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Le guide de l’animateur : La carte d’orientation de la communauté

18 septembre 2016 par Jean-Michel Cornu Veille 698 visites 0 commentaire

Une publication par épisode du livre Une heure par semaine pour animer une grande communauté”, par Jean-Michel Cornu.
Aujourd’hui "La carte d’orientation de la communauté", premier volet de la première partie "Comprendre les éléments clés du groupe".

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Une heure par semaine pour animer une grande communauté”, par Jean-Michel Cornu est disponible sous la licence cc -by -sa 4.0
Ce livre est également publié par FYP Editions sous la même licence.

Première partie : Comprendre les éléments clés du groupe 1 La carte d’orientation de la communauté

C’est quoi un groupe collaboratif ?

Un groupe collaboratif est un ensemble de personnes (au minimum trois sinon c’est une relation interpersonnelle…) qui échangent et travaillent ensemble. Cette définition est vaste et englobe aussi bien des groupes de travail qui développent des projets (dans ce cas il est souvent plus facile de ne pas être trop nombreux pour mieux garantir des résultats) que des communautés où au contraire on recherche à toucher le plus grand nombre de personnes. Wikipedia est à la fois une immense communauté mais également un grand nombre de petits (sous) groupes qui s’intéressent à un article donné de l’encyclopédie collaborative.

Ça sert à quoi ?

Il y a différentes choses que l’on peut faire avec un groupe :
 1 Il permet à un ensemble de personnes de s’approprier des informations (c’est le rôle principal des “community managers” souvent au service d’une organisation à promouvoir) ;
 2 Mais si les participants échangent plus fortement entre eux, alors la communauté permet également de développer l’entraide et la montée en compétence collective ;
 3 En allant un cran plus loin, il est aussi possible de développer des projets collectifs ;
 4 Enfin, lorsque le groupe est capable de trouver des idées ou de faire des choix pas seulement en additionnant les contributions de chacun mais en développant également les interactions pour enrichir chaque contribution par celles des autres, alors on parle d’intelligence collective ;

Des personnes des projets des actions

Finalement, la plupart des choses que fait un groupe grand ou petit peut être vu comme un projet ouvert [1] : se réunir, organiser un événement, produire un document ou fabriquer quelque chose ensemble. Mais il semble y avoir une contradiction entre développer des projets (qui nécessitent souvent un groupe restreint et impliqué sur une durée en général limitée) et développer une communauté (qui cherche à rassembler le plus grand nombre de personnes qui ne sont pas toutes très impliquées en leur donnant une vision à long terme ensemble). La solution consiste à prendre en compte… les deux : les projets collectifs et la communauté, chacun avec ses particularités.

Des moyens d’animation

Comment faciliter l’entraide, les échanges, les projets collectifs, etc. ? Cela nécessite quatre types d’activités. Souvent les groupes négligent l’un ou l’autre et ils ont alors la force du maillon le plus faible :

  • des informations : ces “flux d’actualités” permettent au plus grand nombre, en dedans et en dehors de la communauté, de suivre régulièrement ce qui se passe, voire de “s’accrocher au wagon” ;
  • des rencontres : qu’ils soient en présentiel et/ou à distance, ces moments synchrones accélèrent les projets et facilitent l’implication des plus actifs ;
  • des discussions entre les rencontres : ces échanges asynchrones (tout le monde ne suit pas au même moment) sont très importants en particulier pour ceux qui sont plus en posture d’observateurs, qui ne participent pas (ou pas à toutes) les rencontres, mais dont certains par la suite pourront s’impliquer, même en ayant suivi que partiellement ce qui se passe ;
  • un espace de partage : contrairement aux informations-actualités dont le temps efface souvent la trace, il s’agit de classer les informations afin de les retrouver, quelque soit le moment où elles ont été proposées. Une personne nouvelle dans le groupe, ou une personne jusque là peu impliquée, doit pouvoir trouver facilement une information même ancienne si on veut faciliter son implication ;

La carte de la communauté pour ne manquer aucun des aspects

Avec les deux approches complémentaires des groupes (projets ouverts et communauté), les quatre activités pour faciliter l’animation du groupe et en y ajoutant aussi des liens avec d’autres groupes (l’écosystème) pour bénéficier de l’expérience et des productions des autres, cela fait sept concepts à prendre en compte. Voici donc notre première carte. Conservez-là précieusement ! Les difficultés que rencontrent votre groupe viennent très probablement d’un des aspects qui aurait été sous-estimé.


Exercice individuel : mémoriser les sept aspects à prendre en compte

Le schéma ci-dessus comprend les 7 éléments à ne pas oublier pour animer un groupe. Regardons-le ensemble :

Tout d’abord, il y a trois niveaux de groupes un peu comme dans une cible :
 1 un petit cercle au milieu pour les projets ouverts qui rassemblent des petites équipes que l’on souhaite très impliquées ;
 2 un cercle plus grand pour la communauté, moins impliquée mais pour laquelle on bénéficie d’un effet de levier afin que les projets ne soient pas isolés ;
 3 et le reste constitué de plein d’autres cercles (mais vus de loin comme des étoiles) pour l’écosystème de groupes pour que la communauté ne soit pas isolée ;

Pour faire le lien entre les projets ouverts et la communauté (et parfois l’écosystème), nous avons besoin de quatre types d’animation. Imaginez-vous au centre (vous participez à un projet) :

  • En face de vous, grâce à vos yeux, vous voyez les informations transmises ;
  • Vos 2 oreilles de chaque côté vous permettent d’écouter les 2 types d’échanges entre les membres :
    • à votre gauche, les rencontres où on se retrouve au même endroit au même moment (synchrone) ;
    • à votre droite, les discussions entre les rencontres pour lesquelles on se laisse des messages (asynchrone) ;
  • On oublie souvent de regarder derrière soi ! Dommage car on risque d’oublier tout ce qui s’est passé devant et sur les côtés. Heureusement l’espace de partage derrière nous nous permettra de tout retrouver ;

Maintenant fermez les yeux et essayez de retrouver les 7 éléments autour de vous. Vous y arrivez ? Pouvez-vous également les redire à l’envers ou même dans le désordre sans en oublier un seul ?


Par où commencer ? Une question de culture

Il n’y a pas de hiérarchie entre ces sept aspects, aucun d’eux ne doit être négligé. Cependant, suivant la culture des groupes certains sont naturellement mieux pris en compte que d’autres.

Il existe deux grandes cultures de personnes qui ont un impact sur les priorités. Chacun peut avoir tendance à s’associer avec des personnes de culture similaire, donnant alors une orientation à la culture du groupe :

  • ceux qui sont plutôt réticents aux technologies privilégient les rencontres physiques mais négligent souvent les échanges entre les rencontres car ils impliquent la plupart du temps des outils de discussion à distance ;
  • les passionnés de technologies vont d’abord penser aux outils mais peuvent se cacher derrière eux en espérant qu’ils traiteront seuls tous les aspects humains… ;

Dans les deux cas de figure, on s’intéresse bien souvent aux plus actifs, ceux que l’on voit le plus, en oubliant les moins actifs. Pourtant le niveau d’implication dans un groupe évolue pour chacun suivant de nombreux paramètres. Certains des plus actifs pourront à un moment s’éloigner. Mais si vous négligez ceux qui sont moins actifs, qui donc alors pourra remplacer les actifs disparus ?

Maintenant que nous avons notre carte d’orientation pour analyser un groupe, nous allons passer en revue chacun des sept aspects dans les chapitres suivants.


Voir aussi l’article précédent reprenant l’introduction du livre
"Le guide de l’animateur, une heure par semaine pour animer une grande communauté"
 3 conseils pour faire échouer votre groupe !

Licence : CC by-sa

Notes

[1Comme nous le verrons dans la partie suivante, un projet est la plupart du temps réalisé par un petit nombre de personnes mais il peut être “ouvert” pour permettre à l’ensemble des membres de la communauté d’y contribuer

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