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De l’analyse micrologique de l’activité au développement du métier : quand l’intelligibilité contribue au processus de professionnalisation

Un article repris de http://journals.openedition.org/eds...

Le travail est souvent étudié selon des macro-catégories (institutions, interactions, processus, etc.). En complémentarité de telles approches, cet article discute l’intérêt d’observer aussi les détails, les micro-processus de l’activité, souvent négligés car considérés mineurs. Il montre ainsi que l’analyse micrologique du travail contribue à produire des connaissances sur l’activité, en en proposant une intelligibilité, mais apporte également des perspectives praxéologiques, en permettant l’accompagnement et le suivi des processus de professionnalisation dans de nombreux métiers. A titre d’exemple, une étude portant sur l’activité des psychomotriciens est l’occasion de mettre en évidence la manière dont l’identification de micro-gestes d’ajustement durant une séance de prise en charge d’un patient-enfant permet de mieux repérer ce qui constitue l’agir professionnel dans ses dimensions centrales, tout en venant étayer les actions de réingénierie de la formation en cours dans cette profession. Cette contribution s’empare ainsi d’une question à la fois classique et toujours actuelle en SHS, qui est celle des conditions selon lesquelles une analyse de type micro des activités humaines permet de documenter ou de soutenir des dynamiques de professionnalisation se situant à une plus large échelle.

Joris Thievenaz, Marion Paggetti et Richard Wittorski, « De l’analyse micrologique de l’activité au développement du métier : quand l’intelligibilité contribue au processus de professionnalisation », Éducation et socialisation [En ligne], 61 | 2021, mis en ligne le 20 septembre 2021, consulté le 24 septembre 2021. URL : http://journals.openedition.org/e

Cette contribution documente une question à la fois classique et toujours centrale dans la recherche en Sciences de l’éducation et de la formation (SEF), qui est celle des conditions selon lesquelles une analyse de type micro des activités humaines participe non seulement à une meilleure compréhension du métier, mais aussi à son développement. Il s’agit de mieux comprendre comment l’intelligibilité de courtes séquences d’activité débouche sur l’élaboration de connaissances scientifiques empiriquement étayées ainsi que sur des ressources susceptibles de contribuer à la professionnalisation d’une profession (Wittorski, 2008). Une telle réflexion rejoint par ailleurs une préoccupation classique en SHS qui est celle des échelles d’analyse et de leur convocation dans l’activité de recherche (Revel, 1996 ; Lahire 2012).

Une étude conduite dans le champ de la psychomotricité (Paggetti, 2020) permet de fournir un matériau empirique à titre d’illustration. Une attention particulière portée aux micro-gestes d’ajustement lors de consultations auprès d’enfants donne à voir une dynamique peu conceptualisée et pourtant fondatrice du métier. La mise en évidence de processus difficilement perceptibles et/ou verbalisables par les praticiens eux-mêmes est un enjeu d’autant plus important pour une profession paramédicale engagée depuis plusieurs années dans une lutte pour la reconnaissance de son expertise (Champy, 2009). Au-delà de la compréhension des dynamiques par lesquelles s’accomplit la tâche (versant épistémique de la recherche), c’est aussi une dimension déterminante du métier qui est mise en évidence au service de la formation (versant pragmatique de la recherche).

Une première partie revient sur les principaux principes et fondements de l’approche par l’analyse de l’activité en formation des adultes. Une seconde partie expose comment l’étude de l’activité est susceptible d’enrichir les connaissances sur le métier et ce faisant la professionnalisation de celui-ci. Une troisième et dernière partie discute des liens entre intelligibilité de l’activité et professionnalisation en s’appuyant sur une recherche conduite sur le terrain de la psychomotricité en France.

Étudier l’activité humaine en situation de travail pour produire des connaissances sur la formation du sujet (le versant épistémique de la recherche)

Les processus qui participent à la formation du sujet [1] ne sont pas réductibles aux espaces intentionnellement dédiés à la formation et à l’apprentissage. L’humain apprend, se construit et enrichit son expérience dans une variété de situations de l’existence qui relèvent autant de la sphère professionnelle, sociale, que de la vie privée et souvent de façon incidente ou opportune. Comme le montrent de très nombreuses recherches se réclamant d’une approche ou d’une entrée par l’activité dans le champ de l’éducation et de la formation, l’étude des situations de travail constitue notamment une voie privilégiée pour comprendre les situations et les processus qui participent à la construction du sujet. Il s’agit dès lors de se rapprocher au plus près du vécu des acteurs à l’occasion de la conduite de leur action pour mieux identifier ce qui fonde leur pratique et participe à la construction de leur expérience.

Comprendre comment le sujet se forme par et dans l’activité de travail

La sphère de l’activité productive constitue un terrain d’étude privilégié de la recherche en SEF. Si la question de la construction de l’humain à l’occasion de ses interventions sur le monde est une préoccupation classique et fondatrice des sciences humaines (Marx, 1867 ; Leroi-Gourhan, 1956 ; Arendt, 1958 ; De Certeau, 1980 ; Geertz, 1986), l’analyse des apprentissages par l’activité (ou en situation de travail) est un domaine d’étude plus récemment formalisé en tant que tel. C’est en s’appuyant sur les apports de différentes disciplines (psychologie du travail, ergonomie cognitive, sociologie, philosophie) et en se situant dans une approche transversale que différents courants de recherche ont vu le jour ces trente dernières années notamment dans l’espace francophone [2] (Pastré, 1992, 2011 ; Schwartz, 1992 ; Theureau, 1992 ; Mayen, 1997 ; Barbier et Durand, 2003 ; Albero et Guérin, 2014).

Au-delà des postulats, des ancrages théoriques et des méthodologies, il s’agit dans tous les cas d’étudier les mécanismes qui participent à la formation du sujet en analysant l’activité humaine au prisme d’au moins six principes fondateurs : 1) une approche singulière et située de l’activité qui s’attache à saisir l’agir humain dans sa dimension écologique (Guérin, 2012) ; 2) une distinction entre le travail prescrit et l’activité réellement déployée par l’acteur pour répondre aux exigences de la tâche (Leplat, 1997) ; 3) une lecture de l’activité professionnelle qui rend compte de sa dimension à la fois productive et constructive (Rabardel, 2005) ; 4) le présupposé selon lequel la compréhension de l’agir humain et des apprentissages qui l’accompagnent relève à la fois d’une démarche de type épistémique (production de connaissances scientifiques) et praxéologique (en référence aux préoccupations des acteurs) (Albero, 2020) ; 5) une conception participative de l’activité de recherche selon laquelle le sujet de l’enquête est aussi partenaire de celle-ci dans une démarche de co-construction (Albero et Simonian, 2020) des objets de recherche et des connaissances ; 6) l’idée selon laquelle les principes organisateurs mis au jour de façon locale sont susceptibles d’être considérés comme des invariants du développement à l’œuvre dans une pluralité de situations de la vie.

Pour étudier dans quelle mesure et sous quelles conditions l’humain apprend et se forme en produisant, de nombreux concepts et méthodes sont élaborés. La banalisation des méthodes basées sur l’enregistrement audiovisuel de l’activité a notamment encouragé les chercheurs dans une démarche de recueil, de visionnage et de découpage de séquences d’activité saisies en situations réelles de production. Ces données constituent aujourd’hui un matériau privilégié pour comprendre comment les sujets « en développant leur production matérielle et leurs rapports matériels, […] transforment, avec cette réalité qui leur est propre, et leur pensée et les produits de leur pensée » (Leontiev, 1972, p. 23-24).

Si les manières et la conception qui sous-tendent l’analyse de l’activité sont plurielles, il est possible de synthétiser cette démarche selon au moins quatre principes méthodologiques fréquemment mobilisés : 1) l’observation des activités humaines en situation ; 2) la réalisation d’entretiens compréhensifs et approfondis avec les sujets ; 3) l’enregistrement vidéoscopique de l’activité ; 4) la confrontation des acteurs à l’enregistrement de leur activité dans une visée d’explicitation de leur action. De nombreux terrains [3] de recherche sont ainsi investigués depuis le milieu des années 1980 pour mieux comprendre comment le sujet élabore de nouvelles ressources à l’occasion de la conduite de son action. Ce qui spécifie et sous-tend ce type d’approches se situe dans la prise en compte d’unités parfois infinitésimales de l’activité au regard de leur importance pour le sujet et de leur caractère heuristique pour la recherche.

Le souci du détail, du silencieux et du presque-rien : une approche micrologique de l’activité

La compréhension des dynamiques qui concourent à la construction du sujet à l’occasion de la conduite de son action suppose de fait d’adopter un mode micrologique d’étude et d’observation des activités humaines en situations de travail. Quels que soient le cadre théorique adopté et les méthodes convoquées, il s’agit dans tous les cas d’étudier les séquences d’activité selon une granularité fine d’analyse. Se tenir à distance du travail et s’en tenir aux phénomènes les plus visibles et de grande ampleur revient à courir le risque de passer à côté des détails structurants qui fondent l’activité. Si les manières de concevoir et rendre compte de l’activité sont diverses, c’est néanmoins la plupart du temps une « préférence pour le petit grain » (Jackson et Pettit, 1993, p. 30) qui guide l’analyse.

Le regard porté sur les conditions et les processus qui concourent à la formation du sujet en situation de production relève d’un mode de connaissance « micrologique [4] » (Laplantine, 1994). Les unités retenues comme pertinentes dans l’analyse de l’activité du sujet et faisant l’objet d’une étude approfondie se situent dès lors au niveau micro-analytique et renvoient à des gestes, des mouvements intonatifs, des prises d’informations sensorielles, des objets de l’action, etc. Cette option analytique tend à réaffirmer « l’intérêt porté aux menus détails [5] grâce à une analyse rapprochée de l’activité et des apprentissages par l’activité » (Thievenaz, 2019a, p. 235). L’exploration de phénomènes extrêmement fugaces débouche ainsi sur une meilleure connaissance de l’agir humain en situation et des formes de transformations qui sont liées. Les connaissances produites sur de courtes séquences d’activité ou à partir d’unités du travail en apparence très restreintes viennent non seulement alimenter les savoirs, mais aussi apporter des éléments d’éclairage à des problématiques socio-professionnelles. Le versant épistémique de la recherche sur l’activité rejoint ainsi une attention d’ordre praxéologique préoccupée par les retombées pour l’action et le développement des métiers.

Étudier l’activité humaine en situation de travail pour participer à la professionnalisation des sujets et des professions (le versant pragmatique de la recherche)

A une autre échelle d’analyse, de nombreuses recherches s’intéressent au travail en vue de comprendre à quelles conditions une certaine façon de l’« élaborer », au sens de le formaliser et de communiquer à son sujet (que cette élaboration parte de l’exercice du travail ou de sa redéfinition), contribue à faire avancer sa reconnaissance sociale et donc ce que l’on peut appeler la professionnalisation de l’activité (Bourdoncle, 2000), voie socialement considérée comme étant privilégiée pour asseoir une profession ou un métier. Il s’agit de travaux qui développent une vision plus « mésologique » voire « macrologique » pour faire écho à la vision « micrologique » précédemment mentionnée.

Ces travaux se déploient dans au moins deux directions : d’une part, la compréhension de la façon dont les professionnels contribuent à faire avancer la cause de leur métier à partir d’une analyse de leur travail ; d’autre part, l’étude de l’impact de l’évolution des normes qui définissent le travail sur la conception et la reconnaissance des métiers et du « travail bien fait ». Ces deux orientations témoignent du fait que le rapport entre « activité/travail et construction /transformation du métier » peut s’appuyer soit sur une initiative des professionnels eux-mêmes cherchant à trier, formaliser et mettre en communication leur activité, soit sur une initiative des organisations (ministères publics, entreprises) qui cherchent à orienter le métier via une nouvelle prescription du travail.

L’analyse du travail par les professionnels eux-mêmes pour faire avancer la cause de leur métier : la quête et l’affirmation des professionnalités

La sociologie des professions anglosaxonne, depuis la fin du 19ème siècle, a abondamment montré comment des individus partageant les mêmes activités se réunissent (par exemple en syndicats ou associations professionnelles) et développent des stratégies pour communiquer au sujet de leur activité et la faire reconnaître, utilisant ici fréquemment le vocable de « rhétorique » professionnelle (Boussard, 2006) pour désigner ces processus. On observe d’ailleurs que ces approches ont souvent été marquées par une ambiguïté au sujet de leur finalité, essayant parfois non seulement de comprendre les phénomènes sociaux observés mais aussi de défendre une conception particulière des professions. Il en est ainsi de la critique fréquente adressée aux travaux des fonctionnalistes (par exemple, Parsons, 1967) prônant une certaine conception jugée « idéale » de la profession, de haut niveau, au service des autres, de façon désintéressée. D’autres, par exemple les interactionnistes (Hugues, 1996), considèrent que cette conception de la réalité des débats professionnels relèvent tout simplement de luttes pour exister sur des marchés fortement concurrentiels.

En marge de ces travaux « macrologiques », des recherches adoptant une échelle « mésologique » (par exemple, Boucenna, Charlier et al., 2018) essaient plus récemment de montrer comment l’utilisation de l’analyse du travail, parfois appelée aussi analyse de pratiques (même si des différences seraient à mentionner entre les deux expressions), par les professionnels eux-mêmes, visant à identifier leurs façons de travailler, les trier et les mettre en mots par écrit parfois pour la première fois, permet de faire reconnaître une expertise auparavant en actes et très incorporée, faisant ainsi avancer la cause du métier, surtout dans des contextes organisationnels marqués par une faible reconnaissance des métiers, lorsque ceux-ci font l’objet d’ordinaire d’une faible formalisation. C’est particulièrement le cas de certains métiers de la relation faisant l’objet d’une relative absence de référentiel précis, comme par exemple le métier d’éducateur en protection judiciaire de la jeunesse en milieu ouvert, à propos duquel une recherche (Debris et Wittorski, 2011) a été menée il y a quelques années. Celle-ci a montré que face à une menace de remise en cause de leur activité du fait de l’évolution de la loi, la mise en place d’une démarche d’analyse du travail menée à la fois par des chercheurs et par les professionnels, permettait de mettre au jour le cœur de leur métier, la relation éducative, conduisant ensuite à renforcer la communication auprès de l’institution à propos du métier et de son utilité. L’enjeu est bien ici de faire de l’analyse du travail un moyen d’affirmation et de reconnaissance des professionnalités, c’est-à-dire du métier.

L’évolution par les organisations des normes au travail pour infléchir les métiers et la conception du travail « bien fait » : la montée des professionnalismes

L’affirmation du métier « réel » par une analyse du travail opérée par les professionnels eux-mêmes peut « entrer en concurrence » avec une affirmation d’évolution du métier par la définition de nouvelles exigences par les organisations. De nombreuses recherches en sociologie du travail parlent à cet endroit de la « montée de professionnalismes » (Boussard, Demazière et Milburn, 2010), c’est à dire l’apparition de normes nouvelles qui définissent et encadrent le travail, et contribuent à reconnaître de façon différente la qualité de professionnel, à redéfinir le « travail bien fait ».

Bien plus, nous pouvons observer des démarches, relevant d’ailleurs souvent d’une « rhétorique de l’implicite » (Wittorski et Janner, 2017) où tout n’est pas dit, articulant définition de nouvelles exigences à propos du travail de la part des entreprises et la mise en œuvre d’une démarche d’analyse du travail par les salariés s’appuyant sur des critères traduisant ces nouvelles exigences en vue de redéfinir le travail et donc les contours des métiers. Il s’agit en quelque sorte de demander aux salariés de traduire dans leur métier cette montée des professionnalismes grâce à une démarche d’analyse du travail.

Une recherche conduite auprès d’une entreprise industrielle du secteur du textile (Wittorski, 1997) met ainsi en évidence que la direction de l’entreprise a défini de nouveaux objectifs de productivité et de qualité du travail au moment de son rachat. Au lieu de confier à un cabinet d’audit l’activité de définition des nouvelles procédures de travail à transmettre aux salariés, elle a décidé de demander aux ouvriers de redéfinir par eux-mêmes leurs façons de travailler par la réalisation d’une auto-analyse du travail conduisant à mettre au jour les pratiques actuelles et à trier celles qui répondent le mieux aux deux critères définis par la direction (productivité et qualité). Il s’agit là en quelques sortes de peser sur la redéfinition et affirmation d’un métier en lien étroit avec les nouvelles normes fixées par l’entreprise.

Ici, l’analyse du travail permet moins l’affirmation et la reconnaissance d’un métier adossé à la définition de professionnalités (traduisant une conception du « travail bien fait » dérivée des façons ordinaires de travail reconnues comme patrimoine partagé des professionnels) que l’affirmation et la reconnaissance d’un métier adossé à la définition de nouveaux professionnalismes (traduisant une conception du « travail bien fait » dérivée de nouvelles normes déterminées par les organisations).

Il apparaît ainsi que la quête des professionnalités par les individus et les collectifs qui partagent la même activité est souvent confrontée à la montée des professionnalismes qui tend à infléchir les contours des métiers en fonction d’impératifs organisationnels particuliers (quête fréquente d’une meilleure efficacité du travail). Dès lors, on voit bien que l’on assiste à un champ de tensions relevant de débats vifs entre les professionnels et les organisations.

Les travaux présentés ici visent donc moins la compréhension du couple « activité/travail-apprentissage/développement du sujet » que la compréhension du couple « activité/travail-développement du métier ».

L’enjeu consiste à présent à mettre en relation ces focales différentes pour développer une compréhension globale des liens entre activité-apprentissage/développement des sujets et construction/transformation des métiers et des professions. Le fait de se situer sur une échelle d’analyse de type micro (analyse approfondie de courtes séquences d’activité) rejoint des préoccupations d’ordre meso ou macro (analyse des dynamiques de professionnalisation des métiers et des organisations). C’est dans une telle perspective qu’une recherche portant sur l’activité des psychomotriciens a été conduite.

Comprendre l’activité et agir sur le métier : le cas de l’analyse des micro-gestes d’ajustement corporel du psychomotricien

De nombreuses recherches relevant du champ de la formation des adultes et conduites selon une approche par l’activité sont orientées à la fois vers une intention de production de connaissances scientifiques et vers des préoccupations liées au développement des métiers. C’est notamment le cas de recherches qui en prenant pour terrain le milieu du soin, élaborent des connaissances scientifiques susceptibles de participer à des efforts de professionnalisation. Une étude conduite selon cette perspective sur le terrain de la psychomotricité est emblématique de cette double intentionnalité à la fois épistémique et praxéologique. Elle illustre également comment une analyse micrologique des activités humaines en situation de travail rejoint des préoccupations socio-professionnelles se situant à une échelle meso ou macro.

La psychomotricité : un métier jeune, en tension et en quête de reconnaissance

La psychomotricité est une profession créée en France à la fin des années 1950. Selon une conception holistique de l’être humain, elle se donne pour objet le rétablissement d’un équilibre entre les fonctions motrices, sensorielles, affectives et cognitives de l’individu : « Si l’on nous questionne sur le but poursuivi par le psychomotricien, nous sommes tentés de répondre qu’il s’agit de faire bouger les gens dans leur corps pour les faire bouger dans leur tête » (Ballouard, 2011, p. 7).

En poursuivant l’intention de réunir toutes les dimensions « psychocorporelles » des individus, la discipline se constitue à contre-courant d’une distinction entre les spécialités médicales somatiques et psychiques actée depuis la décennie 1960. Arrêté du 30 décembre 1968 portant création d’un certificat d’études spéciales de psychiatrie.]] [6], quinze ans après les premiers écrits disciplinaires. Une scission apparaît néanmoins au sein même du groupe, opposant les courants professionnels de la « thérapie » et de la « rééducation » chacun représenté par un syndicat professionnel (Grabot, 2004). Depuis sa constitution, le groupe professionnel est ainsi en lutte pour la reconnaissance de son statut social (Champy, 2009).

En plus de difficultés liées à son inscription dans le champ de la santé, cette quête de reconnaissance se traduit également par les revendications de syndicats professionnels quant à la réingénierie de sa formation et à son allongement dans le cadre de la campagne d’universitarisation des formations en santé débutée en 2008 [7]. L’organisation actuelle de la formation est en effet laissée à la discrétion de chaque institut car il n’existe pas de référentiel de formation national. La préparation à l’exercice du métier est uniquement définie par un arrêté prévoyant l’acquisition par le futur professionnel de « connaissances théoriques (médicales, en sciences humaines et spécifiques), la maîtrise de techniques psychomotrices sur le terrain et une certaine disponibilité corporelle personnelle [8] ». Un enseignement fondé sur des pratiques corporelles est ainsi dispensé en cohérence avec une activité professionnelle qui « passe » principalement par le corps et la sensorialité, sans que la spécificité des gestes techniques à acquérir ne soit toujours identifiée et formalisée en tant que telle.

La littérature professionnelle renseigne d’ailleurs la difficulté pour ces professionnels de santé d’expliciter précisément les processus en acte qui participent concrètement à l’établissement du « dialogue tonique [9] », central et organisateur de cette pratique de soin : « Expliquer et témoigner de ce qui se passe dans une salle de psychomotricité a toujours été une grande difficulté pour les psychomotriciens […] le langage du corps et les échanges toniques se transforment en un obstacle quasi insurmontable pour rendre compte de ce qui est fait » (Grabot, 2004, p. 183). Comme en témoignent deux des principaux acteurs nationaux du groupe professionnel, l’intelligibilité des gestes et processus en acte qui participent à l’élaboration de cette dynamique constitutive de la relation de soin reste un défi sur le plan scientifique et un enjeu pour la reconnaissance de la profession [10].

Les tensions entre une vision strictement « rééducative » du métier et une approche plus « thérapeutique » (au sens holistique du terme) rendent difficile la définition d’un socle commun aux membres de la profession. Une manière de dépasser ces distensions consiste à identifier non seulement les connaissances techniques à mobiliser dans une classe de situations (par exemple, déterminer des objectifs de soin en fonction de symptômes observables) mais aussi et plus largement, les principes qui soutiennent, organisent l’activité et fédèrent le groupe.

Pour cette profession en quête de reconnaissance et de légitimité dont l’activité est principalement corporelle, l’intelligibilité des processus fins d’ajustement qui permettent l’établissement du « dialogue tonique » constitue ainsi un enjeu de premier ordre. Il s’agit de comprendre et de mettre au jour les processus effectifs par lesquels un tel processus se réalise, y compris dans ces dynamiques les plus infimes et peu remarquables en apparence.

Explorer une dimension centrale et pourtant peu explicite de l’activité du psychomotricien : les micro-gestes d’ajustement corporel

En partant du constat qu’une meilleure compréhension des petits gestes et des discrets changements de posture réalisés par le psychomotricien durant la séance pour s’ajuster le plus finement possible au ressenti et aux besoins du patient est un enjeu à la fois sur le plan scientifique et professionnel, une étude visant à étudier l’activité de ces praticiens dans ses moindres détails a été conduite.

La méthodologie mise en place combine l’observation filmée de séances de soin de sept professionnelles auprès de patients et la conduite d’entretiens composites (Mouchet, Vermersch et Bouthier, 2011) visant à accéder à une mise en mots des professionnelles sur certaines de ces séquences. La documentation de séquences d’activité ne suffit cependant pas à rendre compte des actions d’ajustement réalisées par les psychomotriciennes. Au premier abord, le chercheur « ne voit rien » (Mayen, 2014) de l’activité réalisée ni des intentions et informations qui l’organisent. Une attention est donc portée aux gestes, mimiques, intonations et manifestations infinitésimales selon un regard micrologique (Thievenaz, 2019a,b). L’analyse des séquences d’activité et des entretiens repose pour cela sur la description fine des manifestations comportementales des acteurs et sur le « silhouettage » des postures qu’ils empruntent (Tableau 1, ci-dessous).

Tableau 1 : L’élucidation des indices de son activité à l’occasion de l’entretien [11]

Cette analyse micrologique de l’activité des psychomotriciens permet de mettre en évidence les caractéristiques d’une activité d’ajustement silencieuse, faisant appel à des compétences fortement incorporées (Leplat, 1995) et qui « résiste » à l’explicitation (Paggetti, 2020).

Durant la séquence d’activité précédemment étudiée (Tableau 1, ci-dessus), la professionnelle tente de mettre des mots sur les buts qu’elle poursuit et les prises d’informations sensorielles qui sont les siennes dans la conduite de l’action en recourant à des expressions témoignant d’un haut degré d’incertitude ou d’hésitation telles que : « A me regarder, je pense que j’essaye de sentir », « en fait, je sens que la relation ne vient toujours pas », « enfin je ne sais pas... corporellement je sens qu’il n’est pas là… ». La confrontation de cette professionnelle aux traces vidéoscopiques de son activité est ainsi l’occasion d’approcher avec le plus de finesse possible des gestes et sensations qui, bien que cruciaux pour créer une « disponibilité psychocorporelle », demeurent peu identifiés et encore moins conceptualisés en tant que tels. Un enjeu consiste dès lors à mieux comprendre ces gestes en apparence anodins et de faible intensité qui structurent la conduite de l’action de soin.

Quand l’intelligibilité d’infimes dimensions de l’agir professionnel participe à la professionnalisation du métier

Pour la profession de psychomotricien qui peine à affirmer une définition consensuelle du métier, la compréhension des processus en acte qui structurent et organisent la conduite de l’action et la spécification des gestes techniques par lesquels s’accomplit la prise en charge du patient est un enjeu de première importance. Il s’agit non seulement d’élargir le champ des connaissances sur l’activité réelle de ces praticiens (au-delà des désignations très générales présentes dans les documents prescripteurs) mais aussi, ce faisant, de pouvoir faire davantage reconnaître la spécificité de la profession (en désignant notamment ce qui la distingue des autres formes d’accompagnement dans le secteur du paramédical).

Produire des connaissances sur l’activité est l’occasion d’élaborer des ressources pour l’activité et son développement.

En permettant aux professionnels de mettre des mots sur ce qui reste peu conscientisé dans leurs actions quotidiennes, la recherche contribue à produire des connaissances réinvestissables sur l’activité humaine en situation de travail ainsi qu’au développement des outils de formation. La mise au jour des processus corporels, sensoriels et perceptifs grâce auxquels les psychomotriciens apprennent à « ressentir dans leur corps » les besoins de leur patient et à s’ajuster en fonction de ceux-ci, montre comment l’analyse du travail peut outiller l’activité du formateur : « Le plus petit détail peut se révéler un élément capital, qui donne la clé d’une difficulté particulière, à laquelle le moniteur accordera tous ses soins » (De Montmollin, 1961, p. 35).

L’identification et la conceptualisation des micro-gestes d’ajustement mis en œuvre par les praticiens à l’occasion de la prise en charge des patients (voir illustration ci-dessous montrant les discrets processus d’ajustement du corps du psychomotricien visant à apaiser un jeune enfant en lui proposant une « interaction contenante »), fournit des éléments de connaissance permettant d’étayer la construction de référentiels en psychomotricité. Une meilleure compréhension de la nature et de la fonction de ces tout petits gestes à peine perceptibles dans la conduite de l’action crée alors de précieuses « références pour les référentiels » (Mayen et al., 2010).
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13 Terme professionnel qui désigne l’équilibre attendu d’une interaction entre patient et professionne (...)
14 Terme professionnel qui désigne, pour un patient, le brusque passage d’un état de tension musculair (...)

36Loin de banaliser ces gestes et changements posturaux en apparence ordinaires et anodins, il est au contraire possible d’identifier plus précisément les classes de situations dans lesquelles ils sont mis en œuvre et les buts thérapeutiques qu’ils servent. A titre d’exemple, il est possible de repérer trois cas ou moments dans lesquels ces petits ajustements corporels peuvent soutenir l’activité du psychomotricien : 1) lorsque les professionnels perçoivent un manque d’« accordage relationnel [12] » avec leur patient ; 2) lorsqu’ils sont confrontés à de brusques expressions d’émotions ; 3) lorsqu’ils constatent un « effondrement tonico-postural [13] » chez la personne. L’apprentissage du geste professionnel est alors mis en relation avec des situations prototypiques auxquelles seront confrontés les futurs professionnels. Les connaissances élaborées selon une approche micrologique des activités humaines en situation de travail alimentent ainsi des préoccupations plus générales situées à un niveau d’échelle supérieur, relatives à la définition du socle de compétence du métier et au développement des actions et programmes de formation. Une telle attention aux menus détails qui ponctuent l’agir professionnel rejoint sur ce point une démarche plus générale consistant à mieux comprendre l’activité réelle en situation de travail, pour encourager l’élaboration de programmes, parcours, outils et référentiels de formation conformes aux situations effectivement rencontrées par les acteurs dans leur quotidien.

Conclusion

Cette contribution vise à documenter une question à la fois classique et toujours ouverte en Sciences de l’éducation et de la formation et plus largement en SHS, qui est celle des conditions selon lesquelles l’étude approfondie de courtes séquences du travail débouche non seulement sur une meilleure intelligibilité de l’activité humaine mais aussi sur la production de savoirs susceptibles de participer à la professionnalisation des acteurs et des professions.

Après avoir précisé les fondements d’une approche micrologique de l’activité, puis avoir abordé les rapports entre activité, travail-apprentissages et développement du métier, la présentation d’une étude conduite sur le terrain de la psychomotricité permet de montrer comment la production de connaissances sur la réalisation de tout petits gestes professionnels à peine perceptibles vient alimenter une réflexion sur des dynamiques structurelles se situant au niveau de la dynamique des professions.

Cet article propose ainsi de discuter d’une question vive en recherche qui est celle du type de connaissances produites, de leur portée et de leur degré de généralisation. En montrant comment une analyse de type micro apporte des éléments de connaissances sur des processus se situant à un niveau meso ou macro, cette contribution vient alimenter une réflexion sur les échelles d’analyse (Revel, 1996) mobilisées en SHS et les différents niveaux de réalité sur lesquels le savoir est produit. A contrario d’une tendance qui consiste à dissocier ces différents niveaux d’analyse, il s’agit au contraire de comprendre comment produire des savoirs sur un plan local et circonstancié débouche potentiellement sur des connaissances plus globales et généralisables d’un contexte à l’autre

Un tel constat contribue ainsi à une réflexion épistémologique qui consiste à ne pas confondre la focale ou l’échelle d’observation adoptée dans le processus de recherche (ici une approche micro-compréhensive de l’activité) et les « niveaux de réalité sociale visés » (Lahire, 2012, p. 10). Analyser l’activité humaine dans ses dimensions les plus fines permet, sous certaines conditions, d’éclairer ou de soutenir des enjeux et des dynamiques se situant à des niveaux supérieurs. L’approche micrologique de l’expérience en formation des adultes est sous-tendue par un postulat classique et qui reste toujours à discuter selon lequel : « Dans toute expérience, on trouve le tout qualitatif sous-jacent global qui correspond à l’organisation totale des activités humaines qui constitue le mystérieux cadre humain, et qui la manifeste » (Dewey, 1934, p. 325). Étudier l’activité en situation et dans ses moindres détails ouvre la voie à une connaissance plus large de l’agir humain et des formes de transformations qui lui sont liées.

Bibliographie

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Notes

[1L’expression formation du sujet désigne, dans cette approche, l’ensemble des processus, phénomènes et situations qui concourent à la construction et au développement du sujet, tout au long de sa vie.

[2Le lecteur intéressé par d’autres concepts et méthodes d’analyse du travail, développées dans le milieu anglophone pourra notamment se rapporter aux travaux de S. Billet (2001).

[3Le secteur de l’industrie, de l’agriculture, de l’enseignement, des activités de services, de la santé, etc.

[4« Ce mode de connaissance qui n’est pas celui de la finition, appelle de la finesse et exige des descriptions d’une extrême précision » (Laplantine, 2003, p. 289).

[5Le terme détail qui recouvre des réalités et des processus très divers ne peut être plus amplement défini dans le cadre de cet article. Il est néanmoins possible de souligner que l’histoire de la peinture met en évidence deux dimensions révélées par la langue italienne : le détail particolare en tant que « petite partie d’une figure ou d’un objet et de se son effet propre » ; le détail dettaglio en tant que « résultat […] de l’action qui ‘fait le détail’ laissant éventuellement sa trace dans le tableau » (Arasse, 1996, p. 13).

[6La psychomotricité est reconnue comme une profession à part entière et soumise à l’obtention d’un diplôme d’état créé en 1974[[horééducateur.

[7Ministère des solidarités et de la santé, Ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, 2018.

[8Arrêté du 7 avril 1998 relatif aux études préparatoires au diplôme d’État de psychomotricien - Article Annexe I, s. d.

[9Ce concept forgé par les deux fondateurs de la discipline, De Ajuriaguerra et Bonvalot-Soubiran (1959), désigne la nécessité d’un accordage postural et gestuel des deux protagonistes du soin. Le terme est couramment employé par les professionnels de santé eux-mêmes pour désigner la « qualité de l’interaction corporelle » qu’ils souhaitent mettre en œuvre avec leurs patients.

[10« Il faut arriver, et ce n’est pas facile, à l’élaborer, à en conceptualiser quelque chose. On a… des intuitions, mais après pour les conceptualiser... Mais en même temps il n’y a que là que nous arrivons à nous différencier, vraiment » / « Conceptualiser l’« intuition » des psychomotriciens, un enjeu pour le groupe… » (Entretien collectif réalisé avec deux directrices d’instituts de formation en psychomotricité en charge de la commission de réingénierie de la formation en psychomotricité).

[11Les conventions de retranscription suivantes sont utilisées pour mettre en évidence la prosodie employée par l’actrice : pause d’une seconde [.] ; intonation montante [/] ; intonation descendante [] ; prolongement de syllabe [ :] ; accentuation indiquée en lettres majuscules ; propos significatifs soulignés.

[12Les conventions de retranscription suivantes sont utilisées pour mettre en évidence la prosodie employée par l’actrice : pause d’une seconde [.] ; intonation montante [/] ; intonation descendante [] ; prolongement de syllabe [ :] ; accentuation indiquée en lettres majuscules ; propos significatifs soulignés.

[13erme professionnel qui désigne, pour un patient, le brusque passage d’un état de tension musculaire équilibré à un état désorganisé et manquant de tenue

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