L’apprentissage par projet en enseignement supérieur : un gage de réussite ?
megpare
Jeu 15/12/2022 - 11:24
Article
Vasiliene-Vasiliauskiene, V., Vasiliauskas-Vasilis, A., Meidute-Kavaliauskiene, I. et Sabaityte, J. (2020). Peculiarities of educational challenges implementing project-based learning. World Journal on Educational Technology : Current Issues. 12(2), 136-149. https://doi.org/10.18844/wjet.v12i2.4816
Résumé
L’article de Vasiliene-Vasiliauskiene, Vasilis Vasiliauskas, Meidute-Kavaliauskiene, et Sabaityte (2020), auteurs européens, propose un tour d’horizon des avantages et défis de l’apprentissage par projet en présentant une revue de littérature et en discutant des opportunités et des étapes de mise en oeuvre de cette méthode d’apprentissage.
Avantages et défis
Pour les auteurs de l’article, l’apprentissage par projet (AP) est une « philosophie de l’enseignement et de l’apprentissage » (Vasiliene-Vasiliauskiene et al., p.137) qui permet de susciter et de maintenir l’attention des jeunes générations pour qui les stratégies et méthodes plus traditionnelles d’apprentissage comme la lecture de texte ou la concentration sur des tâches isolées sont plus difficiles. Concrètement, l’AP permet aux personnes étudiantes d’acquérir des connaissances et de développer des compétences de travail (savoirs-être et savoirs-faire) sur une période de temps plus longue permettant d’investiguer et de répondre à des questions complexes basées sur des situations authentiques et signifiantes en lien avec la vie réelle. L’AP développe la pensée créative en invitant les personnes apprenantes à relever des défis tout en proposant des solutions concrètes. De plus, elle développe l’autonomie et la prise de décision qui peuvent affecter les résultats du projet final. Dans cet article, les auteurs mettent aussi en évidence le lien direct entre l’AP et les compétences dites du XXIe siècle, et ce, alors que le numérique prend de plus en plus de place dans le cursus d’apprentissage et en emploi. L’intégration de l’AP permet effectivement un lien concret avec le marché du travail et requiert une collaboration et une coordination avec les acteurs administratifs et les entreprises afin de proposer des situations réelles et d’actualité aux personnes apprenantes.
L’AP permet aux personnes étudiantes d’être impliquées dans un processus de gestion qui nécessite des efforts considérables de recherche, de questionnements et de production de résultats concrets.
Toujours selon cette revue de littérature, un des défis que pose cette approche est d’amener les personnes enseignantes à défaire les barrières de leur champ d’expertise et à collaborer avec d’autres disciplines afin que les projets proposés soient effectivement de nature authentique. En outre, les auteurs expriment le fait que la pédagogie par projet doit être concertée et réfléchie avec les acteurs administratifs et dles entreprises. De plus, le recours à l’AP requiert une démarche structurée comprenant des phases de planification, de réalisation et d’évaluation des apprentissages.
Un changement de paradigme
En intégrant cette méthode pédagogique, les auteurs soulignent le fait que « la personne enseignante devra changer de paradigme en adoptant dorénavant un rôle de facilitateur qui peut dépasser les frontières de la classe traditionnelle » (traduction libre, Vasiliene-Vasiliauskiene et al., p.138)) en délaissant celui d’un transmetteur de connaissances. En ce sens, son rôle sera maintenant de conseiller et de soutenir les personnes apprenantes tout en agissant en tant que co-apprenant en collaboration avec les personnes étudiantes. Par ailleurs, il faut un certain moment d’adaptation et d’appropriation pour que la personne enseignante trouve sa nouvelle place dans cette approche dite constructiviste en passant d’une posture directive à une posture facilitatrice.
Appréciation et utilisation potentielle
Les auteurs de cette revue de littérature ont su démontrer, encore une fois, toute l’importance de proposer des situations réelles et authentiques qui permettent de donner de la valeur et du sens aux activités proposées en classe et ainsi, favoriser la motivation et l’engagement des personnes apprenantes, tout en leur donnant une plus grande flexibilité.
Bien que l’AP ne soit plus nécessairement considérée comme une méthode novatrice dans certains domaines d’études plus connectés au marché du travail, nous pensons qu’elle gagnerait à être utilisée davantage dans divers programmes en enseignement supérieur. Cette méthode permet de mobiliser et de rendre actives les personnes apprenantes tout en les responsabilisant davantage comparativement à d’autres méthodes plus traditionnelles et transmissives. Pour en apprendre davantage sur ce sujet, nous recommandons la lecture de Leduc (2014).
À l’instar des auteurs de cet article, nous croyons qu’un accompagnement pédagogique adéquat est toutefois nécessaire auprès de la personne enseignante qui désire mettre en œuvre l’AP afin que cette dernière puisse retirer le plein potentiel de cette méthode en contexte de classe. Planifier et mettre en œuvre l’AP peut parfois être complexe et le gage de succès auprès des personnes apprenantes est souvent tributaire d’une bonne planification en amont. De plus, un aspect important, et peu traité dans cet article, est l’évaluation. Outre les journaux de bord et des entretiens individuels recommandés par les auteurs, il y aurait lieu de diversifier et de bonifier l’évaluation du projet et de la qualité du travail en équipe (p.ex. grilles d’évaluation, évaluation par les pairs, etc.).
Finalement, bien que cet article mette en lumière l’aspect positif de la pédagogie par projet quant au développement des compétences transversales et du XXIe siècle, aucune conclusion n’est présentée concernant l’amélioration (ou non) de la réussite éducative concernant les connaissances disciplinaires.
D’autres ressources à consulter :
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Référence
Leduc, D. (2014). La pédagogie par projet. Dans Ménard, L. et St-Pierre. L. (dir), Se former à la pédagogie de l’enseignement supérieur (p. 131-156). Éditions Chenelière.
Notice biographique
Marie-Christine Dion est détentrice d’une maîtrise en éducation portant sur les représentations sociales d’enseignants de niveau postsecondaire quant à la présence de la clientèle émergente (2013). Elle occupe des fonctions de chargée de cours et de superviseure de stage en adaptation scolaire et sociale depuis 2010 et est conseillère pédagogique en technologies éducatives à l’université du Québec à Chicoutimi depuis 2018. Dans le cadre de ses fonctions, elle s’intéresse plus particulièrement aux stratégies pédagogiques favorisant la réussite de la diversité étudiante.
Stéphanie Collard cumule près d’une quinzaine d’années dans le milieu de l’éducation, autant comme enseignante en mathématiques au secondaire et au cégep que comme conseillère pédagogique au cégep et à l’université. Elle est présentement conseillère pédagogique en technologies éducatives à l’université du Québec à Chicoutimi (2021) et s’intéresse davantage à l’évaluation des apprentissages et l’approche par compétences dans les études postsecondaires.
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