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Quelques mots sur le concept d’autorégulation

16 janvier 2017 par Matthieu Cisel Veille 2530 visites 0 commentaire

Un article repris de http://numpedago.hypotheses.org/92

Pendant une partie de ma thèse, j’ai été séduit par le concept d’autorégulation, et bien que pas particulièrement opératoire au vu de la nature des questions que je traitais, j’ai cherché, à tort, à l’appliquer. Même si je ne l’ai repris dans la version finale de mon manuscrit de thèse, je mets quelques extraits de ces réflexions d’un moment sur la question.

 Jézégou (2013) se basant notamment sur les travaux d’auteurs nord-américains (Zimmernan, 2002 ; Schunk & Zimmerman, 2007 ; Cosnefroy, 2011), définit le concept d’autorégulation (Self-regulation) comme suit : « Au sens large, il réfère au contrôle que l’apprenant exerce sur son processus cognitif d’apprentissage, en anticipant, préparant, évaluant et ajustant ses procédures en fonction des effets ou des résultats observés. » (2013).

Il a pour origine la théorie sociocognitive de Bandura (1977). L’agentivité est pour Bandura une notion fondamentale dans l’analyse des comportements humains. L’auteur définit ce terme comme « la capacité d’un acteur intentionnel de sélectionner, d’élaborer et de réguler sa propre activité pour atteindre certains résultats. » (Bandura, 1989). La notion d’agentivité illustre l’intentionnalité et l’anticipation des individus. Pour le psychologue, le sentiment d’efficacité personnelle est au cœur de cette notion : « L’efficacité personnelle perçue concerne la croyance de l’individu en sa capacité d’organiser et d’exécuter la ligne de conduite requise pour produire les résultats souhaités. » (Bandura, 1997). Nous serons amenés à mobiliser le concept d’autorégulation développé dans le cadre de la théorie sociocognitive. Selon Bandura, l’apprenant est capable de participer à la motivation, à la guidance et à la régulation de ses actions par le biais de l’auto-observation et de l’évaluation de ses résultats en rapport avec ceux attendus, puis par la comparaison cognitive et la correction de sa ligne de conduite. Le concept a été opérationnalisé dans le contexte des MOOC français par Jézégou (2015) dans le cadre d’une recherche sur le MOOC Itypa ; les éléments qui suivent sont issus de ce travail d’opérationalisation.

L’autorégulation désigne dans un contexte d’apprentissage les différentes phases successives que sont l’élaboration des stratégies, leur évaluation et leur adaptation aux résultats obtenus (Zimmerman, 2000 ; Cosnefroy, 2011 ; Jézégou, 2013). Elle s’exprime par un processus cyclique que l’on peut résumer en trois phases : l’anticipation, le contrôle, et l’auto-réflexion (Zimmerman, 1990, 2000, 2013). Au cours de la phase d’anticipation, le sujet évalue l’activité à réaliser au prisme des « buts poursuivis, et de la valeur attribuée à l’activité ». Dans la phase de contrôle, il se fixe des objectifs et met en place « une stratégie d’apprentissage pour atteindre ces objectifs. ». Enfin, il contrôle l’efficacité de la stratégie décidée dans la phase d’anticipation. L’apprenant évalue l’efficacité globale de la démarche au cours de la phase « d’autoréflexion ». On distinguera trois types d’autorégulation : l’autorégulation interne portant sur ses états « émotifs, socio-affectifs et motivationnels », l’autorégulation comportementale, portant sur le contrôle de ses comportements d’apprentissage, et l’autorégulation environnementale, portant sur « le contrôle des différentes composantes de son environnement d’apprentissage ». On pourrait continuer à disserter pendant des heures, mais je ne le ferai point. Je m’arrête ici.

J’aime beaucoup tous ces concepts, mais je conclurai sur le fait que, bien que la théorie du Self-Regulated Learning soit assez souvent utilisée pour décrypter les comportements d’apprentissage en ligne, je la trouve souvent inadaptée. Elle est peut être insuffisamment développée pour être opératoire pour analyser les phénomènes qui m’ont intéressé. Bref, il ne faut pas hésiter à diversifier ses cadres d’analyse, nous y reviendrons.

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