Pratiques pédagogiques inclusives durant la pandémie dans un contexte d’enseignement hybride ou en ligne : perceptions de personnes étudiantes

Article

Heilporn, G, Larose, S., Beaulieu, C. Janosz, M, Cellard, C. Bureau, S., J, et Côté, S. (2021). Évolution des pratiques pédagogiques inclusives en enseignement postsecondaire, en contexte pandémique. Faculté des Sciences de l’Éducation. Université Laval.

Résumé

Le texte de Heilporn, Larose, Beaulieu, Janosz, Cellard, Bureau, et Côté (2021) dresse un portrait de l’évolution des pratiques pédagogiques inclusives qui ont été utilisées au niveau collégial par le corps enseignant dans le contexte de la pandémie qui a amené un basculement forcé vers des cours hybride et en ligne. Ce sont 1242 personnes étudiantes de 10 établissements d’enseignement collégial du Québec qui ont participé à une collecte de données en deux temps sous forme de questionnaires (printemps 2020 et printemps 2021) afin de déclarer les pratiques inclusives de leurs enseignant·es. Vingt-cinq entrevues semi-structurées auprès de personnes étudiantes vivant avec un handicap sont venues compléter cette collecte de données.

Selon ce qui est rapporté dans cet article, « les pratiques pédagogiques inclusives désignent les moyens mis en oeuvre par les enseignants pour adapter ou transformer leurs cours afin de les rendre accessibles et engageants pour tous les étudiants » (Heilporn et coll., 2021, p.4). Toujours selon ces auteurs, ces pratiques pédagogiques inclusives dépendent en grande majorité d’initiatives plus individuelles que de politiques ou de procédures institutionnelles.

Il est possible de catégoriser de façon thématique ces pratiques pour en faciliter leur analyse (Lombardi et al., 2015 ; Gawronski et al., 2016). Dans la présente recherche, 20 énoncés ont été analysés à la lumière de cinq de ces catégories :

1. L’accessibilité du matériel pédagogique
2. L’enseignement inclusif
3. Les modifications de la charge de travail ou des évaluations
4. L’organisation inclusive des activités d’enseignement et d’apprentissage
5. Les évaluations inclusives

Pour Beaulieu et al. (2021), les catégories thématiques 1, 2 et 4 étaient moyennement répandues avant la pandémie tandis que les autres l’étaient peu. Cette recherche se penche donc sur l’évolution des pratiques entre 2019 et 2021.

Les personnes étudiantes sélectionnées pour cette recherche avaient la perception que certaines pratiques mises en place ont été davantage utilisées par le corps enseignant alors que d’autres ont, quant à elles, été moins mises en œuvre dans ce contexte d’enseignement hybride et en ligne. Ce sont donc les catégories de l’accessibilité du matériel pédagogique et des évaluations inclusives qui ont le plus progressé. La catégorie de l’enseignement inclusif a connu une régression tandis que la catégorie des modifications de la charge de travail ou des évaluations ne démontre pas de changement majeur d’avec la période pré-pandémique. Finalement, les résultats de la catégorie de l’organisation inclusive des activités d’enseignement et d’apprentissage sont plutôt mitigés.

Plus spécifiquement, voici un tableau des pratiques qui ont le plus progressé ou qui sont demeurées présentes et des pratiques qui ont régressé en contexte d’enseignement d’hybride et en ligne pour chacune des catégories, et ce, nonobstant l’évolution générale de la catégorie. Les énoncés ont été sélectionnés selon la taille d’effet.

Appréciation et utilisation potentielle :

Les résultats de cette étude sont fort utiles pour tout contexte d’enseignement hybride et en ligne et permettent une meilleure compréhension des pratiques inclusives déployées au niveau postsecondaire. Nous trouvons très encourageant le fait que plusieurs de ces pratiques aient été davantage utilisées selon les perceptions de la population étudiante, mais constatons malheureusement que certaines d’entre elles ont été délaissées en contexte pandémique au détriment, fort probablement, de la réussite d’une partie de la population étudiante. 

Il serait intéressant de questionner de nouveau les personnes répondantes de cette recherche afin de pouvoir prendre une troisième mesure des pratiques perçues dans un contexte de retour à l’enseignement en présence et ainsi voir si certaines pratiques inclusives ont été améliorées.

De plus, bien que cette recherche ait été réalisée uniquement dans des établissements collégiaux, il est possible que des constats similaires auraient pu être dressés si les auteurs avaient interrogé des personnes étudiantes de niveau universitaire qui ont, elles aussi, vu leur mode d’enseignement se diversifier avec la pandémie. Par contre, le fait d’avoir questionné uniquement des personnes en situation de handicap dans les entrevues semi-structurées ne nous permet pas de mesurer les perceptions d’une plus grande diversité étudiante pouvant éventuellement bénéficier de la mise en place de ces pratiques pédagogiques inclusives. 

Finalement, nous sommes d’avis qu’il serait important de questionner les enseignant·es quant au déploiement de leurs propres pratiques pédagogiques inclusives afin de comparer les perceptions. Tout comme les auteurs du présent article, nous croyons qu’il serait important d’offrir davantage de formation et d’accompagnement pédagogique aux enseignant·es afin de les sensibiliser face aux besoins diversifiés de la population étudiante et des répercussions de leurs pratiques sur la réussite de cette dernière. Les données de cet article pourraient servir d’élément déclencheur réflexif lors de ces formations.

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