un second article sur Wiki-TEDia repris du site du projet
L’approche cognitive
L’approche cognitive qui forme le cadre conceptuel de Wiki-TEDia s’inscrit dans la perspective scientifique de l’étude de la cognition et de ses relations avec l’apprentissage et l’enseignement élaborée par les sciences cognitives. Il s’agit d’une perspective vaste, diversifiée et en constant développement, combinant les démarches plurisciplinaires et interdisciplinaires de la cognition [1]. Pour Daniel Andler (nd) :
"les sciences cognitives ont pour objet de décrire, d’expliquer et le cas échéant de simuler voire d’amplifier les principales dispositions et capacités de l’esprit humain – langage, raisonnement, perception, coordination motrice, planification, décision, émotion, conscience, culture... "
Depuis l’avènement de la "révolution cognitive" (Gardner, 2008) au milieu du XXième siècle, le programme de recherche des sciences cognitives s’est considérablement élargi.
À leurs débuts, les sciences cognitives se proposaient d’étudier les activités mentales relevant des « fonctions psychologiques supérieures » (en anglais : higher-order cognition) que l’on réunit habituellement à l’aide du verbe penser : réfléchir, raisonner, se rappeler, se souvenir, déduire, induire, résoudre les problèmes, mémoriser, diagnostiquer, planifier …
Dans cette interprétation "étroite" (Wilson et Foglia, 2011), la cognition est positionnée en quelque sorte entre la fonction perceptive et la fonction motrice, ce qui a conduit la philosophe Susan Hurley (1998) à la décrire comme « le modèle du sandwich ». Cette approche "étroite" de la cognition caractérise la première période du développement des sciences cognitives (1950-1980) dominée par le cognitivisme. Son apport principal est d’avoir permis de rompre avec le béhaviorisme, qui a constitué la théorie psychologique dominante dans la première moitié du XXième siècle (surtout en Amérique du Nord) et de proposer un programme de recherche fort reliant l’intelligence artificielle, la linguistique, la psychologie, et, dans une moindre mesure, les neurosciences.
Dans les années 1990, le cognitivisme a perdu sa position dominante au sein des sciences cognitives, car des approches théoriques concurrentes sont apparues, abordant la cognition dans un sens "large". Ces nouvelles approches théoriques ont mis l’accent sur les relations de la cognition avec l’action et la perception (son inscription corporelle,[2]) dans le monde "réel" (son inscription culturelle et historique,[3]). Les neurosciences ont gagné une position centrale, en raison notamment des progrès méthodologiques (par exemple, l’imagerie cérébrale) qui, selon Andler (1998, p. 514) ont ouvert
« non seulement l’espoir de découvrir des faits empiriques qu’aucune analyse conceptuelle et qu’aucune modélisation ne permettraient d’établir avec un quelconque degré de certitude, mais réhabilitent la cohérence même d’une exploration des fonctions cognitives par l’observation des processus cérébraux ».
Aujourd’hui, les sciences cognitives réunissent des programmes de recherche diversifiées qui partagent plutôt un "’air de famille" qu’ils ne forment un paradigme central et unifié. C’est pourquoi, selon Andler (nd) :
"L’erreur la plus grave, de la part de ceux qui, de l’extérieur ou de l’intérieur, tentent d’évaluer globalement le domaine, pour l’élever ou l’abaisser, est de lui attribuer une unité doctrinale ou méthodologique qu’il n’a pas. Ce qui réunissait à l’origine les chercheurs, c’était une sorte de charte commune, qui ne jouait que le rôle d’un étendard, et à laquelle il n’a été à aucun moment nécessaire d’adhérer strictement. Formulé pour lancer le mouvement, motiver ses participants et l’imposer institutionnellement, le credo scientifique et philosophique des pionniers ne joue désormais qu’un rôle mineur dans le travail des chercheurs."
Il est important de souligner que, contrairement aux conceptions qui sont encore courantes dans le monde éducatif, il est abusif de réunir les recherches scientifiques sur l’apprentissage et l’enseignement sous l’étiquette commune de l’approche "cognitiviste" (note 4), ou d’opposer de front l’approche "cognitiviste" et l’approche "constructiviste" de l’apprentissage. En effet, l’approche cognitive contemporaine intègre aussi bien les acquis théoriques et empiriques de la première phase du développement des sciences cognitives (du cognitivisme proprement dit), que ceux de ses précurseurs (par exemple, Piaget et Vygotski), tout comme les recherches récentes en neurosciences et en sciences sociales.
En conclusion, l’approche cognitive dans laquelle s’inscrit Wiki-TEDia est celle des sciences cognitives contemporaines qui traitent de la cognition au sens large et favorisent des démarches scientifiques interdisciplinaires de l’apprentissage et de l’enseignement.
Une” encyclopédie collaborative des connaissances sur les stratégies pédagogiques
Il y a plus de 20 ans, au début de l’ère Internet, et 10 ans avant les débuts de Wikipédia, Gaston Mialaret, un des pionniers des sciences de l’éducation en France, constatait qu’« il est impossible de se livrer à une présentation et à une analyse de toutes les méthodes éducatives présentes et passées et ceci pour plusieurs raisons. La première est relative à l’ampleur de la tâche à accomplir : une encyclopédie n’y suffirait pas. Personne, à notre connaissance, n’a fait, à ce jour, l’inventaire complet en ce domaine » (Mialaret, 1991, p. 223).
Aujourd’hui les progrès des technologies de l’écriture collaborative sur le Web de type wiki, ont rendu possible la réalisation collective de cette tâche. L’ambition de ce projet est de constituer une sorte d’encyclopédie de méthodes éducatives qui, sans prétendre à l’exhaustivité, pourrait tout de même devenir un « inventaire raisonné ».
En effet, la créativité des praticiens et l’intérêt des chercheurs en éducation pour ce thème font continuellement évoluer les connaissances sur les méthodes, les techniques et les stratégies pédagogiques. Les nombreuses publications sur ce thème sont souvent diffusées en langue anglaise. Même pour des personnes bien à l’aise avec la terminologie et l’évolution de ces travaux il est difficile de s’y retrouver, étant donné le flou entourant les appellations utilisées et les correspondances incertaines entre les termes français et anglais, en commençant par le terme même de stratégie pédagogique.
L’idée directrice de la banque de stratégies pédagogiques de Wiki-TEDia est donc de favoriser le cumul et la révision continue des connaissances sur les stratégies pédagogiques. Car, comme le souligne fort à propos Sandra Enlart en discutant de la place des savoirs de type design dans l’ingénierie pédagogique :
« Non, tout ne s’invente pas en permanence. Non, la formation n’est pas qu’une histoire de rencontre entre deux individus particuliers, mais aussi un savoir, un savoir-faire qui peut se transmettre et s’enrichir de génération en génération. Ce besoin de créer un corpus de savoirs est un élément fondamental de la construction d’une identité professionnelle autour d’un métier »
(Enlart, 2007, p. 43).
...
L’organisation de la Banque de stratégies
La Banque de stratégies pédagogiques est organisée au moyen de catégories et de sous-catégories, dans le but de rendre plus explicites les relations entre les différentes stratégies. En fait, certains auteurs ont jugé que la catégorisation des stratégies existantes est vouée à l’échec : le désordre régnant dans ce domaine les conduisant à renoncer à tout espoir de pouvoir un jour les ordonner de façon claire et définitive (Dancel, 1999 ; Raynal et Rieunier, 1997). D’autres, au contraire, ont proposé de mettre en valeur la richesse de stratégies existantes en proposant quelques principes de catégorisation généraux (Neumann et Koper, 2010 ; Reigeluth et Keller, 2009). L’organisation proposée dans la Banque de stratégies s’inscrit dans cette seconde perspective, plus « optimiste ».
La structuration de la banque se fait en qualifiant chaque stratégie selon un certain nombre de prédicats[1] choisis pour refléter les principes structurant l’approche cognitive de la conception pédagogique. Ces principes
- sont décrits et implémentés au moyen de « catégories » de MediaWiki et forment l’arbre de catégories visible à la page de la Banque de stratégies. La catégorisation dans cet arbre se fait au moyen du widget de la catégorisation.
- forment certaines sections de chaque fiche de stratégie pédagogique. Le contenu descriptif de chaque section qui correspond à une catégorie doit fournir une justification pertinente de son affectation dans une sous-catégorie. Par exemple, une stratégie affectée dans la catégorie « Conditions d’apprentissage » à la sous-catégorie « Motiver » doit comporter dans la section correspondante de sa fiche la justification de cette affectation (pourquoi et sur quelles bases on peut dire que cette stratégie permet de favoriser la motivation ?).
La page présentant les principes (catégories et leurs sous-catégories) structurant la banque de stratégies dans l’approche cognitive comporte une vue d’ensemble de l’arbre des catégories et les descriptions détaillées de chaque catégorie (et de ses sous-catégories) :
Pour la catégorie État d’avancement de la fiche, voir la page des Consignes pour les contributeurs à la Banque de stratégies.
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