
Le plan socio-affectif s’intéresse aux interventions tutorales permettant à l’apprenant de faire le point sur son rapport affectif aux activités d’apprentissage qui sont les siennes et à celles qui facilite les médiations et la collaboration entre les pairs.
l est remarquable que l’on n’aime peu faire ce que l’on ne sait pas faire. Le manque de compétences méthodologiques pour réaliser une tâche influe directement sur la perception de notre capacité à faire. Or, cette dernière n’est pas sans influence sur les résultats que l’on peut obtenir. En l’occurrence, il est préférable d’être exagérément confiant en soi que le contraire. Modifier le rapport affectif que les apprenants entretiennent avec les tâches d’apprentissage est donc un premier périmètre du plan socio-affectif.
Grâce aux outils de communication à distance, les activités collaboratives entre pairs sont devenues un quasi incontournable du digital learning. Si certains excès, tant la collaboration ne s’ordonne pas, peuvent parfois avoir lieu, il y a toutes les raisons de se féliciter de ce retour du groupe dans la formation en ligne. Toutefois, les compétences à la collaboration sont inégales selon les individus et les cultures qui sont les leurs. Il y a donc nécessité d’accompagner les apprenants à s’engager, négocier et réaliser leurs tâches de manière collaborative. Cet accompagnement constitue le second périmètre du plan socio-affectif.
SA-AO. Un groupe d’apprenants n’est pas spontané mais résulte du processus d’inscription et des choix d’ingénierie de formation. Une des premières actions du tuteur pour faciliter la constitution non plus formelle mais agissante d’un groupe est d’initier la construction d’un sentiment d’appartenance. Les bénéfices d’un tel ressenti par les apprenants sont nombreux et s’il ne fallait en citer qu’un, ce serait l’émergence d’une solidarité entre les apprenants engagés dans un vécu commun qui se révèle un levier puissant pour contrer les tentations d’abandon de la formation. Il s’agit donc, dans un premier temps de stimuler la socialisation des apprenants. Pour ce faire, la mise en place d’un forum de présentation des apprenants est une alternative intéressante au traditionnel tour de table. D’une part, le recours à l’écrit permet une expression plus complète. D’autre part, elle n’est pas transitoire comme l’oral et donc reste accessible durant toute la formation. Toutefois, un tel forum n’a que peu de chances d’atteindre l’objectif visé si le tuteur ne donne pas l’exemple. Afin d’assurer une certaine harmonie entre les présentations, le tuteur peut donc se présenter lui-même à partir d’un canevas qui sera ensuite utilisé par les apprenants. Celui-ci peut comprendre les rubriques suivantes : lieu de résidence, activité professionnelle, expérience de la formation en ligne, ce que je suis venu chercher dans cette formation, ce que j’ai envie de dire sur moi…
SA-OR. Dès lors qu’il y a groupe, s’installe une dynamique de groupe. Dès les années 1970, les sociologues tels que Didier Anzieu ou Serge Moscovici, ont proposé des modélisations de la dynamique de groupe. Celle-ci est composée, à grands traits, de trois phases distinctes : l’illusion groupale où les participants utilisent le « on » indéfini pour évoquer le groupe et où chacun imagine que les autres ont les mêmes attentes que lui, la phase conflictuelle où se manifestent les « je » et où l’illusion du consensus fait place aux particularités des individus, puis la phase de maturité caractérisée par le « nous » issu d’une vue négociée et partagée du groupe (cf. Aider les apprenants à collaborer). Les interventions du tuteur pour réguler la dynamique de groupe peuvent être, par exemple, l’animation de classes virtuelles dédiées à une écoute des apprenants sur leur vécu dans le groupe. Le tuteur peut aussi utiliser certains outils comme le sociogramme pour mieux identifier les rôles que les apprenants investissent dans le groupe : leader, facilitateur, opposant, suiveur, bouc émissaire, etc. (cf. Le sociogramme, utile aux tuteurs).
SA-PE. Le travail collaboratif demande un engagement certain des apprenants mais celui-ci doit également être organisé. Le tuteur peut proposer aux apprenants de produire une charte de fonctionnement de leur groupe. Pour ce faire, il demande aux apprenants de répondre à un certain nombre de questions. Sur l’identification des compétences des participants : qu’est-ce que je sais faire ? Qu’est-ce que je me sens capable de faire ? Qu’est-ce que je veux faire ? Qu’est-ce que je ne veux pas faire ? Il invite les apprenants à identifier leurs espaces et outils de communication, de conception et de production. Les apprenants sont également amenés à préciser comment ils vont prendre leurs décisions et le processus présidant à la validation de leurs productions. Enfin, le tuteur invite les apprenants à planifier leurs actions. Cette intervention peut être réalisée selon de nombreuses modalités, l’important étant que les apprenants produisent cette charte de fonctionnement, la modalité peut être celle qui à la préférence des apprenants.
SA-SAM. L’isolement de l’apprenant à distance est souvent ressenti mais correspond également à une réalité que le tuteur doit prendre en compte. Une des manières de rompre cet isolement est de manifester régulièrement des signes de présence. Les messages proactifs peuvent être réalisés sur forum, par messagerie ou lorsque le dispositif le prévoit via une application smartphone associée. Le contenu de ces messages n’est pas le plus important, bien qu’il puisse l’être. En effet, c’est le fait de recevoir un message du tuteur qui démontre à l’apprenant qu’il n’est pas seul face à ces activités. Aussi, le rappel de sa disponibilité par le tuteur est un des incontournables de ce type d’intervention tutorale.
SA-TEC. Au sein d’un groupe d’apprenants, les compétences techniques sont souvent diverses. Il est donc intéressant et économique pour le tuteur de susciter l’entraide entre les apprenants sur ce point. Une des actions qui facilite cette entraide est la cartographie des compétences des apprenants. Cela peut être facilement réalisé à partir d’un document partagé où les apprenant sont invités à déclarer leur niveau de compétence sur l’utilisation des outils de la formation. Ainsi, l’apprenant, en difficulté avec un outil, sait auprès de qui pouvoir obtenir de l’aide.
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