Le 6 mars dernier, huit organisations issues de l’éducation nouvelle avaient prévu un événement à Calais pour lancer un nouveau collectif, Convergence(s) pour l’éducation nouvelle. Il s’agissait ainsi de se placer dans la lignée du congrès international de l’éducation qui eut lieu à Calais l’été 1921 et qui donna naissance à la Ligue internationale de l’éducation nouvelle. Cette année, l’événement a eu lieu finalement à distance et l’on peut voir en ligne la vidéo qui en a été tirée.
Le distanciel, bien sur, c’est froid, ça encourage le magistral, ça empêche les interactions, ça déshumanise un peu, beaucoup ! Et pourtant, ça permet aussi facilement, en direct, de communiquer des quatre coins du monde, avant des rediffusions qui amplifient l’audience.
C’est ce qui a incité les organisations qui sont à la base de Convergence(s) pour l’éducation nouvelle à lancer le 6 mars sur une webtélé une « visio » célébrant à la fois cette naissance et le centenaire du Congrès de la Ligue internationale pour l’éducation nouvelle. Cet événement eut lieu à Calais en 1921, et c’est dans cette même ville, avec le soutien de la municipalité, que devait se dérouler une manifestation regroupant les huit associations, dont le CRAP-Cahiers pédagogiques, qui étaient déjà à l’initiative des deux premières Biennales de l’éducation nouvelle. En attendant , on l’espère, une vraie célébration en présentiel début juillet.
On peut suivre, comme l’ont fait plus de 200 personnes en direct, l’intégralité de ce moment plein de dynamisme et de chaleur militante, pour au moins trois raisons :
• Voir en images ce qui a amené à l’organisation de cette semaine entière, en 1921, aux lendemains de la tragédie de la Grande Guerre, au cri du « plus jamais ça » (hélas, vingt ans plus tard, on recommençait…).
• Écouter la malicieuse intervention de l’historien Claude Lelièvre évoquant ce moment très pluraliste et appelant au libre débat pour renouer avec l’esprit démocratique et ouvert de ce moment historique.
• Entendre ensuite la « petite voix » de chaque mouvement, en accord concerté avant, insistant sur un aspect de son engagement. Le CRAP-Cahiers pédagogiques a mis l’accent sur l’urgence écologique qui doit être une priorité pour l’éducation nouvelle, en insistant aussi sur l’importance d’une part des connaissances scientifiques, et d’autre part des méthodes de pédagogie active, seules capables de faire s’approprier en profondeur ces connaissances et à les mettre au service de l’engagement citoyen pour la transition écologique et le respect de la biodiversité.
• Saisir l’occasion aussi d’écouter ces voix lointaines, d’Europe, du Mexique ou d’Afrique, qui témoignent des difficultés de mise en œuvre d’une éducation efficace pour tous, d’autant plus fortes en période de pandémie.
Jean-Luc Cazaillon, à la suite notamment de Philippe Meirieu qui a dégagé les points forts de l’éducation nouvelle, a annoncé les futures échéances : la rédaction d’un manifeste et l’organisation (retardée à 2022 pour des raisons que l’on devine) de la troisième Biennale.
On peut visionner la vidéo de ce moment important, ci-dessous :
Intervention du CRAP-Cahiers pédagogiques :
Le CRAP (Cercle de recherche et d’action pédagogiques) est un mouvement né d’une revue, les Cahiers pédagogiques, créée en 1945. Tous deux sont ancrés dans l’éducation nouvelle.
Les questions environnementales sont une dimension importante de nos actions (ateliers, participations à des événements, partenariats...) et de nos publications. La nature a depuis le début tenu une place importante dans l’éducation nouvelle, comme en témoignait Philippe Meirieu dans son intervention d’introduction, tout à l’heure. Dès les années 50, les Cahiers pédagogiques traitaient de l’étude du milieu, qui visait à faire étudier aux élèves leur cadre de vie, dans ses interactions et inter-réactions avec un environnement plus large, et dans ses différentes dimensions (voir cet article d’Antoine Weiler de 1955, repris sur notre site).
Ces questions ont pris une importance croissante dans le débat public et pédagogique, et donc aussi, naturellement, dans notre revue, du fait de l’urgence dans laquelle nous sommes. Aujourd’hui, nous sommes passé de l’éducation au développement durable à la formation des écocitoyens et à l’urgence de la transition écologique. Les questions environnementales doivent être une priorité pour l’éducation nouvelle comme pour l’Humanité tout entière.
Or, si l’on veut que les enfants et les jeunes aient conscience des enjeux sur ces questions, s’approprient les connaissances qui y sont reliées, « écoutent les scientifiques », comme nous y exhorte systématiquement Greta Thunberg, et comprennent que les enjeux écologiques sont aussi des enjeux sociaux, alors, il faut avoir recours, à l’école et dans les autres lieux et temps éducatifs, aux méthodes de l’éducation nouvelle (mise en activité des élèves/enfants, débats, jeux de simulation, production décrits, éducation aux médias et à l’esprit critique, actions et projets dans les écoles ou centres de loisirs, et dans leur environnement proche).
Aux Cahiers pédagogiques, nous publions donc énormément sur ce sujet, c’est une de nos priorités. Car c’est la responsabilité de tous de préserver la planète, pour quelle reste vivable pour les humains comme pour les autres espèces.
Cécile Blanchard
Rédactrice en chef des Cahiers pédagogiques
À lire également sur notre site :
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