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Un post-doctorat avec les Savanturiers, consacré à la conception d’EIAH

4 mai 2018 par Matthieu Cisel Veille 243 visites 0 commentaire

Un article repris de https://numpedago.hypotheses.org/152

Chers lecteurs, je parle souvent de MOOC dans ce blog, réminiscences d’un doctorat sur la question. Mais comme vous le savez peut-être, je fais mon post-doctorat sur la conception d’un EIAH (Environnement Informatique pour l’Apprentissage Humain). Quelques mots sur ce projet …

Dans le cadre d’un projet eFRAN lancé en 2016, Savanturiers du Numérique, les Savanturiers pilotent un consortium rassemblant deux laboratoires de recherche, deux académies et un industriel, Tralalère. Un des objectifs de ce consortium est de développer une application visant à instrumenter les projets Savanturiers. La première année du projet permet un travail empirique et théorique visant à l’étayage des grandes orientations technologiques qui seront adoptées à partir de l’année 2017-2018. Nous nous proposons dans ce billet de présenter les réflexions relatives à une dimension particulière de l’application : l’évaluation des élèves. La réflexion développée dans le cadre de nos recherche se fonde sur les travaux relatifs à l’instrumentation de l’évaluation développés dans le champ des Environnements Informatiques pour l’Apprentissage Humain (EIAH), et se base sur des observations de terrain qui viennent offrir un ancrage empirique aux solutions envisagées.

Les projets Savanturiers, généralement composés de plus d’une douzaine de séances, visent à mettre les élèves de divers niveaux, de la maternelle au lycée, dans la position du chercheur, les amenant à réaliser, à leur niveau, les tâches que réalisent les chercheurs : formuler questions de recherche et hypothèses, proposer des protocoles, collecter des données, etc. L’une des particularités de ces projets vis-à-vis des différentes formes de démarche d’investigation pratiquées en milieu scolaire (Grangeat, 2011) réside dans l’assignation, pour chaque classe, d’un mentor généralement issu du milieu académique, qui intervient à différents stades du projet.

L’artefact en cours de développement, provisoirement nommé Carnet Numérique de l’Elève-Chercheur, remplit plusieurs fonctions, dont notamment le rôle de carnet de laboratoire électronique, équivalent numérique des carnets de laboratoire dans lesquels les chercheurs consignent l’avancement de leur travail. Plus qu’un simple outil d’archivage, la fonction de l’outil serait d’assister les élèves dans les différentes tâches qu’ils sont amenés à mener durant le projet. Il accorderait une part importante à la formulation et à l’amélioration d’idées, notamment de manière collaborative, et à l’utilisation des traces écrites aux différentes étapes du projet. A cet égard, il s’inscrit dans la famille des technologies éducatives visant à instrumenter la démarche d’investigation. Parmi les diverses fonctions qu’elle comportera à terme, l’évaluation des élèves, tant par les enseignants que par leurs pairs, jouera sans doute un rôle central.

La plupart des outils traditionnellement utilisés par les enseignants pour réaliser des évaluations par compétences, comme Pronotes, reposent sur un modèle d’expertise partielle traditionnel (Burton, 1982) : la mesure de la compétence, indépendamment de la manière dont l’on définit celle-ci, s’effectue via une échelle de valuation (Jean-Daubias, 2011) simple, qui s’étend généralement de non-acquis à acquis. L’objectif de ma recherche est d’identifier les tâches qui ont vocation à être évaluées, ainsi qu’à proposer des modalités d’évaluation qui permettent d’une part de donner davantage d’importance à la qualification des erreurs réalisées, et d’autre part à favoriser leur interprétation, notamment par les élèves.

Pour étayer nos propositions, nous avons réalisé un travail d’analyse des projets Savanturiers au sein de classes du premier et du second degré. Le travail descriptif fondé sur des observations en classe a pour objectif de caractériser les différentes tâches réalisées par les élèves au sein d’un projet Savanturiers, ainsi que les modalités d’interaction entre les différents utilisateurs de l’application : élèves, enseignants et mentors. Nous avons pu constater que les projets se distinguent par l’agentivité et du degré d’autodirection dont disposent les élèves, ainsi que par la nature des tâches qui leur sont proposées, notamment eu égard à la nature des inférences réalisées.

En sus des observations de classe, nous analysons les instruments d’évaluation adoptés par les enseignants, et réalisons dans une visée herméneutique des entretiens individuels et collectifs visant à expliciter, une fois le projet terminés, les déterminants des choix effectués en termes de scénarisation pédagogique. Je tire de ce travail un certain nombre de recommandations susceptibles de peser sur les orientations technologiques suivies en matière d’instrumentation de l’évaluation

Une revue de littérature portant sur les différentes modalités d’évaluation des compétences dans la littérature EIAH a été conduite afin de réaliser des propositions qui constituent autant d’hypothèses de travail. Un travail exploratoire d’observations expérientielles a été réalisé afin de valider la pertinence des hypothèses avancées.

Ces observations sont menées au sein de sept établissements, quatre écoles primaires et trois collèges réparties sur les Académies de Paris et de Créteil, auprès de quatorze enseignants conduisant des projets Savanturiers. La majorité des enseignants impliqués conduisent leur premier projet Savanturiers ; ils ont pour la plupart plus de cinq ans d’ancienneté. Ces observations sont réalisées de manière régulière aux différentes étapes d’un projet conduit sur plus de six mois. Les premiers projets ont commencé entre septembre 2016 ; ils s’étendent jusqu’en mai 2017. Les observations sont complétées par des entretiens semi-directifs individuels et collectifs qui visent notamment à mieux appréhender les pratiques des enseignants en matière d’évaluation. Ces entretiens sont réalisés en début de projet, afin de formaliser les besoins exprimés en matière d’instrumentation, puis en fin de projet, afin de susciter les réactions des enseignants face à des solutions proposées de manière négociées par les différents membres du consortium.

Voilà, c’est tout pour aujourd’hui, c’est déjà un peu longuet … je reviendrai plus tard plus en détail sur mes résultats préliminaires.

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