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Favoriser la recherche avec les sciences ouvertes : Contribution d’Olivier Charbonneau, bibliothécaire à l’université Concordia

23 novembre 2020 par Fabio Balli Veille 466 visites 0 commentaire

Un article repris de https://sciencesouvertes.hypotheses...

Contributions partagées les 11, 17 août et 8 septembre 2020 par Olivier Charbonneau, bibliothécaire et chercheur à l’université Concordia (Québec).


11 août, à propos des sciences ouvertes

[…] à brûle-pourpoint, il y a trois idées qui me viennent à l’esprit dans ce qui pourrait être la science ouverte, sans préjudice pour le plan que tu proposes et sans prétendre qu’il ne s’agisse d’idées à mettre en premier plan dans le rapport, c’est ce qui me saute spontanément à l’esprit :

  1. Si le libre accès (Suber) représente une accélération du processus de la communication savante, sans toutefois le transformer, la science ouverte se conçoit comme un idéal où sont repositionnés les relations ou interactions entre les acteurs, ressources et normes de l’environnement savant, tout en excluant et introduisant de nouveaux éléments. Il est pertinent de concevoir ce contexte comme un commun (Hess et Ostrom, 2012).
  2. L’idée de « redocumentation » de JM Salaün dans son essai Vu, Lu, Su (2012), plus précisément mais succinctement, que le numérique nous pousse à reconsidérer le concept de document et surtout ses trois dimensions : la forme, le contenu et la fonction de transmission. J’ai l’intuition que ce cadre, mis en relation avec le processus de la communication savante, offre l’occasion de transformer la science vers une science ouverte.
  3. la valorisation des résultats négatifs, surtout en sciences dites dures, qui ne sont pas assez diffusées étant donné les indices bibliométriques contemporains

17.08, à propos du droit de traduire un contenu

Malgré que je ne sois pas avocat, je peux répondre directement à cette question puisqu’elle est relativement directe et hypothétique. Oui, le droit de traduction est un des droits réservés dans le droit d’auteur, qui confère au titulaire le droit exclusif de consentir à cette activité. Le titulaire peut être l’auteur (ou les auteurs) mais aussi l’éditeur, tout dépend du contrat/licence d’édition. Par ailleurs, ce droit peut être limité dans le temps et dans l’espace… donc les choses se brouillent.

C’est ici que les licences libres ont tout leur intérêt : peut-être sélectionner que des revues en libre accès à voie dorée ? Il faut vérifier la licence, mais à priori, cela devrait inclure le droit de traduction dans la majorité des cas de licence [Creative Commons] (par exemple).

Par ailleurs, la Cour suprême du Canada a statuée que la synthèse (confection d’un résumé d’un texte) constitue une nouvelle œuvre à laquelle s’attache un nouveau droit d’auteur conféré à l’auteur du résumé.

Également, produire un texte original qui reprends les idées d’autres textes ainsi que de courtes citations constitue une nouvelle œuvre avec un nouveau droit d’auteur…

08.09, à propos de carnets de recherche

Je sais que le serveur Hypothèses est très populaire dans la francophonie franco-Française. Personnellement, mes carnets sont plus anciens que ce site, alors j’ai initialement procédé à leur hébergement par mes propres moyens. Maintenant, ils sont sur un serveur du Centre de recherche en droit prospectif de l’Université de Montréal (c’est là que j’ai fait mon travail doctoral). Si j’avais à lancer un nouveau blogue pour mes recherches, l’option d’un hébergement sur Hypotheses.org serait pertinente. Ceci dit, je n’ai pas évalué leur offre de service.

Concernant la diffusion [d’une] thèse via un éventuel blogue, il y a une dimension bureaucratique que je dois te souligner : tout dépend des pratiques dans les disciplines, les labos, le/la directeur.ices de recherche… d’un côté, j’ai vent de comités de thèses étant réfractaires à évaluer des thèses ayant déjà été diffusées, de l’autre, il est maintenant possible d’effectuer une « thèse par articles » (où les chapitres sont diffusées à la pièce en tant qu’article avec comité de pairs). Comme toujours, il est très important d’en discuter avec son « entourage » pour valider les attentes.

Par ailleurs, il faut évaluer les conditions d’utilisation / de diffusion / de publication des avenues souhaitées pour le matériel que tu désires inclure dans ta thèse : tu dois conserver « suffisamment de droits » sur tes propres écrits suite à la diffusion sur diverses plateformes pour éviter de perdre les droits sur tes propres mots. Oui, lis les conditions d’utilisation / diffusion / publication avant de disséminer du matériel à inclure.

Sur une note plus personnelle, je n’ai pas diffusé le corps de ma thèse sur mon carnet… sauf exception (mais toujours après l’avoir défendue). J’ai plutôt opté pour y verser mon « paratexte » – toutes ces notes de lectures, exercices d’écriture et autres « réflexions à voix haute » qui accompagne l’hermite thésard (un animal solitaire, souvent nocturne) dans son travail.

Par exemple, suite à la lecture d’un article scientifique pertinent, je consigne dans un billet mes réflexions portées sur le texte ainsi que les citations que je voulais éventuellement inclure dans ma thèse. Ainsi, mon blogue est devenu, pendant ma thèse, un carnet de recherche à proprement parlé (qui témoigne du cheminement, du processus) plutôt qu’une plateforme de diffusion de la thèse, un écrit final que tu dois défendre. Je dis que j’ai blogué les notes de bas de page mais le corps du texte fut original lors de la défense. Bon, après, il faut réfléchir à comment ta démarche devient pertinente pour ta communauté académique et ta communauté de pratique…

Pris dans le maelström des révolutions technologiques, de la mondialisation et des revendications de divers groupes sociaux, le droit d’auteur édicte tant bien que mal les dispositions qui règlementent les systèmes économiques et sociaux où transitent les oeuvres protégées. Notre thèse a comme objectif principal de repérer les normes qui émergent des pratiques de développement des collections numériques par les bibliothèques. Un but accessoire consiste à théoriser sur la « frontière » qui sépare le recours aux licences et le recours aux exceptions du droit d’auteur, tel que l’utilisation équitable. Nous articulons notre cadre conceptuel et analytique autour de la perspective des utilisateurs d’oeuvres numériques protégées par le droit d’auteur.
Extrait de la thèse Émergence de normes dans les systèmes économiques et sociaux d’oeuvres numériques protégées par droit d’auteur

Licence : CC by-nc-sa

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