Les organismes de formation font de plus en plus appel à des fonctions de « facilitateur » dans les cours, mais quel est leur rôle ? Faut-il être expert du domaine pour être facilitateur ? Comment faire une bonne facilitation ? Pour répondre à ces questions, le Living lab Sofa a rencontré Arnaud Gauthier, co-fondateur du bureau d’études AJir environnement spécialisé dans la ville durable, et enseignant en éco-construction au Cnam en Grand Est.
Le Living lab a déjà rencontré Arnaud pour parler de l’escape game sur le climat (lien) imaginé avec les apprentis-ingénieur en Énergétique. Aujourd’hui, il nous parle « facilitation ». En effet, il était l’un des 24 facilitateurs ayant accompagné le Cnamathon, le hackathon du Cnam en Grand Est fin 2109. Dont le Living lab a déjà parlé.
Arnaud Gauthier, co-fondateur d’AJir Environnement, enseignant au Cnam en Grand Est
Sofa : Comment avez-vous été amené à officier comme facilitateur du Cnam en Grand est ?
Arnaud Gauthier : Le Cnam m’a sollicité pour accompagner des groupes d’apprenants à intégrer le Cahier des charges du Cnamathon. Pour rappel, l’objectif de ce dispositif est de développer une innovation commerciale, prétexte à l’acquisition par les élèves de nouvelles compétences transverses comme la créativité ou la coopération.
Sofa : Quel a été votre rôle en tant que facilitateur ?
Arnaud Gauthier : Mon rôle a d’abord été de rythmer les deux journées de l’événement. Cela consistait à animer les séquences qu’Aurélien Ferry (le pilote du Cnamathon) a imaginé. Les facilitateurs devaient permettre aux apprenants de s’approprier les outils mis à disposition, les accompagner dans le séquençage des ateliers, et s’assurer qu’ils produisent un projet dans le temps imparti. Concrètement, j’ai animé des workshops de brainstorming, puis amené les auditeurs à faire le choix d’un concept qui devait devenir un projet à pitcher dans une vidéo de 1 minutes.
Sofa : Avez-vous eu une préparation en amont ?
Arnaud Gauthier : Oui ! Aurélien a mis en place des réunions pour expliquer les différents workshops, les outils et méthodes mobilisées, les productions attendues. Il a également expliqué le sujet, Penser et agir local cette année, L’économie circulaire l’année dernière, mais c’est surtout le déroulé et le séquençage qui était important pour nous.
Sofa : Alors justement, c’est un sujet que vous maîtrisez grâce à votre expérience professionnelle, faut-il être expert pour être facilitateur ?
Arnaud Gauthier : Non pas du tout ! Le fait de ne pas maîtriser le sujet n’est pas un problème en soi. Le rôle du facilitateur porte vraiment sur l’animation des temps de production des apprenants. Il n’est pas là pour apporter de la connaissance ni faire à la place des étudiants. D’ailleurs les apprenants trouvent très facilement ce dont ils ont besoin sur Internet. Le facilitateur va juste les challenger pour qu’ils utilisent au mieux les temps et les ressources dont ils disposent.
Sofa : Tous les participants s’engagent-ils dans le projet de la même façon ?
Arnaud Gauthier : Parfois des élèves restent en retrait au début des activités parce qu’ils ont besoin de temps, de recul pour s’impliquer. Et ils révèlent leur valeur ajoutée dans la suite du projet, parce qu’ils ont besoin de prendre de la hauteur par rapport à l’exercice. Le travail du facilitateur est de les aider à s’intégrer et de veiller à ce que tous puissent trouver leur place. Il doit aussi aider à réguler le jeu des personnalités car nécessairement, certains sont davantage leaders ou effacés.
Sofa : Quelle était la taille des groupes ?
Arnaud Gauthier : 5 à 6 personnes. C’est un bon format : le but est de créer des échanges et de la communication dans le groupe. S’ils sont trop peu, la dynamique a du mal à se lancer. Au-delà d’un certain nombre, les prises de parole prennent trop de temps.
Sofa : Les apprenants venaient de filières différentes, était-ce un handicap ?
Arnaud Gauthier : Les filières étaient en effet mixées et c’est un véritable atout ! C’est une opportunité de se confronter à des élèves d’autres formations, ils ont d’autres façons de penser, d’autres priorités, exactement comme dans le travail réel finalement. Donc c’est très apprenant en termes de coopération et très utile pour l’intégration future en entreprise.
Sofa : Merci de ce retour. On retiendra que le facilitateur a un rôle d’animation garant du temps, du séquençage, de l’implication des participants et de la production du groupe jusqu’au bout du projet… de coach ou de chef d’orchestre en quelque sorte.
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