À la découverte des ressources éducatives libres, les REL au Canada et au Québec

Un article repris du Magazine pédagogique, par Équipe Bulletin SSFune publication sous licence CC by sa et signalée par la chaire Unesco RE-IA

REL et éducation ouverte

Selon la définition de l’UNESCO, les REL sont des matériels éducatifs publiés sous licence ouverte qui peuvent être réutilisés, adaptés et redistribués gratuitement.

De par leur nature, elles représentent un matériel de choix pour la promotion et la mise en pratique de l’éducation ouverte, où l’on vise à éliminer les obstacles qui restreignent l’accès au savoir puisque celle-ci est considérée comme un bien commun.

Les REL au Canada et au Québec

Les REL sont apparues à la fin des années 1990 et l’avènement d’Internet a favorisé leur diffusion et leur accessibilité au début des années 2000. À cette époque, certains établissements d’enseignement supérieur à travers le monde créent l’OpenCourseWare Consortium afin de rendre disponible et de partager du matériel pédagogique. Par la suite, d’autres initiatives ont vu le jour du côté des États-Unis, avec notamment la diffusion de matériel pédagogique sur YouTube sous licence Creative Commons (Boyer, 2019).

Au Canada, la création en 2012 du B.C. Open Textbook Project, en Colombie-Britannique, a depuis permis de créer et d’héberger des centaines de REL de langue anglaise. Le gouvernement de l’Ontario a injecté des fonds pour encourager la création de REL de langue anglaise et, plus récemment, de langue française. Ces ressources sont répertoriées dans la bibliothèque ouverte de eCampusOntario, créée en 2017. À cette époque, au Québec, les REL étaient encore méconnues et peu de REL de langue française étaient disponibles et utilisées.

En 2019, le projet interétablissements de la fabriqueREL a vu le jour au Québec, en réponse au Plan d’action numérique en éducation et en enseignement supérieur. Financée par le ministère de l’Enseignement supérieur (MES) et pilotée à partir de l’Université de Sherbrooke, la fabriqueREL a comme mandat d’accompagner le corps professoral dans la création de REL.

Les éléments suivants démontrent que l’écosystème des REL au Québec est toujours en croissance :

• Professionnels dédiés à l’éducation ouverte et aux REL dans deux universités ;
• Création de guides sur les REL (LibGuides) au sein des bibliothèques universitaires ;
• Comité de travail interuniversitaire (PBUQ) sur les REL et l’éducation ouverte ;
• Deux colloques à l’ACFAS (2023 et 2024) sur les REL et l’éducation ouverte ;
• Pôle d’expertise interordre en formation à distance qui finance des projets sous licence CC ;
• PavillonREN, projet du MES qui répertorie des REL francophones créées au Québec.

Malgré tout, l’Association des bibliothèques de recherche du Canada (ABRC) faisait le constat en 2023 qu’au Canada, le nombre de REL de langue française est plus faible que le nombre de REL produites en anglais. Ceci confirme la nécessité et la pertinence de stimuler la création et la diffusion de REL de langue française.

Avantages et défis que présentent les REL

Pour les personnes enseignantes, les avantages à utiliser ou à créer des REL sont multiples et ont des effets positifs pour les personnes étudiantes :

• Gratuité des ressources pour les personnes étudiantes ;
• Accéder aux fichiers sources :
  — * pour la réduction du temps de conception de matériel lors de l’adaptation d’un matériel existant ;
  — * pour l’adaptation par les personnes étudiantes selon leurs besoins spécifiques ;
• Conserver leurs droits d’auteur et choisir les permissions à donner pour d’autres utilisateurs ;
• Acquérir une certaine notoriété dans un domaine spécifique du savoir, de par la diffusion élargie que permet une REL ;
• Pouvoir aligner ses actions pédagogiques en fonction de ses valeurs.

Toutefois, l’accès aux REL et leur conception présentent certains défis et c’est pourquoi la fabriqueREL propose son expertise et ses ressources pour aider à solutionner certaines difficultés ou du moins, en diminuer l’ampleur. Voici quelques éléments (Potvin et Dubé, 2024, p.155-156) :

• La rareté des REL de langue française de qualités, dans le cas où l’on voudrait faire une économie de temps et adapter une ressource existante ;
• Les ressources annoncées comme étant des REL sont souvent des ressources en libre accès, ce qui ne permet pas de les modifier ;
• Les aspects juridiques liés aux licences libres et ouvertes peuvent paraître rébarbatifs au premier coup d’œil ;
• Puisque l’univers du numérique est en constante évolution, le choix des outils de production et du format numérique de la REL (PDF, site web, H5P, Moodle, etc.) peut représenter un défi, tant dans la conception que dans la pérennité de la ressource ;
• L’absence d’une bibliothèque québécoise numérique de REL fait en sorte que les REL créées sont disséminées à plusieurs endroits, ce qui en limite la découvrabilité, le partage et la diffusion.

Rappelons que l’attribut le plus distinctif des REL est le fait d’accorder à autrui la permission de modifier et d’adapter la ressource, c’est-à-dire d’en faire une version dérivée afin que cette dernière puisse répondre à un besoin précis. On passe ainsi d’une ressource consultable/utilisable telle quelle à une ressource adaptable, modifiable et rediffusable, reconnaissant que notre ressource n’est pas une finalité. Pourquoi repartir de zéro alors qu’il existe déjà des ressources qui répondraient en bonne partie à un besoin ? Une même ressource sera appelée à évoluer en fonction des contextes d’utilisation, des besoins pédagogiques, voire des cibles de formation, le tout, en respectant le droit d’auteur. Ainsi tourne la roue du libre.