Un articlerepris du blog de Marius Bourgeoys, un epublication sous licence CC by sa nc
Créer le contexte pour innover
Ce qui se produit lorsqu’on innove et qu’on sort des sentiers battus, c’est que les contextes sont nouveaux, les outils sont nouveaux et donc les possibilités sont nouvelles. Les sujets sont ouverts et n’ont pas nécessairement été alignés dans une progression des apprentissages. C’est intéressant de voir ce qui se produit lorsque tout est à créer. Le manuel perd parfois de son utilité. Innover, parfois, ça veut simplement dire qu’on laisse le manuel de côté et on ouvre la conversation. Parce que c’est à ce moment que le contexte donne toute la place à notre savoir expérientiel, à notre intuition. Dans la pédagogie d’aujourd’hui, on parle de concevoir des expériences d’apprentissage. Ça veut dire quoi au juste, ça ? Selon moi, on souhaite simplement que l’élève vive ses apprentissages. Que le programme prenne vie. Parce qu’on veut que les apprenants prennent vie aussi. Que les objectifs personnels des apprenants aient une place dans le programme et vice versa.
Innover, parfois, ça veut simplement dire qu’on laisse le manuel de côté et on ouvre la conversation. @bourmu
Faire appel à son intuition pédagogique
C’est ici que notre rôle change. Pas juste un peu. Être guide, être coach, évaluer mieux, développer le plein potentiel des élèves… Ça demande du leadership. Ça demande d’avoir du recul, de voir ce qui se passe et d’anticiper l’impact de ses actions sur les autres autour de soi. À une ère où on cherche tellement à « bien » faire l’éducation, où on s’appuie sur la recherche et sur les « bonnes » pratiques, l’acte d’enseigner, dans toute sa complexité, requiert que chaque acteur prenne d’innombrables décisions au quotidien. Les « bonnes » décisions. Pas de pression. Ça demande de faire appel à son intuition. Cette petite voix intérieure qui nous suggère les meilleures prochaines étapes ou actions, pour tel ou tel élève. L’expertise, c’est là que ça se passe. Dans le feu de l’action. Ça me rappelle cette citation de Daniel Pennac : « Quels pédagogues nous étions, lorsque nous n’avions pas le souci de la pédagogie. » C’est incroyable à quel point les gens savent quoi faire lorsqu’ils osent s’écouter. Dans le feu de l’intention pédagogique, on doit faire appel à l’intuition pédagogique.
Le jugement professionnel le plus important c’est celui qu’on exerce entre les bulletons @bourmu
4 idées pour développer son intuition pédagogique
Voici 4 idées à considérer pour développer son intuition pédagogique :
1. Se rendre vulnérable
Une des premières choses qui me vient en tête lorsque je pense à l’intuition, c’est qu’on peut se tromper. Se rendre vulnérable, ça veut dire qu’on doit accepter qu’on peut se tromper. Quand on essaie quelque chose de nouveau, d’innovant, on peut prendre la « mauvaise » décision. On peut se tromper. Ça veut dire quoi ? En éducation, ça veut simplement dire que notre impact n’est pas optimal et qu’on apprend. Il faut se donner le droit d’apprendre, les amis.
2. Faire confiance à son jugement professionnel
Pour essayer des nouvelles choses et pour écouter son intuition pédagogique, il faut se faire confiance. On est professionnel de l’éducation ou non ? Le jugement professionnel. C’est souvent lié à l’idée de porter un jugement ou de donner une note. Les bulletins s’en viennent. Les enseignants feront confiance à leur jugement professionnel pour donner une note à leurs élèves. Ils donneront également les commentaires les plus pertinents. On fait confiance à notre jugement professionnel pour faire ça. Dans le feu de l’action, il faut aussi faire confiance à notre jugement professionnel pour développer les élèves. Le jugement professionnel le plus important, c’est celui qu’on exerce entre les bulletins. Pensez-y.
3. Se garder une p’tite gêne
Il faut se faire confiance, mais il faut aussi se garder une p’tite gêne. Parce qu’on peut se tromper, même lorsqu’on s’appuie sur la recherche, en passant. Je pense qu’il est sage de se tenir loin des certitudes et des vérités absolues. Ce n’est pas pour rien qu’on dit souvent « Ça dépend » en éducation. On s’affirme donc avec confiance mais on se questionne, on se permet de douter. The proof is in the pudding, comme dirait l’autre. Tout est dans la preuve d’apprentissage, pas nécessairement dans le moyen. Si vous avez déjà écouté un élève offrir des explications à un autre élève, vous savez que parfois, les élèves apprennent et on ne sait ni pourquoi, ni comment. Il est grand, le mystère de l’apprentissage !
4. Apprendre à se connaître
Finalement, je dirais que pour développer son intuition pédagogique, comme pour le développement professionnel en général, il importe de bien se connaître. De bien connaître et comprendre sa pratique et son impact sur les élèves, dans le moment présent. Plus on se connaît, plus on se comprend, plus on peut agir intentionnellement, dans le feu de l’action. Et plus l’écart entre ce qu’on sait et ce qu’on sent est petit. Tout s’aligne petit à petit.
Et vous ? Quels moyens suggérez-vous pour développer l’intuition pédagogique ?
Répondre à cet article
Suivre les commentaires : |